Le Corbeau patiente, l’œil affuté sur les pinceaux parfaitement rangés, d’autres ustensiles utiles au besoin des sensations qui animent. Une teinte pour la tristesse, un soupçon d’un autre pour teinter la toile de son humeur du jour, ou pour un temps souhaité. Qu’en sait-il finalement ? Il n’est point à la place de l’artiste qui se révèle, mais simplement dans un antre sans y avoir été invité. Sournoisement, avec un sourire aux coins du bec venu becqueter le plus tendre et ne laisser que le plus mauvais.
D’une oreille fort attentive à l’allure distinguée, du regard interloqué de trouver une silhouette non désirée dans un cocon douillet. D’empiéter dans un espace privilégié pour oser frôler du bout des griffes le nécessaire à la fabrication d’un art convoité. De ne pas encore apposer une marque, mais d’y avoir laissé une empreinte visuelle, chuchotant silencieusement que cela ne saurait vraisemblablement tarder.
De lever les paumes comme un initiateur dans un habilement fort élégant, le visage n’en reste pas moins gouailleur et carnassier, satirisant son interlocuteur afin de le poser dans un inconfort singulier et irrationnel dans sa propre demeure. De s’imposer d’une façon qu’il ne devrait pas, mais qui semble si naturel pour le dirigeant du Panthéon. Et s’en délectant sans pouvoir pleinement le cacher, souhaitant attiser une flamme différente à mesure de ces gestes et bientôt à ces paroles.
▬ Il est toujours un peu effrayant d’y trouver un fantôme dans un univers que l’on côtoie à chaque instant, n’est-ce pas ? Offrant une insécurité d’être écouté ou aperçu dans milieu qui nous est familier et dont on ne peut pleinement s’en défaire, à moins de l’écarter de sa vanité. Qu’en penses-tu ?
Menace silencieuse ? À bon entendeur. L’interprétation est libre de sens, important peu aux yeux du patriarche qui émet une signification particulière à ce petit curieux. Ses affaires commerciales avec le paternel de l’étudiant ne concernent que les adultes, s’offusquant presque de voir un jeunot à l’arrogance et condescendance semblable à un ange qu’il a connu des années de cela et dont il est proche aujourd’hui. Sauf que ce n’est pas un trait de caractère qu’il aurait aimé retrouver, mais il peut néanmoins mieux cerner et emprisonner.
D’un pas à un autre dans cette salle privée, il coule un regard circulaire pour mieux observer, analyser comme un prédateur préparant le terrain avant de se jeter sur sa proie pour la dévorer. Sauf que la cruauté humaine est au-delà de la nature la plus primitive, osant infiltrer un poison de danger pour alerter l’interlocuteur. Parce qu’Atropos n’a que peu apprécier ces œillades indiscrètes qui durent depuis un moment, préférant dialoguer ouvertement avec l’intéresser.
▬ Quel malpoli suis-je. Adonis Ninomea, je fais affaire avec ton père depuis quelques années déjà, je pense que mon ne t’es pas totalement inconnu. Akiharu, c’est bien cela ? Tout cet art, magnifique soit-il, est pour te destiner à quel futur exactement ?
Quel métier envisage le fouineur élancé ? L’art est un domaine complexe et digne de son plus grand intérêt, aux yeux du mafieux spécialisé dans ce domaine. Quel avenir souhaite se consacrer le fils et, comment dire, n’avoir aucune crainte de pouvoir le réaliser sans s’efforcer ou se voir refuser tant de chose ? Le grand admire la ténacité et attend avec des pupilles intriguées la réponse de ce dernier. Le temps est à lui de toute façon, pour ce Roi des ténèbres.
The dark king came where he was not supposed to came. Frightening the new rash bird in his own curious nest. Warning gave with a predatory smile. How do you survive to a meeting with the creepy crow ? I don't know. I can't help you. Just be careful with the sting of your beak. 'Cause his is way sharper than your young one. @lenoir adonis (sarasvati)
ootd ❈ La Peur. Authentique. Tétanisante. Jamais il ne l'avait ressentie aussi intensément. Sous son délicat maquillage, son grain de peau avait pâli comme si son sang avait quitté son visage pour courir in extremis se réfugier à sa source myocardique. Comment cet homme était-il entré dans son atelier ? Avait-il omis de fermer la porte à clé avant d'en ressortir dernièrement ? Akiharu n'en avait pas idée, il avait bien du mal à réfléchir à ce type de question en cet instant. Une proie qui remarque la présence d'un prédateur soit s'enfuit dans l'espoir de sauver sa peau, soit se paralyse d'effroi jusqu'au bout des ongles. Le second cas était celui qui le concernait. Sur le qui-vive, le moindre muscle anatomique crispé, sous tension. Ses yeux suivaient les mouvements du trentenaire et en percevaient la menace muette avec une inquiétante acuité tandis que l'inconnu effleurait ses précieux ustensiles du bout des phalanges. Les doigts fins du propriétaire de tous ces ouvrages serraient la clé de son atelier à s'en blanchir les extrémités, l'autre main était restée sur la porte ouverte. L'artiste s'était stoppé net à peine en avait-il franchi le seuil. Son palpitant était si peu rassuré qu'on aurait pu le croire en plein entraînement de course de vitesse. Et, aussi... Akiharu eut la sensation que son état de stress réveillait la vieille douleur le long de son avant-bras gauche. D'habitude, elle ne lui faisait mal que par temps très froid ou quand il se trouvait dans un état d'épuisement certain, mais là...
Dès lors que le Corbeau s'adresse à lui, l'Oisillon fronce des sourcils empreints de méfiance puis, sans quitter l'intrus des iris, le jeune homme fit un pas en avant pour refermer la porte en un peu audible claquement. Limite prêt à verrouiller la serrure pour éviter de risquer que son jumeau ne soit mêlé à cette rencontre où l'impression d'un danger sous-jacent ne quittait pas son esprit en état d'alerte. Personne pour les surprendre. Complètement seul avec cet oiseau de mauvais augure aux plumes carnassières et au bec enduit de sinistres fragrances. L'artiste pivote la tête sans se rapprocher ni se reculer de l'incommodant étranger, inspecte visuellement son nid d’onirismes et de fantasmes privés comme pour y chercher quelque chose de changé mais rien ne semble avoir été modifié contre son gré dans sa pièce vénérée. Les paroles du mystérieux associé de son paternel trottent dans ses voies spirituelles tels des avertissements calmement énoncés. Ce qu'elles sont sans le nier. Akiharu le savait. Il avait conscience que sa curiosité répétée couplée de soupçons intéressés n'avait pas plu à l'individu bien plus âgé que lui qui le regardait en cet instant de ses yeux gouailleurs et carnaires. L'orphelin avait la sensation de s'être fichu dans le pétrin à trop fouiner autour des affaires patriarcales mais depuis qu'il l'avait remarqué en compagnie du père Ishihara, fiston s'était posé des questions.
De règle général, Akiharu ne faisait déjà pas spécialement confiance aux contacts de son père. Il n'avait confiance en personne qui fasse partie de la haute société. Mais quelque chose chez cet adulte élégant l'avait fait tilter. Quant à savoir quoi...
- Comment êtes-vous entré ? ... La porte était close. Pas d'insolence. Rien que de la précaution syllabique. Curiosité non-rassurée d'une présence non-désirée dans un lieu soigneusement cloitré pour protéger ses trésors créés du courroux d'une harpie détestée ou de la sévérité d'un père contrarié. Lui demandait-il réellement ce qu'il en pensait ou n'était-ce que de la rhétorique ? Pour l'instant, l'artiste aux ailes frêles ne s'ose guère à répliquer mais, de ce que l'homme maniéré au charisme certain venait de déclarer, il lui en découlait bien de tourbillonnantes pensées.
Que l'on empiète sur son territoire sans son autorisation, l'artiste n'avait jamais accepté cela sans révolution et, sous cet affront, malgré la prudence recommandée par son instinct enclenché, il ressentait de l'animosité à voir cet individu déambuler entre ses préciosités comme si ce lieu battit sur plusieurs années lui était réservé. Identité frôlée d'une ombre prête à la faucher si son audace s'osait à trop s'avancer où il lui était interdit d'introduire un coûteux soulier. Le niveau d'autorité et de prestance de ce Corbeau étaient hautement plus élevés que les siens. Jeune oiseau encore malléable. Pas un Prince que voilà mais un Roi. Un Roi Noir. Face aux Rois les Princes font rarement le poids. Akiharu avait beau être démangé par le besoin de défendre ses propriétés, ses droits en la matière restaient très limités. Néanmoins, il restait droit sur ses pieds et ne baissait pas les yeux face à cet être interpellé. Adonis Lenoir... Non, en effet, son nom ne lui était pas totalement inconnu et il ne l'avait pas uniquement entendu de la bouche d'un patriarche écouté à la dérobée. Pour autant, l'étudiant ne s'était pas attendu à ce qu'il connaisse son prénom à lui ni même à ce qu'il l'informe spontanément qu'il était en contact avec son géniteur depuis quelques années, maintenant... Que savait-il ou ignorait-il d'autre ? Quelles pouvaient bien être ces mystérieuses affaires qu'il avait mis en place avec le patron Ishihara ? De quelle nature étaient-elles ? Comment avaient-ils bien pu se rencontrer ? Serait-ce lors d'une de ces soirées barbantes de mondanité où paons, cygnes et veuves noires se mélangeaient en toute une cacophonie de jeu du trône moderne ?
Akiharu ne bougeait pas d'un pouce, gardait sa clé lovée dans sa main légèrement moite et continuait de scruter le moindre geste de l'importun aux cheveux de corneille. Le jeune artiste ne savait pas comment réagir, comment accueillir cet amateur de chair fraîche, quels termes employer pour communiquer sans périlleusement offusquer. Pris au dépourvu et entravé par un sentiment franchement malaisant, le riche bourgeois effrayé s'efforce toutefois de remettre ses cours d'éducation, d'élocution et de savoir-vivre au premier plan. La distinction appelle la distinction et le passereau nécrophage attendait un retour. ' Ne montre pas que tu as peur ou cache-le du mieux que tu le peux. Ne provoque pas abusivement qui est plus puissant que toi mais, si tu en trouves la capacité en toi, ne baisse pas le menton devant qui te jauge. Trahis ta vulnérabilité, Akiharu, et tu te feras dévorer sans qu'il ne reste rien de ce que tu étais. Tu seras cassé dans ton intégrité et il te sera alors herculéen de te relever. Le monde des riches est cruel. Fais rien qu'un faux pas et il s'en souviendra jusqu'au prochain scandale qui t'entachera. Même au-delà. ' Puisqu'il souhaitait connaître en quel avenir l'artiste s'acharnait à croire, autant le lui faire savoir. Reprenant un peu plus de contenance mais toujours aussi peu rassuré, l'universitaire s'essaie à faire comme si de rien n'était et glisse ses clefs dans la poche de son pantalon repassé pour se diriger jusqu'à l'une de ses fenêtres fermées, laissant entrer un mince filet d'air tropicalisé avec un coup d’œil en biais sur la haute, imposante, ombre infiltrée.
- L’illustration romancière. Précise-t-il d'office. Jamais l'illustration publicitaire ne lui ferait de l'effet. Pourtant, les informations diffusées restent maigres puisque le seul monde des romans était des plus vastes. Tout cet art est destiné à la création de la magie sur papier ou surface numérique. A la visualisation du monde fantasque d'un auteur combiné à ma propre vision de son univers excentrique pour inventer une imagerie unique, captivante, qui marquera les mémoires et touchera les âmes par la mixité, équilibrée et complémentaire, du réalisme et de l'irréalisme. Par la profondeur et la vivacité des scènes fantastiques colorisées. Par le biais d'êtres-vivants aux facultés extraordinaires dessinées. Akiharu avait l'intention de se démarquer et travaillait d'arrache-pied pour affiner son originalité, son identité artistique. Mon but est de coucher l'onirisme sur toile et de faire vivre les mondes lus dans les histoires et les contes. Traduire les textes en créatures et paysages qui n'existent nulle par ailleurs que dans l'esprit. C'était son super-pouvoir, il en avait conscience, en était fier et n'avait pas l'intention de le dénigrer en prétendant manquer de talent. Si ça, cela ne répondait pas à sa question.
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Re: Memento mori, ft Akiharu Dim 3 Jan - 13:42
| ô diable, où vas-tu ainsi ?
outfit ㅡ Les beaux mots, les belles idées. L’euphorie de la jeunesse et de ces idéaux qui tangue avec l’ivresse des sens. L’esprit affublé par une crainte justifiée, le Corbeau n’ayant raté aucune expression ou geste de la main, ni même les déplacements réalisés pour le contourner. Du bout de ses phalanges, il effleure la surface des objets, les pupilles brillantes d’expectation. « Charmant objectif. Cela change du monde dans lequel nous vivons tous. ». Les babines sont retroussées en un sourire léger, quoiqu’un peu badin.
L’ombre ténébreuse pose enfin son regard sur l’Oisillon qui se dresse devant lui. Différents volatiles qui se font face, mais le Corbeau possède plus d’expérience qu’un petit venu dans le milieu, lui faisant rappeler vaguement un ange dont les ailes ont brûlé. Chassant d’un battement de cils, il adresse un hochement de tête respectueux. « En ce sens, je ne peux que te féliciter pour cette créativité peinturée, Akiharu. Tu ouvriras tes propres portes et y rencontreras d’autres. En tant qu’adorateur d’art, je me permets d’être admiratif de tes travaux, bien que scolaires pour le moment. »
Il énonce simplement des faits. Le Panthéon est une institution créée depuis plus de dix ans, à la tête d’un empire déguisé. De ce fait, il a rencontré d’innombrables artistes aux talents divers, qu’ils proviennent de la lumière ou qui postulent encore à ses côtés dans les profondeurs. Les buts sont divers, mais les qualités présentées toujours éblouissantes. « Restes-tu dans l’illustration de contes ou souhaites-tu, par la suite, coucher une de tes idées ? Au vu de tes quelques croquis, tu sembles posséder une magnifique imagination. », les pupilles azurées se concentre sur le petit oiseau. « Néanmoins, c’est un sujet passionnant dans lequel tu sembles t’engager. Ton père m’a déjà fait part de tes talents et de ta passion pour tout ceci. », il désigne l’ensemble de la pièce d’un geste de la main.«Une belle intimité dans lequel on se perd aisément. »
Ambivalence à chaque syllabe, dissimulant ses appétences certaines envers un brunet qui ne détient sans doute pas les clés de sa propre porte, mais dont les yeux et les oreilles se sont déjà éparpillé là où la noirceur s’est glissée. Adonis n’est pas de ces individus enclins au pardon ou la miséricorde, tout se paie d’une manière ou d’une autre. « Tu es encore jeune et cela va s’intensifier avec tes études et tes stages. Tes choix sont en parfaites contradiction avec ceux de ton jumeau, même au niveau caractériel, d’après tes parents. », terrain glissant, mais la conversation prend une tournure bien lisse à son goût.
Il sait de par les dires d’une certaine femme que la relation est biaisée de bien des façons. Il n’insiste pas plus par des mots, se contentant d’un silence religieux pour que le Ishihara puisse mettre de l’ordre dans ses esprits. La mesure est nécessaire lorsqu’un ennemi ou ami potentiel s’engage sur un chemin miné, mais apparemment bien surveillé. Il démontre les avantages qu’il possède au détriment d’une visite inopinée. Cela n’est point pour intimider, mais sans doute faire comprendre que chaque information a besoin d’être traitée. Mais il est vrai qu’en tant que patriarche d’une mafia, il doit être partagé par une sensible méfiance accrue. Enfin, cela n’est pas alarmant pour lui.
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