ootd - Encore un énième repas en famille, le moment où tous les Noguchi se retrouvent autour de la même table pour un festin de roi. Beaucoup de sourire, de parole, d'échange et un brin d'hypocrisie pour certains. Les vérités ne sont pas dites, cachant les secrets intimes derrière des beaux mensonges à la vie parfaite. Ryujin connaît les siens, il sait ce qu'il fait dans le dos des autres mais si ceux-ci l'ignorent, lui aussi n'a pas connaissance des leurs. Il y a quand même des points qui le chiffonnent, des détails qui l'intriguent, une certaine curiosité qui le ronge contre sa volonté. La table n'est pas le meilleur endroit pour aborder ce genre de sujet, ni pour questionner les personnes visées. Le jeune frère se tut, répondant aux questions de son père ou de sa mère, dégustant les mets préparés pour l'occasion ou se contentant de scruter l'ensemble d'un oeil attentif.
à la fin du repas, il quitte la table pour suivre son aîné vers le balcon où il s'est sûrement isolé pour rechercher un peu de calme dans cette ambiance animée. Ryujin se doute que ses prochaines interrogations risquent d'être indiscrète, mais il ne peut les garder pour lui en continuant de sourire niaisement comme si c'était ce que tout le monde voulait de lui. Il ne peut pas parler de sa relation avec la femme de son frère, mais il peut toujours savoir qui est ce garçon qu'il rencontre pour ses leçons. Au début ça ne l'intéressait pas vraiment, ce n'est qu'un élève apprenant le violoncelle, un petit prodige de l'archet et un musicien talentueux... Mais pas seulement. ça ne semble pas être le seul point en commun qu'ils partagent, ou alors il se méprend et s'imagine des choses. Autant paraître stupide que laisser passer une occasion d'en savoir davantage sur son aîné.
« Kami, tout va bien? S'enquière l'avocat en approchant de lui, un sourire aux lèvres. Je t'ai vu sortir, alors j'ai voulu te suivre. Dit-il simplement en riant, comme si ce n'était rien d'important. »
Ryujin vient s'appuyer de ses coudes sur la rampe du balcon, son menton posé sur le dos de ses mains jointes tandis qu'il scrute le jardin éclairé en contrebas. C'est une belle résidence que possèdent les Noguchi, il l'a toujours pensé et pourtant il préfère son appartement. Plus cosy, plus chaleureux, moins pimpant et grandiose, mais c'est là où il se sent le mieux. Se redressant, le brun se place dos contre la rambarde en observant son frère du coin de l'oeil.
« Je suis curieux, que devient mon grand frère? Demande-t-il dans l'intention de prendre de ses nouvelles et voir à quel moment il pourrait aborder le sujet sensible. »
Penchant la tête en arrière, ses iris chocolatés se perdent dans le ciel étoilé. Il ignore l'heure qu'il est, mais de toute évidence personne ne l'attend chez lui et pour une fois qu'il peut profiter de sa famille sans être pressé par son travail. Demain ce ne sera pas la même, mais demain est demain et aujourd'hui il a du temps à accorder à Kami ou un autre membre de sa famille.
O O T D - Assis à sa place habituelle autour de la table de ses parents, Kami participait peu à la conversation, plongé dans ses pensées habituelles. Il écoutait vaguement ses parents discuter avec ses frères, répondait quand on lui posait une question et faisait passer son regard sur chacun à mesure qu'ils prenaient la parole pour donner l'impression d'être là, même si son esprit était bien loin. Il pensait à Slaw, encore et toujours. Il pensait à son parfum, aux traits de son visage, à ses caresses...
Relevant la tête en entendant son nom, il demanda à sa mère de répéter sa question, s'excusant pour sa distraction. Il avait une bonne excuse, comme toujours. Il était fatigué, surmené par le travail, réveillé très tôt par son fils, devant prendre soin de sa femme enceinte. Il répondit avec un sourire factice, repoussant son assiette vide avant d'aider à débarrasser la table, étant l'aîné de la fratrie. Son père s'éclipsait toujours dans son bureau une fois la dernière fourchette posée, ayant constamment des coups de fil à passer ou des dossiers à étudier.
Laissant ses cadets avec leur mère, Kami s'éclipsa sur le balcon pour prendre l'air. Tirant son portable de sa poche, il vérifia ses messages, souriant en voyant un texto de Slaw pour confirmer leur prochain "cours". Depuis le festival, leur relation avait un peu évolué, notamment à cause (grâce ?) de la déclaration du plus âgé. Et pourtant ce dernier se posait de plus en plus de question, ne sachant pas jusqu'où tout ça les mènerait. Les cartes étaient dans ses mains, c'était à lui de décider s'il voulait tout quitter pour lui, mais était-ce ce que son amant désirait ?
Sursautant en entendant la voix de Ryujin près de lui, Kami verrouilla son portable par réflexe et le rangea dans sa poche pour s'accouder à son tour à la balustrade. Il hocha la tête à la question de son frère, laissant son regard se perdre devant lui.
Tout va bien, j'avais juste un peu chaud. La manie de maman de toujours mettre le chauffage trop fort.
Avec un sourire, il leva les yeux au ciel pour simuler une exaspération amusée. Leur mère avait toujours été frileuse malgré le climat tropical de l'île, aussi Kami finissait-il toujours les repas en sueur. Ou peut-être que la peur que son secret ne soit découvert le rendait particulièrement nerveux. Il devait toujours se montrer sur ses gardes, ne rien laisser paraître, ne pas réagir quand une question innocente tournait mal ou quand une plaisanterie visait juste.
Toujours pareil, tu sais bien. Papa me fait travailler dur à la Zen et avec mes cours particulier je n'ai plus beaucoup de temps pour moi, mais j'essaie d'en dégager un peu pour Angela.
Enfin... un petit peu. Il était assez absent ces derniers temps, passant son temps entre la Zen, ses vrais cours particuliers et ses rendez-vous avec d'autres hommes pour oublier le temps d'une heure le visage de celui qui hantait ses pensées. Il allait aussi régulièrement chez Gabriel et Josuke pour leurs romans, ce qu'il expliquait à son épouse en disant qu'il allait boire un verre avec ses amis. Et il avait encore tous les festivals jusque fin juin à préparer, aussi s'écroulait-il généralement directement en rentrant à la maison.
Et toi alors ? Comment va la vie ?
Se tournant légèrement vers Ryujin, Kami lui jeta un coup d'oeil éteint, ayant l'impression de parler avec une vague connaissance plutôt qu'avec son frère. C'était comme ça chez les Noguchi, une famille qui semblait unie aux yeux extérieurs mais dont les membres étaient en réalité distants et hypocrites les uns envers les autres. Le travail était tout ce qui comptait. Le travail et les apparences.
ootd - Le geste de son aîné ne lui échappe pas tandis qu'il le rejoint sur le balcon pour l'interroger. à qui pouvait-il envoyer un message? Angela? Un collègue? Ce fameux élève? Ryujin se pose des questions, mais il préfère tâter le terrain avant de lancer un sujet assez sensible. Kami pourrait réagir de n'importe quelle façon et ce serait un échec s'il venait à partir trop tôt. Dans un premier temps, le plus jeune s'intéresse aux nouvelles basiques qu'il pourrait lui apporter. Savoir s'il va bien, dans son boulot, dans sa vie de couple ou peu importe. C'est le genre de question fondamentale, qui pose le décor mais qui n'a pas réellement d'importance quand on y pense. Bien que son cadet soit content de savoir que tout va bien pour son grand frère. Le commentaire sur leur mère et sa manie de mettre le chauffage trop fort le fit sourire. C'est vrai qu'ils ne risquent pas d'attraper froid entre ses murs, mais c'est une autre histoire avec la différence de températures entre l'extérieur et l'intérieur de la maison.
« Ce n'est pas faute d'avoir déjà essayé de lui en parler. Mais elle n'écoute pas vraiment. »
Faut la comprendre, elle n'a pas le sang chaud de ses fils ou de son mari. Au final, les garçons s'habituent à la chaleur imposée, prenant sur eux jusqu'à retrouver l'air frais de dehors. Néanmoins, Ryujin soupçonne son frère d'avoir une autre raison pour filer en douce à l'écart. Patient, il se contente de sourire et d'être bavard, sans rien laisser paraître de son but initial. Il savait que son frère était un homme occupé, entre l'agence, ses cours, ses élèves, ses enfants, sa femme. Bref, il n'a sûrement pas une seconde pour lui-même.
« Je m'estime heureux de ne pas avoir hérité de cette agence, ni d'être marié d'ailleurs. Plaisante le plus jeune en lançant un coup d'oeil à Kami. Comment va Angela? C'est une question qui pourrait le mettre dans une position délicate, mais Ryu ne laisse toujours rien paraître. Et le petit monstre? Ajoute-t-il en parlant de son fils. »
Comment Kami réagirait s'il savait que sa femme est infidèle et que son petit frère en est la cause? Jusqu'à maintenant, il est certain que son aîné n'a rien remarqué. Soit parce qu'il fait entièrement confiance à Angela, soit parce qu'il est vraiment aveuglé par autre chose. Dans les deux cas, Ryujin devrait faire attention et refréner ses pulsions envers la jeune femme qui le séduit.
« Très bien! Je n'ai qu'à me préoccuper de mes dossiers. Ce n'est pas si simple d'être avocat mais il n'a pas autant de boulot que lui. D'ailleurs je suis sur l'affaire d'un adolescent ayant agressé une camarade de classe. ça n'intéresse très certainement pas Kami, mais c'est son quotidien à lui. »
Haussant les épaules, le châtain rapporte son attention sur le ciel en laissant le silence reprendre ses droits le temps d'un instant. Il réfléchit à comment aborder le sujet sans se faire recaler par son frère. Kami est imprévisible, toujours droit dans ses chaussures.
« Comment se passe tes cours particuliers? Tes élèves apprennent vite? Il pose sa question sans le regarder, son attention porté aux étoiles. Je me suis toujours demandé si l'élève pouvait dépasser le maître... Y a-t-il un prodige dans tes petits protégés? Un favori? Une perle rare de la musique classique? La bombe est amorcée, de manière subtile. »
O O T D - Un rire amusé échappa à Kami face à la plaisanterie de son frère. Il ne réalisait pas à quel point il avait raison sur un point. Il avait de la chance de ne pas être marié, de pouvoir faire ce qu'il voulait sans devoir se cacher. Il était moins médiatisé aussi, sa réputation s'arrêtant à dire qu'il était fils du maire. Pas besoin de regarder autour de lui à la recherche de photographes avant de poser un regard osé sur un corps masculin. Pas besoin de se planquer pour faire ce qui lui plaisait. Pas besoin de mentir à tout le monde. Du moins, c'était ce que croyait l'aîné.
Angie va bien, la grossesse se passe bien et elle se repose. Et Nobu nous demande tous les jours quand son petit frère va arriver. Je pense qu'il a plus hâte que nous.
Souriant en repensant à son fils qui, tous les matins, observait le ventre de sa mère en espérant le voir gonfler, Kami laissa échapper un son amusé. Nobu était adorable, il était sa raison de vivre. La seule chose qui le retenait de tout plaquer pour vivre son idylle avec son élève.
Au fait, ta cravate est à la maison, Angela m'a dit que tu avais renversé du café quand tu lui as rendu visite lundi. Je devais te la rendre aujourd'hui mais j'ai oublié.
S'il se doutait de la raison de la visite de son frère chez sa femme ? Pas le moins du monde. Ryu avait toujours été ami avec Angela, aussi trouvait-il normal que les deux se voient de temps en temps, pour discuter et boire un café. En soi, même s'il savait que leur amitié avait évolué, il les laisserait faire. Si sa femme pouvait trouver du bonheur ailleurs, qui était-il pour le lui refuser ? Lui-même allait voir ailleurs plus souvent qu'à son tour, alors pourrait-il l'empêcher de faire pareil de son côté ? D'autant qu'il se rendait compte qu'il la délaissait, qu'il était absent.
Ayant retourné la question à son cadet, Kami hocha la tête en entendant que lui aussi allait bien. Il avait moins de travail que lui, même si son métier était d'une autre importance. Alors que lui aidait les gens à jouer de la musique et veillait à ce que tout se passe bien dans l'agence, Ryujin sauvait des vies et enfermait des coupables. Moins chronophage mais plus important pour la sécurité dans la société.
Hm. J'en ai entendu parler aux infos, j'espère que tu arriveras à le faire enfermer.
Il lui adressa un sourire d'encouragement, sachant bien qu'il ne pourrait rien faire de plus pour l'aider. Il n'y connaissait rien dans ce domaine, n'avait jamais été assez curieux pour ouvrir les bouquins de son frère et s'intéresser à ses études. Entre ses cours de musique, ses cours de management et ses soirées débridées, il n'avait pas eu le temps pendant ses années d'université pour nouer des liens avec sa famille, ce qu'il regrettait de temps en temps.
Surpris que Ryujin s'intéresse à ses cours particuliers, Kami se tourna vers lui sans répondre, réfléchissant à la réponse appropriée. Tout le monde savait qu'il avait une préférence pour Slaw, ne serait-ce qu'à partir du moment où il lui a offert l'ouverture des festivals sans même donner une minute de show aux autres. Nier serait prouver qu'il avait quelque chose à cacher, aussi haussa-t-il les épaules d'un air nonchalant.
Le jeune Mieczyslaw est particulièrement doué, je ne sais pas si tu as eu l'occasion de l'entendre au festival ? Il y en a d'autres qui ont du talent, mais je pense que c'est lui qui ira le plus loin.
Il ferait tout pour ça, en tout cas, voulant vraiment réaliser le rêve de son protégé. Il voulait l'emmener jouer partout dans le monde, le faire connaître et aimer de tous. Il voulait le rendre heureux, tout simplement.
Pourquoi cet intérêt soudain pour mes élèves ? J'espère qu'aucun d'eux n'a de problème avec la justice ? Tu me le dirais si tu voyais leur nom passer dans tes dossiers ?
Depuis qu'il savait que Slaw se faisait harceler par des camarades, il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Il s'imaginait le pire quand il était loin, lui envoyait des textos pour s'assurer qu'il allait bien, espérant que ses réponses n'étaient pas des mensonges destinés à le rassurer. Il voulait le protéger, mais il ne pouvait décemment pas passer toutes ses journées avec lui, malheureusement...
ootd - Ryujin n'a nullement besoin de se cacher, en même temps qu'a-t-il à dissimuler au public? Une relation extra-conjugale avec la femme de son grand frère? étant célibataire, ce terme ne s'applique pas vraiment à sa personne. Il n'est qu'un amant secret, une histoire à garder bien sagement rangé dans un tiroir pour que ça ne se sache jamais. Si ça venait à éclater, c'est sûr que cela ferait des histoires mais le plus touché resterait Kami. Celui-ci lui annonce qu'Angela va bien, qu'elle se repose et que son fils a hâte d'avoir un petit frère. C'est beau à cet âge, pense-t-il en se demandant si Kami était pareil avec ses petits frères. Ryujin ne se souvient pas d'une époque où ils étaient tous très bien soudé, toujours à devoir faire des activités de leur côté.
à l'énoncer de la cravate oubliée, l'avocat hausse un sourcil intrigué en réalisant sa petite erreur. Oups? Heureusement que sa femme l'a couvert en trouvant une bonne excuse à cette maladresse de sa part. Angela est formidable, se dit-il pour lui-même avec un sourire. Kami est loin de se douter de la vérité, de cette relation particulière qu'il entretient avec la jeune femme enceinte. Pourtant, ils ne sont pas bien différents tous les deux. Ryu ignore juste son histoire avec son élève, bien qu'il les ait trouvés assez proche cette fois-là.
« Ce n'est pas bien grave, j'en ai plein chez moi. Une cravate de plus ou de moins, hein. Je la récupérerais la prochaine fois. »
Le châtain hausse ses épaules comme si ce n'était pas un problème. L'accessoire ne va pas s'envoler, surtout pas en rester chez son frère. S'il tient vraiment à lui ramener, cela ne le dérange pas non plus. Si Ryujin était au courant pour les infidélités de Kami, sûrement n'aurait-il pas autant de tact et de délicatesse avec lui. Il ne ferait pas semblant non plus. Pourquoi donc? Puisqu'ils jouent le même jeu, chacun à sa façon. Sauf que lui n'a personne à tromper et il n'avait pas prévu que ça dérape autant avec elle. Peu importe, ça revient quand même à la même chose.
Le métier du plus jeune est palpitant, il n'y a pas un jour où il s'ennuie et se tourne les pouces. Toujours pleins de dossier à lire et à remplir, des tonnes de feuilles et d'informations à trouver et à retenir, une défense à construire et à rendre solide. Ce n'est pas de tout repos et des gens comptent sur lui pour avoir une « happy ending ». Si on peut appeler cela ainsi, car ce n'est pas évident de ressortir la tête vide après un procès où la personne est la victime ou le témoin. Hochant sa tête, il espère lui aussi réussir à faire accuser ce garçon et à obtenir une bonne peine pour que tout ceci lui sert de leçon.
Soudainement, le sujet change et l'avocat s'intéressent aux élèves des cours particuliers de son aîné. C'est sa façon à lui d'amorcer la bombe, d'y aller doucement avec lui avant d'atteindre le point culminant de cette conversation. C'est quand même étrange que ce garçon ait obtenu une ouverture de festival, ainsi qu'autant d'attention de la part de kami. Le châtain voit bien que ce dernier est précieux pour l'autre, d'une manière ou d'une autre. C'est ce qu'il cherche à découvrir en l'interrogeant.
« J'ai eu la chance de l'apercevoir, mais c'est vrai qu'il joue bien. Il n'a fait qu'un saut au festival, le temps de voir le prodige de son frère. C'est un garçon qui semble avoir un bel avenir devant lui. Beau et talentueux, qui refuserait de lui ouvrir les portes? Fit-il avec un sourire. »
Qui serait assez fou pour ne pas voir son don pour la musique et ce qu'il ait capable d'apporter à ce domaine. Kami s'inquiète subitement qu'un de ses élèves soit dans les dossiers de son frère mais celui-ci le rassure d'un petit rire, agitant ses mains pour le calmer aussitôt.
« Rien de tout cela. Si l'un d'eux avait un problème avec la justice, tu sais bien que je t'en parlerais. »
Il ne laisserait pas un protégé du professeur de musique se faire harceler par la justice sans en toucher deux mots au concerné. En espérant qu'aucun d'eux ne soit contre lui, car il n'aurait pas de pitié... Qu'il soit proche de son frère ou non. Lâchant un soupir, il se rappuie contre le rambarde mais cette fois-ci pour observer le jardin.
« En vérité. Débute le châtain en tâtant le terrain. Je vous ai vu, ton prodige et toi, et vous sembliez drôlement proche. Tournant sa tête vers Kami, il lui lance un regard curieux. Est-ce ainsi avec tous tes élèves? »
C'est une question comme une autre, mais quelque chose lui dit que c'est suffisamment indiscret pour que le plus vieux s'en offusque et tente de détourner la question pour ne pas avoir à y répondre. Si c'était le cas, alors ce serait plutôt suspicieux. Ryujin est avocat, il doit souvent analyser des tonnes et des tonnes de paperasses pour trouver les détails importants qui pourraient faire enfermer les accusés. Il n'est pas détective, mais assez intelligent pour voir au-delà des faux-semblants.
O O T D - L’histoire de la cravate aurait pu mettre la puce à l’oreille de Kami, mais il ne pensait pas à ce genre de choses. Il n’était pas jaloux par rapport à Angela, ne cherchait pas à savoir si elle allait voir ailleurs, s’en fichait totalement. Et puis quand bien même il l’aurait capté, savoir que c’était avec son frère ne l’aurait pas dérangé, parce qu’il le connaissait et qu’il savait que c’était un homme bien. Ses fils resteraient dans la famille, il savait que Ryujin s’en occuperait bien quand ils seraient chez leur mère. En vérité, il serait même plutôt content d’apprendre que sa femme le trompait avec son frère, ils pourraient divorcer d’un commun accord et toutes ses craintes quant à la séparation avec ses enfants s’envoleraient. Mais bon, fallait-il encore qu’il le découvre.
D’accord. Je te remercie de lui rendre visite de temps en temps, ça lui fait du bien je pense. Je sais bien que je travaille trop mais je ne peux pas faire autrement.
Haussant les épaules, il garda le regard fixé sur la vue qui s’offrait à lui depuis le balcon. Son frère changea ensuite de sujet pour parler des cours particuliers de Kami, ce qu’il ne faisait que rarement. Son père avait toujours dit qu’il préférerait que son aîné se consacre entièrement à la Zen, mais il ne savait pas l’opinion de ses frères à ce sujet. En général, ils se fichaient pas mal de ce que faisaient les autres tant que ça n’impactait pas la famille, aussi ce sujet de conversation surprit-il l’aîné.
Il parla évidemment de Slaw, se disant que c’était inutile de mentir en disant qu’un autre de ses élèves était plus doué, puis il s’inquiéta de savoir si l’un d’eux avait des problèmes avec la justice. Il avait peur que son protégé se soit tellement fait battre qu’il ait été obligé de porter plainte sans oser lui en parler. Il avait peur que les choses aient encore dégénéré depuis leur dernière rencontre. Mais Ryujin le rassura rapidement sur ce point, affirmant qu’il lui en parlerait si jamais il voyait le nom d’un de ses élèves passer dans ses dossiers.
Merci. Je m’y suis attaché, à ces gosses, je ne veux pas qu’ils aient des problèmes. Et encore moins que ça soit eux qui les causent.
Esquissant une grimace, il sous-entendit par là que si un de ses élèves se révélait être un délinquant, peu importe le crime, il cesserait immédiatement de lui donner des cours. Enseigner l’art de la musique à une brute, un violeur ou un voleur ? Non merci, très peu pour lui. Sa réputation ne tenait déjà que sur des mensonges, il ne voulait pas voir son nom cité dans un article disant que « machin, élève du fils de notre maire, arrêté pour avoir cambriolé la banque de Neozone ».
Tournant légèrement la tête vers son frère, Kami senti avant qu’il ne parle qu’il avait quelque chose à lui dire. Au vu de sa tête, le sujet qu’il voulait aborder avait l’air délicat, ce que confirmèrent ses mots. Il les avait vus avec Slaw ? Il les avait trouvés proches ? Quand ? Comment ? Où ? Sentant son sang se figer, il fit de son mieux pour ne rien montrer, esquissant un sourire pour masquer l’anxiété qui s’emparait de lui. Qu’entendait-il par proches ? En train de s’embrasser ou simplement de marcher trop près l’un de l’autre ? L’un était inexplicable alors que l’autre pouvait arriver avec n’importe qui…
Ce sont mes élèves, évidemment que je crée des liens avec eux. Certains sont simplement des gosses à qui j’apprends à manier l’archet, d’autres sont devenus comme… des amis ? Je ne saurais pas trop expliquer mais je suis plus qu’un professeur pour la plupart, je les aide à devenir meilleurs, à réaliser leurs rêves. Ils se confient à moi aussi, alors ça… ça nous rapproche, j’imagine.
Jetant un coup d’œil à Ryujin, il vérifia si son explication était convaincante, s’il s’en contenterait ou s’il voudrait creuser. S’il les avait juste surpris à rire ensemble, il devrait être satisfait par cette réponse, mais s’il les avait surpris en train de s’embrasser ou de se toucher… alors ça serait plus compliqué. Son frère saurait-il garder son secret ? Accepterait-il de ne rien dire jusqu’à ce que Kami soit prêt à tout révéler ? Les frères Noguchi n’avaient jamais étés complices ou fusionnels, aussi ne se confiaient-ils jamais rien, alors il doutait fortement.
Si tu voulais savoir si je suis plus proche de Slaw que les autres, la réponse est oui. Je me retrouve un peu en lui quand j’avais son âge, il a de l’ambition, un talent indéniable et des rêves plein les yeux, est-ce une mauvaise chose que je veuille l’aider plus que les autres ?
C’était une véritable question, du genre qu’il se posait depuis un moment. Se tournant totalement vers Ryujin, Kami le regarda en face en attendant sa réponse, espérant que ses paroles lui auront paru assez franches pour le laver de tout soupçon.
ootd - Impossible de lui confirmer si ses visites font du bien à sa femme, ce serait tellement à double sens comme affirmation. Ryujin ne va pas toujours chez son frère pour qu'Angela le trompe, ils passent souvent des moments à ne rien faire de plus que discuter ou se regarder. Les coucheries ne sont pas systématiques entre eux, le petit frère apprécie aussi la simple présence de la jeune femme à ses côtés. Le châtain se contente d'un hochement de tête comme pour dire que ce n'est rien, que c'est normal. ça ne le dérange pas de rester avec elle de temps en temps, quand son mari est occupé ailleurs ou avec son boulot.
Ryujin changea donc de sujet, voulant parler d'autre chose que sa femme ou leur famille. Il s'intéressait étrangement au cours particulier de son aîné, avec une petite arrière pensée. Le plus jeune trouvait étrange que Kami soit aussi proche d'un élève, qu'il soit son préféré ou non. Il ne parle pas de ça pour l'inquiéter avec ses protégés et la justice, cela n'a même rien à voir avec son métier. Ryujin le rassure en disant que ce n'est pas le cas et que si jamais ça arrivait, alors il lui dirait directement. Il pouvait même lui promettre que, si l'un d'entre eux se retrouvait face à la justice, dans ce cas il ferait tout pour les aider en tant qu'avocat.
« Si jamais je me retrouve avec un de tes protégés dans ma liste, je ferais en sorte de le protéger du mieux possible. Tant qu'il est la victime. Car il ne se range pas du côté de l'accusé, de ceux faisant du mal aux autres. »
Qu'il soit rassuré, ses élèves ne peuvent qu'être entre de bonnes mains avec lui. Pour ce qui est des délinquants, ça ne relève nullement de sa juridiction. Il laisse ce souci à la police. Pour en revenir au sujet principal qui préoccupe l'avocat, celui-ci l'interroge à nouveau en pointant un garçon en particulier du doigt. Le fameux Mieczyslaw, petit prodige de la musique, violoncelliste de talent à en devenir. Bref, sûrement la perle rare de son aîné mais ce n'est pas tant le thème musical qu'il voudrait aborder avec lui. Ryujin n'est pas flic, il ne va pas lui passer un interrogatoire, ni le condamner à la peine capitale quoi qu'l apprenne aujourd'hui. Surtout que c'est une information qu'il compte garder pour lui-même, sans vouloir faire d'histoire.
Des amis? Le châtain lui lance un regard soutenu, cherchant presque à percer la vérité à travers les paroles prononcées. Son frère serait-il vraiment ami-ami avec ce jeune homme élégant et charmant? Ryujin est capable de dire quand quelqu'un est beau et séduisant, sans pour autant avoir des pensées déplacées. Ce n'est pas le cas puisque les hommes ne l'attirent pas du tout et qu'il a déjà quelqu'un pour pimenter sa vie paisible d'avocat.
« Je ne deviens pas ami avec mes clients, même si je les voient sur plusieurs mois pour les défendre corps et âme. ce n'est pas pour douter de lui, ni pour l'accuser de s'inventer des excuses. Je ne cherche pas à m'immiscer dans ta vie, rassures-toi. ça ne m'apporterait rien de fouiner dans tes petits secrets, mais je trouve dommage de justement n'avoir aucune confidence l'un envers l'autre. Comme des frères. après tout, ils le sont. »
Haussant ses épaules, l'avocat lui laisse une porte ouverte si jamais il a quelque chose à lui dire. Ryujin ne peut qu'être un bon soutien, une oreille à l'écoute, une épaule tendue si jamais il veut s'y reposer. Il n'est pas un tyran, ni un profiteur. Certes un brin opportuniste et hypocrite, mais ce n'est pas ce qu'il cherche à mettre en avant actuellement. Quelque chose lui certifiait que son frère était beaucoup plus proche du virtuose que ses autres élèves, il n'en semble pas plus étonné en vérité.
« Je suppose que non? Tu as le droit de vouloir la réussite de tes élèves, c'est tout à fait normal pour un professeur. Mais ne devrais-tu pas trop t'attacher à eux? C'est comme avec des chatons, on s'en occupe jusqu'à l'âge adéquat pour l'adoption mais quand le moment de les donner arrive... C'est un crève coeur. Tu ne seras pas toujours son professeur, un jour il prendra son envol et tu seras bien obligé de le laisser partir. Ne vas-tu pas le regretter si tes efforts sont décuplés par dix comparés aux autres? en tant qu'enseignant, peut-être pas... Mais pour ce qui est de « l'ami », serait-ce pareil? La célébrité isole, elle éloigne et quelque chose lui dit que leurs univers seront séparés un jour ou l'autre. »
Ryujin ne cherche pas à le pousser à avouer une chose qui n'est peut-être pas vraie. Kami est le seul à savoir ce qu'il fait avec ses élèves et son frère ne l'a pas surpris entrain d'embrasser le petit Slaw. Ils étaient juste bizarrement proches, comme si les mains innocentes de son aîné sur le corps chétif de l'étudiant n'étaient pas si inoffensives qu'on pourrait le croire au premier coup d'oeil.
O O T D - Kami remercia son frère d'un hochement de tête, appréciant qu'il accepte de le prévenir s'il avait un dossier incluant un de ses élèves et de le défendre s'il était la victime. Ryujin était un homme droit qui aimait la justice, aussi l'aîné comprit-il son désir de défendre les victimes plutôt que les coupables. Lui-même n'avait pas envie d'avoir un délinquant ou un criminel dans ses élèves, mais ça dépendant évidemment de la gravité de ses actes. Enseigner à un graffitiste ne le dérangeait pas, il pourrait même essayer de le ramener sur le bon chemin, mais l'idée même d'avoir pour élève un violeur ou un braqueur le rebutait totalement.
Son frère posa ensuite des questions qui amenèrent Kami à dire qu'il devenait un ami pour ses étudiants et qu'il était un peu plus proche de Slaw, en qui il se revoyait un peu à son âge. Comme lui, il sortait avec des hommes en secret pour assouvir des besoins que sa famille ne comprendrait peut-être pas. Comme lui, il avait des rêves de grandeurs dans la musique. Comme lui, il mentait à tout son entourage et menait une espèce de double vie pour protéger ses secrets. La seule différence notable était que lui n'avait jamais été harcelé, n'avait jamais eu besoin d'être protégé, parce que son seul nom le rendait intouchable.
Kami avait espéré que son beau discours sur l'amitié ait convaincu Ryujin, mais celui-ci le regarda avec un brin de suspicion dans le regard avant de dire que lui ne devenait jamais ami avec ses clients. Mais ce n'était pas pareil, si ? Lui n'était là que pour les défendre et merci au revoir, alors que Kami les voyait dans leurs quotidiens, entrait dans leurs maisons, connaissait leurs familles et assistait à des conversations qui poussaient généralement les jeunes à lui raconter leurs problèmes familiaux ou leurs vies tranquilles. Son désir d'avoir des confidences fraternelles fit pousser un soupir au professeur. Parce qu'il aimerait bien pouvoir se confier, lui parler de son homosexualité, de ses aventures, de ses sentiments, mais comprendrait-il ?
Tu vas peut-être être déçu, frangin, mais je n'ai pas de secret à te confier. Entre le boulot et la famille, je n'ai pas le temps de faire des cachotteries, tu sais ?
Un sourire fatigué aux lèvres, il ricana un peu pour donner plus de poids à sa déclaration, espérant que Ryujin le croirait. Lui mentir ainsi ne lui faisait pas plaisir, car ils étaient effectivement frères, mais il n'avait pas le choix. Il devait se protéger, préserver sa famille et l'homme qu'il aimait un peu plus chaque jour. Et puis, depuis le temps qu'il leur servait les mêmes mensonges, il ne culpabilisait plus tant, il avait l'habitude, devenait naturel en parlant de son amour incommensurable pour sa femme et de sa fidélité envers elle.
Son cadet continua avec ses questions, se demandait si devenir ami avec ses élèves n'était pas risqué, s'il n'allait pas avoir du mal à les laisser partir quand ils n'auraient plus besoin de lui. La réponse à cette question était facile : pour n'importe quel élève, il saurait s'en remettre très facilement, serait même content pour eux. Mais Slaw... il n'osait même pas imaginer le jour où il n'aurait plus l'excuse d'être son professeur pour se glisser dans ses draps. Il espérait qu'ils trouveraient un autre moyen pour se voir, mais ce n'était pas certain, alors en attendant il s'efforçait de ne pas penser à ce jour inévitable.
Où veux-tu en venir ? Je ne sais pas encore, je verrai bien ! Il sera facile de laisser partir certains et je continuerai à être en contact avec d'autres, c'est tout. Pour ceux qui feront carrière dans la musique, j'imagine qu'on se croisera de temps en temps. Et si m'investir un peu plus dans l'apprentissage de Slaw lui permet de faire une belle carrière, je ne vois pas pourquoi je le regretterais, je serai heureux pour lui au contraire.
Cette fois, Kami avait parlé un peu sur la défensive, ne comprenant pas pourquoi son frère s'intéressait tant à ses cours particuliers et ses relations avec ses élèves. Il avait l'impression que Ryujin essayait de lui faire avouer ses sentiments pour Slaw, qu'il avait cramé leur relation et espérait que son aîné se confie à lui spontanément. Mais pourquoi le ferait-il ? Ils ne se confiaient plus rien depuis leur adolescence, depuis qu'ils avaient grandi et que leur relation fraternelle avait évolué en une relation moins fusionnelle. Parfois, Kami se demandait même s'ils continueraient à se fréquenter si leurs noms de famille n'étaient pas les mêmes, s'ils seraient restés amis s'ils n'avaient pas été frères.
Pourquoi cet intérêt soudain envers mes cours ? Je ne comprends pas ce que tu cherches à me faire dire...
Poussant un soupir, il ferma brièvement les yeux, sentant la fatigue peser sur ses épaules. Il avait envie de prendre congé de sa famille, de sauter dans sa voiture et de rentrer chez lui pour dormir. Enfin, non. Il avait envie d'aller chez son amant et de se lover contre lui pour passer la nuit dans ses bras, mais c'était impossible, alors il se contenterait de ceux de sa femme en imaginant qu'il tiendrait contre lui le corps délicat de Slaw. Mais partir comme ça au milieux d'une conversation aussi étrange ne ferait que prouver sa culpabilité, et ce serait irrespectueux envers ses parents. Alors il ouvrit les yeux et les posa sur Ryujin en attendant sa réponse.
ootd - Effectivement, la situation n'était pas la même entre un professeur avec ses élèves et un avocat avec ses clients. Kami passait énormément de temps avec ces adolescents dans l'espoir de leur apprendre au mieux à jouer d'un instrument et sûrement d'en faire un métier, d'un rêve une réalité. Alors que dans son cas, il se contentait de défendre les personnes qui l'employaient, d'empocher le chèque à la fin du procès et bye bye.. à jamais dans le meilleur des cas. Même s'ils vivent dans deux mondes différents, à pratiquer deux métiers différents, Ryujin tient quand même à avoir ce « lien » avec son aîné. ça n'a jamais été le grand amour entre eux, rien de plus que deux étrangers partageant le même sang et il trouve cela dommage de ne pas partager davantage que des « bonjour » ou « au revoir ».
à son grand regret, Kami n'a aucun secret à lui confier. Aucune information qu'il ignore, bien qu'il se doute ne rien savoir de précis sur lui. Le châtain lâche un léger soupir, tout de même déçu de l'apprendre. Il n'a donc que la famille et le boulot dans sa vie? Il ne peut pas ne pas le croire s'il lui dit. Ryujin n'est pas le genre d'homme à s'inventer des histoires ou à croire que son interlocuteur lui ment. Reprenant un sourire aimable, l'avocat hoche doucement le menton pour acquiescer.
« Je vois. Se contente-t-il d'ajouter pour clore le sujet et ne pas embêter plus son grand frère. »
Ryujin se demande si ce n'est pas difficile de laisser un élève s'envoler de ses propres ailes, de ne plus être son professeur et de n'avoir plus rien à voir avec lui ou elle. Encore une fois, ce n'est pas un truc qu'il peut comprendre puisque ses affaires de défense ne sont pas semblables aux cours donnés par son frère. Il ne tisse aucune amitié avec ses clients, rien de plus que des rendez-vous professionnels. Dans un sens, il peut comprendre l'attachement de Kami avec ces jeunes, à force de les voir, de discuter avec eux, de leur enseigner ce qu'il aime. Bref, cela n'a rien à voir avec son propre métier d'avocat.
Où il veut en venir? Le châtain hausse les épaules comme pour dire « nulle part » tout en restant naturel face à son frère aîné. Sa réponse est plausible et compréhensible. Certains seront plus faciles à lâcher que d'autres. S'ils parviennent à s'en sortir dans le monde de la musique, dans ce cas ils se croiseront sûrement à l'avenir. Ryujin est satisfait des paroles du plus vieux, hochant une nouvelle fois sa tête avec une légère esquisse.
« J'espère qu'ils parviendront à faire carrière. Pour ceux qui le souhaitent, comme ce Slaw. S'ils échouent, c'est vraiment qu'ils n'étaient pas faits pour ça. Un compliment glissé subtilement. »
Même si Kami lui cache quelque chose par rapport à ce Slaw, Ryu ne peut le forcer à parler ou à avouer. Si un jour il veut parler, se confier, alors il ne sera pas très loin pour l'écouter. En attendant le cadet cesse de piocher dans le vide, face à un mur inébranlable, aussi dur que du fer. Malgré tout, l'avocat est déçu de ne plus avoir un lien fraternel avec lui depuis un certain temps, comme si l'âge adulte avait eu raison d'eux. Kami s'interroge sur les intentions de son frère mais celui-ci se contente d'un beau sourire avant de lâcher une excuse vague.
« Je voulais simplement avoir des nouvelles de mon grand frère. Je ne cherche rien à te faire dire, rassure-toi. Fit-il, un brin hypocrite pour taire ses doutes et ses interrogations. Mais si tu as vraiment quelque chose à me dire... Lance-t-il au hasard, en accordant un simple coup d'oeil à son aîné. Enfin, ça ne paraît pas être le cas. »
Il bat en retraite, laissant l'autre souffler et respirer en toute impunité sans tenter à nouveau d'envahir son espace privé. Il en a déjà beaucoup fait durant cette poignée de minutes. Voyant la fatigue sur le visage du professeur, le plus jeune s'avança vers le centre du balcon avant de se tourner vers lui.
« Tu es crevé, ce ne serait pas bon de te retenir davantage. Angela risque de m'en vouloir. Un rire presque inaudible s'échappe de ses lèvres étirées. Rentre chez toi, Kami. Ta famille t'attend sûrement. »
Ce n'est pas dit pour lui rappeler ceux qui sont derrière lui, qui comptent sur lui mais plutôt parce qu'il paraît vraiment au bord de l'évanouissement. De toute évidence, il n'a plus rien à lui dire pour l'instant. Peut-être une prochaine fois, si jamais il tombe encore sur les deux acolytes par hasard comme la fois dernière.
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family... first ?
