don't piss me off // akabane hibiki

don't piss me off

feat. @akabane hibiki ☾

C'était sa première journée officielle sur le sol d'Eastland, dans la grande ville de Neozone et déjà il se sentait le mal du pays. L'Australie lui manque un peu, le paysage sec et le climat chaud, la mer et ses vagues de trois mètres de haut, les insectes aussi dangereux que les bêtes féroces. Melbourne lui manque, beaucoup plus que les autres coins qu'il a arpenté avec sa mère ces dernières années. Un road trip sauvage pour échapper à leur quotidien nocif, auprès d'un homme détestable. Avec le temps, Lewis l'aurait sûrement attaqué pour lui rendre la monnaie de sa pièce et sûrement est-ce la raison de ce départ précipité. Sa mère le sentait, tôt ou tard, son fils allait péter un câble et prendre sa revanche. S'ils sont ici à Neozone, ce n'est pas à cause de leur vie de nomade ou de son père violent, mais plutôt pour retrouver son frère et le ramener avec eux. Où? En Australie? Pour vivre à trois cet enfer? Mal est bien mieux ainsi, avec cette famille qui l'a adopté quand sa propre mère l'a lâché. De toute évidence, le bicolore n'a aucune attache envers ce garçon dont il ne sait rien de plus que les informations distribuées par sa génitrice. Il pourrait très bien vivre sans lui, sans jamais le rencontrer. Une perte de temps, se dit-il en parcourant les rues de la capitale.

Bien souvent armé de son téléphone portable pour mieux s'orienter, l'Australien ne sait pas trop ce qu'il cherche exactement. Il est là pour la semaine au moins, mais comme à chaque fois, il ne sait jamais quoi faire au début. Tourner ? Regarder les boutiques ? Savoir où se rendre quand il y a besoin ? Chercher des endroits où faire du sport ? Un skate parc ? Dans l'immédiat, ce serait son but principal. En plus il a emporté sa vieille planche fétiche! Peut-être que les rampes de cette île sont meilleures que celles décorant les villes grandes ville d'Australie. Perdu dans ses pensées mais aussi dans son parcours, le décoloré s'arrête brusquement pour examiner les enseignes autour de lui. Des magasins divers et variés, autant qu'il a pu en voir à Melbourne ou Sydney. Un soupir lui échappe, tandis qu'il s'interroge sur sa mère et sa précieuse visite. à cette heure-ci, elle doit traîner proche de la bibliothèque où son fils aîné travaille. Quelle passion de se faire souffrir, il ne comprend vraiment pas les intentions de sa propre mère.

Redressant le menton, Lewis se décide à continuer en avançant dans une nouvelle rue plus étroite et moins peuplée. Il connaît bien ce genre de ruelle pour y avoir traîné durant des années en étant plus jeune et en côtoyant d'autres mômes dans son genre. Toujours à faire le bordel, à rire et parler trop fort, à taper dans les poubelles ou fumer des trucs très peu légaux. Bref, une période sombre qu'il a dû lâcher en quittant l'endroit où il vivait avec ses deux parents pour fuir avec sa mère uniquement. Son regard attiré par un écriteau devant une porte à peine visible, Lewis manque de se faire renverser par deux gars sortant du bâtiment en question. Plus grand, plus costaud, l'air irrité et la peau parsemée d'encre noire ou colorée. à voir leur dégaine, ce sont sûrement des lourdauds et la façon qu'ils ont de parler confirme ses doutes. Ils sont froids, presque méchant dans leurs paroles. Lewis n'a encore rien dit, ni rien fait qu'ils tentent de l'acculer vers un coin où personne n'irait secourir un gosse sans défense. Sauf que Lewis n'est pas sans défenses et qu'il sait comment se défendre.

Quand l'un d'eux pose sa main sur son épaule de manière menaçante, l'Australien réagit de suite en attrapant son poignet pour le tordre brutalement et l'éloigner aussitôt de lui. L'étincelle qui vient d'allumer le brasier, puisqu'ils vocifèrent après lui pendant que le gamin s'échappe de leur emprise avec quelques mètres d'avance. Parvenant bientôt au bout de la ruelle dans laquelle il venait de s'engouffrer par curiosité, Lewis se pense à l'abri du moment où il revient vers la foule mais c'est sans compter sur la rapidité des gars qui le rattrapent avant qu'il ne puisse atteindre la rue principale. Une main saisissant le col de son blouson, c'est ainsi qu'il réussit à le maintenir sur place et à l'empêcher de filer tel un voleur.

« Lâche-moi, gros balourd! S'égosille le blond en se débattant, prêt à abandonner sa superbe veste qu'il a sauvée de son road trip. »

à contre coeur, car c'est un cadeau offert par un pote de Melbourne.

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La petite bande venait d'être interrompu par un illustre inconnu. Dans ce genre de situation, Lewis s'attendait à être seul et sans aucune aide. Qui s'amuserait à sauver la peau d'un môme comme lui? Faut croire que les habitants de cette île sont plus civilisés que la plupart des Australiens. Surpris d'être ainsi récupéré, sans conflit, sans plus d'échange. Le garçon à la chevelure brune le traite comme s'ils se connaissaient pourtant il est certain de ne l'avoir jamais rencontré par le passé. L'homme ne cherche pas à se battre, relâchant sa prise sur la veste du cadet. Lewis pensait s'échapper aussitôt mais une nouvelle poigne le retint et l'entraîne contre son gré.

« Je suis un chien pour que tu parles comme ça de moi? Lâche-t-il dans un Eastlandais au fort accent Australien. »

Le petit hérisson sort ses piques comme pour se défendre d'un ennemi invisible, par habitude, par réflexe. Il ne sait pas dire simplement merci, ayant été élevé à la dure. Ou plus, sans éducation particulière. Livré à lui-même, dans les rues de Melbourne ou entre deux villes visitées sans attache. Libéré, le blond grogne légèrement en défroissant sa belle veste et en réajustant sa tenue dérangée par les empoignements à répétition.

« Lewis. Répond-il dans un premier temps. Je ne suis que de passage, bientôt je retournerais chez moi. S'il existe encore un chez lui, vagabond qu'il est. J'ai l'habitude, j'ai grandi dans ce genre de ruelle et je suis toujours là. le lycéen fanfaronne, fier comme paon. »

Ce n'est pas pour autant qu'il le remercie, prenant une mine dédaigneuse. Même s'il se montre chiant, le jeune homme suit l'autre sans protester, ne sachant pas du tout où il se rend. Un café? Ce n'est pas vraiment ce qu'il cherchait mais il n'est pas sûr d'avoir une foutue idée de sa destination. Alors bon, peu importe. Lewis se méfie tout de même de cette gentillesse, se disant que ça cache un truc. Va-t-il le faire payer les consommations? Néanmoins, il a faim et son ventre le rappelle à l'ordre. Tant pis, il commande en baissant sa garde.

« Je visite. C'est ma mère qui a voulu venir ici, pas moi. Je ne fais qu'attendre le vol de retour pour disparaître de cet endroit. Il a un franc-parler, personne ne peut lui retirer. pourquoi m'as-tu aidé si tu t'en fous? Je n'ai rien demandé. »

L'adolescent renifle, un brin hautain. Il est du genre à aboyer mais à ne pas mordre, m'enfin tant que ce n'est pas nécessaire car il était prêt à se faire ces gars tout à l'heure. Une vraie tête brûlée sans peur, sans foi ni loi.

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L'inconnu le rabroue aisément, comme un vrai grand frère se chamaillant avec son cadet insouciant et insolent. Lewis ferme sa bouche qu'il venait d'ouvrir pour répliquer sèchement, n'ayant en fait rien à dire contre ça. Ce gars a raison, ce n'est pas l'Australie ici. Il pourrait se faire casser la gueule par n'importe qui, sans que personne ne lui prête main-forte. Enfin, ce garçon est venu pour le sortir de cette embrouille donc il n'est pas si seul pour le coup. De la chance, sûrement.

Lewis ne se doute pas une seule seconde que cet inconnu puisse être le petit ami de son frère, il ne sait même pas que ce dernier aime les hommes et mieux vaut pour lui qu'il ne le sache pas. Son éducation et son vécu l'ayant poussé à mépriser ce genre de relation, d'orientation, sans aucune raison valable. Juste parce que son enfoiré de père était homophobe et que la plupart de ses potes se moquaient souvent des gens différents. Ce n'était qu'un engrenage et pourtant il a été aspiré dedans, sans s'en rendre compte.

« Ma mère me balade depuis des mois, c'est chiant. Ce n'est qu'un caprice de gosse, une crise de rébellion. Tu parles de vacances, je change d'école à la pelle. à quoi bon prendre la peine de suivre un cours si c'est pour partir deux jours après. Si ça lui plaît? Pas vraiment, non. »

Cela doit se lire à sa bouille, cette expression lourde de sens qui se peint sur son visage quand il parle de lui. C'est un garçon bavard, il n'a rien à cacher. Sa commande déposée face à lui, le blond récupère son verre pour boire une bonne gorgée de son jus frais. Parler donne soif, s'exciter comme une puce encore plus. Les questions du plus vieux lui font poser son verre et relever ses yeux vers lui, réfléchissant rapidement pour une réponse.

« J'aime tous les sports, surtout ceux avec des roues. L'Australie possède vraiment des bons spots pour le skate ou le BMX! Et le surf! C'est vraiment impressionnant en voyant les vagues aussi haute qu'une falaise! Il parle trop. Il n'y a que ça ici? Mais si c'est un défi, je suis partant. Je t'éclate quand tu veux. Dans le genre provocation, Lewis envoie comme il reçoit. »

Suffit de savoir dans quel sens il faut le caresser et il devient aussi docile qu'un chaton, qui miaule énormément.

« Mais tu n'as rien d'autre à faire? Demande-t-il, à peine étonné du comportement altruiste et amical de cet Hibiki. »

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Parier? C'est mal connaître Lewis qui est un joueur dans l'âme, même s'il ne possède pas grand chose à parier. Que peut-il bien donner à ce gars? Le blond ne dit rien mais son expression montre bien qu'il est plutôt intéressé par les paroles du plus vieux. D'un haussement d'épaule, il fait genre que ça lui égale mais son regard en dit long et surtout le contraire de son propre comportement faussement détaché. Lewis ne sait pas de quelle formation il parle, ni ce qu'il pourrait apprendre de lui. Sa réponse lui fit hausser un sourcil, avant d'afficher une légère moue. Avec Hibiki, l'Australien a vraiment des airs de chiot curieux. Il fait toujours celui qui s'en moque mais quelque chose dans son aura prouve que ce n'est pas réellement le cas.

« Les machines sont toutes les mêmes, non? Que ce soit ici ou en Australie, ça ne change pas grand chose. Depuis que je sais tenir debout. C'est exagéré mais il n'a pas de date précise en tête. »

Son jeune âge ne veut rien dire, il a vécu plus de chose que n'importe quel adulte de cette île. Lewis répond à la provocation par un haussement de sourcil hautain, un rictus au coin des lèvres. Plus il discute avec Hibiki, plus il relâche la pression et se sent à son aise. Celui-ci n'arrête pas de le taquiner, ce qui pourrait faire réagir le plus jeune mais pas de manière brusque ou violente.

« Du parkour? Cette question pique sa curiosité, tandis qu'il termine sa boisson. »

Il en fait des choses, mais pas ça. Ce n'est pas tant que ça ne l'intéresse pas, plutôt qu'il n'a jamais pensé à le faire ou qu'il n'a peut-être pas rencontré les bonnes personnes pour essayer. Son jus de fruit terminé, Lewis repousse son verre et acquiesce aux paroles du brun. Il n'a plus vraiment soif dans l'immédiat mais ils pourront toujours trouver ailleurs.

« J'ai fini. Allons-y. Fit-il en se levant, tel un gosse pressé. »

Quand on apprend à le connaître, on se rend vite compte que Lewis n'est pas un mauvais garçon et qu'il est même plutôt appréciable dans son genre. Hibiki sait le motiver par la provocation et la taquinerie, le menant là où il souhaite sans trop d'effort. C'est un peu le genre de l'Australien, parfois emporté par la vague et suivant ainsi le courant sans essayer de se débattre. C'était déjà cela à Sydney avec les enfants des quartiers, surtout avec les plus vieux menant les autres vers leur propre perte. Lewis n'a pas su s'en défaire même à travers ses nombreux voyages, malgré sa méfiance et sa réticence envers l'inconnu qui s'estompe d'une façon ou d'une autre, assez vite.