hard time // Ishihara Akiharu

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OOTD ❈ Ce n'était qu'un rhume. Alors pourquoi se retrouve-t-il dans cette position? Allongé dans son lit, la jambe surélevée par des coussins et une mine affligée sur le visage? Un simple rhume, hein. La fièvre a pointé le bout de son nez un matin, après des heures à travailler sur un gadget dans son atelier se trouvant dans le garage. Des heures dans le froid, seulement vêtu d'un pull et d'un manteau qui n'avait pas suffit à le préserver des premiers symptômes. Puis il a commencé à avoir mal à la gorge et à tousser, vidant des boîtes de mouchoir à force de se moucher sans arrêt. Il ne voulait personne à ses côtés, gardant égoïstement ses microbes pour lui. Une façon de préserver son entourage, famille d'accueil et amis compris. Ils ne sont pas nombreux, ils se comptent sur les doigts d'une seule main. Fumiya aurait voulu être là pour lui rappeler de ne pas trop en faire, de faire attention à sa santé ou que sait-il des plus ennuyants. Quant à son frère jumeau, Akiharu... Il l'ignore. Ce serait-il seulement inquiété de le savoir enrhumé? Qiao Lan n'a préféré n'en toucher aucun mot, prétextant une occupation le tenant loin de lui et de son frère.

Sauf qu'il doit admettre que, sur ce coup-ci, il ne peut feindre davantage et les tenir à l'écart. Après deux jours à les ignorer ou donner des réponses brèves pour expliquer son absent, il a dû dire la vérité à son meilleur ami. Petit rhume, hein. Chute dans les escaliers plutôt. Un manque d'attention de sa part, une légère maladresse qui lui a coûté une cheville foulée et quelques hématomes par-ci par-là. La vérité est moins belle et il le sait. Rien à voir avec des nuages dans le cerveau, il n'est pas assez distrait pour louper une marche. C'est son corps qui en a voulu ainsi, le trahissant d'une manière si lâche. Une jambe qui refuse d'agir à sa guise, une perte d'équilibre et le résultat est là. Allité. Immobilisé. Démoralisé.

Qiao Lan attend sa sentence, il sait que ses amis vont débarquer sous peu. Fumiya ou Akiharu, ou les deux, ou l'un ou l'autre. Peu importe. Ils seront là tôt ou tard pour s'assurer de sa survie et cela l'embête. Dans le sens où il ne veut pas se montrer faible, ni laisser paraître sa douleur. Hélas il a mal. à chaque partie ayant rencontré les quelques marches de cet escalier menant à l'étage où se trouve sa chambre. Et il se maudit, lui, et cette fichue chose qui l'a amené là. Dans cette situation inconfortable, à bouquiner un magazine plutôt qu'être dans son atelier dans l'intention de progresser dans ses inventions et autres réparations.

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OOTD ❈ Ding dong.

En cette heure, les jumeaux affichaient chacun une expression faciale tout à fait en harmonie avec leurs caractères respectifs. Les traits de Fumiya étaient peints d'une inquiétude sincère, tandis que ceux d'Akiharu étaient crayonnés d'une irritation contenue. Deux hautes silhouettes -l'une plus que l'autre...- élégantes dans l'encadrure d'une porte ouverte sur une femme que le cadet ne connaissait pas mais qui les fit entrer chez elle avec sourire et bon cœur. C'était la première fois que l'artiste de la petite bande posait un pied ici : la maison de Qiao Lan. Sa maison d'accueil.

Rarement à l'aise avec les inconnus, Akiharu se tenait comme à demi caché derrière le mètre 78 de son frère qui prononça les politesses d'usage pour eux deux. Le plus jeune se contentant d'un « Bonjour, madame. » un peu raide... où s'égarait un fin pinceau de maladresse. Cette dame n'était pas sa mère mais l'effet lui fut tout de même étrange de la rencontrer. Ce chic jeune homme avait beau l'air d'humeur désagréable, il n'en avait pas moins posé des yeux curieux tout autour de lui depuis son arrivée, passant même la façade de la bâtisse sous son regard observateur quand ils en étaient encore à patienter dehors.

C'était donc là qu'il vivait depuis ses 14 ans…

Sitôt révélé l'emplacement de sa chambre, son malaise s'envola au rythme de ses pas à la cadence agacée et impérieuse. Après un remerciement poli énoncé en chœur avec son jumeau, cette fois, ce fut Akiharu qui prit les devants pour monter droit à l'étage. Talonné de près par sa moitié biologique qui percevait sans peine l'état d'esprit dans lequel il était plongé.

- Aki, s'il-te-plaît, sois gentil. Je te rappelle que sa chute dans cet escalier aurait pu résulter à pire qu'une entorse du pied.
- Je sais. se contente-t-il de répondre sur un ton sec.
- Et il est encore fiévreux. Ménage-le, veux-tu ?

Pour toute réaction, Akiharu colla un sac de course dans les bras de Fumi qui se vit, par ce geste, expédié in extremis en direction de la cuisine et retardé de quelques minutes au chevet de son meilleur ami. En échange, le cadet se vit recommandé de ne pas ouvrir la porte à la volée. Sait-on jamais, il pourrait se trouver derrière, une béquille sous le bras, et le blond souffrait déjà assez comme ça... Fumiya avait raison, bien entendu. Toutefois, arrivé à destination, l'illustrateur n'eut pas l'indulgence de s'annoncer en toquant à la porte avant de faire irruption sur le territoire personnel de l'ingénieur. Le voilà, le convalescent... Alité. Immobilisé. Désœuvré. Porte lentement close, Akiharu s'était approché en silence, du reproche dans ses pupilles qui ne manquèrent pas de faire le voyage depuis ses cernes jusqu'à sa cheville bandée en passant par son nez rougi. Cette vision lui fit de la peine et raviva l'inquiétude qu'il avait ressentie en apprenant la chute de Qiao Lan. Sans trahir toute l'étendue de son tracas, néanmoins.

- Traitre. Egoïste. Menteur. Préambule récité en murmure, yeux dans les yeux. Avant que le châtain ne se détourne pour s'asseoir sur la chaise devant le bureau de l'aîné, bras et jambes croisés, sac abandonné à son côté : Tu as moins de cinq minutes pour te justifier avant que Fumi ne monte nous rejoindre. Pourquoi nous as-tu menti ? Pourquoi prétendre être trop occupé pour nous voir alors qu'en réalité tu es malade ? Bien que rude, il n'y avait pas de reproche réel dans son ton, en vérité.

Akiharu n'était pas content de ces cachotteries sur sa santé. Mais il réprimandait l'alité, ici présent, comme le ferait n'importe quel ami.

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OOTD ❈ Il y a bien des choses qui embêtent le cérébral, en réalité. Il se montre toujours très fermé, très froid et très peu sociable, voire totalement désintéressé de tout et de tout le monde. Cependant, il lui arrive d'éprouver des sensations désagréables comme l'ennui, l'irritation légèrement due à un événement inhabituel et qui ne dépend pas de lui. Être malade, inquiéter son entourage, se blesser, donner la sensation d'être pitoyable, devoir dire à tout va que ça va. Ce sont des choses dont il se passerait bien. D'où la raison de son silence radio, de ses excuses bidons pour ne pas voir les Ishihara dans son état actuel. Il se doute, car il les connaît bien, que les jumeaux ne seront pas ravi en sachant la vérité. Enrhumé? Ce n'est rien. Pour eux. Pour Qiao Lan, c'est le début des emmerdes qui commence. Des remontrances, des préventions, des sentiments partagés et mitigés, des envies d'aider jusqu'à l'agacement de la situation. Bref, tout ce qu'il n'aime pas.

Sa famille d'accueil est gentille, ils sont au petit soin pour l'ingénieur et cela sans poser trop de question. Ils lui amène à manger à chaque repas, l'aide pour sa toilette si c'est nécessaire et ne cherche pas à prendre de son oxygène en s'introduisant dans son espace vital. Un juste milieu entre prévention et respect de la vie d'autrui. Ce qu'il apprécie fortement, surtout en étant alité et la tête lourde comme si son cerveau était devenu roche dans la nuit. La petite femme du foyer l'a gentiment prévenu quand la sonnette à retenti dans la maison, avant d'aller ouvrir aux frères Ishihara. De ce fait, le convalescent a pu se préparer plus ou moins à la foudre qui allait s'abattre sur lui d'ici peu. Un coup de tonnerre, une tempête dont il sait les vents violents et les averses brutales.

La porte s'ouvre sans prévenir, sur un garçon à la mine irritée, au regard plein de reproche. Les pupilles du bicolore se sont détachées de son magazine pour se porter sur le jeune artiste, le détaillant rapidement et sans vraiment s'attarder. Qu'a-t-il à lui dire? à part le traiter de divers mots décrivant à merveille sa contrariété. Qiao Lan l'écoute sans ouvrir la bouche, il se contente de l'observer en gardant ses lèvres closes. L'esthète tire une chaise pour s'asseoir, avant de se lancer dans une morale qui afflige lentement l'ingénieur.

« Justement pour ce genre de réaction. Dit-il en soupirant et en déposant le magazine sur sa table de chevet. Qu'est-ce que vous aurez bien pu faire en sachant que j'étais malade? Rien. à part rester à l'écart. Pour ne pas chopper sa crève. Chose que vous devriez toujours faire. Finit-il par ajouter. »

Il n'est pas encore guéri, son rhume pourrait se transmettre à ses amis et il refuse d'être la cause de leur mal.

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OOTD ❈ Oui, la tempête couve. Vents violents séquestrés dans un corps trop étroit pour eux, tourbillonnants en lui, provoquant des remous dans ses iris tumultueux et crispant ses muscles dans leurs efforts pour contenir le raz-de-marée. Ces yeux fixaient l'alité pour essayer de déterminer ce qu'il serait capable de supporter ou non dans l'état de faiblesse actuelle à laquelle il était en proie. Bien qu'énervé, l'esthète n'avait pas l'intention d'épuiser encore plus le blond au risque de finir par le voir tourner de l'œil à cause de la fièvre aggravée. Non, il n'était pas là pour empoisonner son atmosphère. Mais la réponse stoïque et froide de l'ingénieur lui fait pousser un soupir nasal asséché...

Qiao Lan ne faisait ni dans la dentelle ni dans la meringue. Solitaire, renfermé, plus accoutumé à repousser la compagnie qu'à la tolérer, sa réaction butée ne devrait pas l'étonner. Akiharu n'appliquait les limites du respect de la vie d'autrui qu'à lui-même ou, sinon, uniquement lorsque cela lui chantait. Autrement, il n'en connaissait pas les règles et passait plutôt son temps à les transgresser. Cette notion lui était donc devenue étrangère. D'où son irruption sans prévenir. D'où sa manière de s'asseoir sans permission. D'où sa façon de remonter les bretelles d'un ami qui avait besoin de repos et de calme. Mais c'était aussi par énervement qu'il agissait ainsi car, en temps normal, il aurait été un peu plus circonspect en faisant son entrée au sein de la pièce la plus intime du féru de robotique.

- Qu'en sais-tu que nous ne puissions rien faire pour ton rhume, espèce de bloc de glace de 10 tonnes? S'il savait tous les synonymes qu'il avait envie de lui sortir en cet instant précis. Navré que ma réaction t'ennuie, darling, mais c'est justement ton mensonge qui l'a provoqué. Fumiya se montrerait plus compréhensif et pas aussi impulsif, lui. Nous ne chopperons pas ta crève en une seule visite. Ou si... Mais là, Aki était persuadé que non. Donc laisse-nous l'opportunité de nous inquiéter pour toi et de venir te changer les idées pendant ta période de convalescence. C'est ça le rôle des amis quand on est malade. Assume-nous. Point.

Dire qu'à la base, il n'est pas là pour l'assommer à coups de monologues...

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OOTD ❈ Le chinois n'est pas du genre à surjouer, à faire semblant ou à vouloir capter l'attention d'autrui. Cela, Akiharu devrait déjà le savoir. Il ne devrait même pas s'énerver contre lui en sachant le tempérament froid et stoïque de l'ingénieur. Et pourtant. à voir ses iris embrasées et à l'entendre souffler par le nez, il n'est clairement pas du même avis que son aîné. Celui-ci a répondu d'un ton neutre, il a été clair et net dans ses paroles mais il se doute que, quoi qu'il dise, les mots n'arrangeront pas l'état de l'artiste. Alors il attend. Comme on attend la pluie ou le mauvais temps en voyant les nuages gris qui s'amoncellent au-dessus de nos têtes. Espèce de quoi? Qiao Lan n'est pas étonné par les paroles de ce garçon, il a entendu bien pire tout au long de leur amitié. Ou avant d'être ami, quand il ne l'aimait pas. Le traiter de bloc de glace est assez gentil, au moins ne lui souhaite-t-il pas de mourir dans son rhume.

Le blond roule des yeux, visiblement ennuyé par les remontrances de son cadet. Où est Fumiya? Où se trouve donc son sauveur capable de calmer la tornade qu'est son jumeau? Akiharu semble si certains de lui que l'ingénieur pourrait le croire, sauf qu'aucun des deux n'est médecin pour le savoir. Et parfois il suffit d'une fois.

« Qu'en sais-tu que vous ne pourriez pas l'avoir du premier coup? Il reprend les mots de l'esthète avec une malice peu commune. Maintenant que tu es là, avec ton frère, je ne peux plus vous refuser. à son grand malheur, il doit l'assumer. Pas besoin de te dire de faire comme chez toi. »

Ses aises semblent déjà toutes prises. Le décoloré se contente d'un haussement d'épaule comme s'il se fichait que le plus jeune soit à l'aise dans cette pièce. Si seulement ce n'était qu'un rhume, malheureusement c'est bien plus que ça. Ses yeux se portent sur sa jambe, toujours aussi fermé et inexpressif. Les frères Ishihara s'inquiètent sûrement plus pour lui qu'il s'inquiète pour lui-même.

« Où est passé Fumiya? Demande le cérébral en zieutant la porte close comme s'il allait se pointer à tout moment. »

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OOTD ❈ Akiharu eut une belle mine prise au dépourvue sous cette élocution renvoyée avec une malice peu commune chez Qiao Lan... Oui, bon, d'accord, il l'ignore en vérité. Il n'est pas doté d'un pouvoir de voyance. Toujours est-il qu'ils n'attraperaient pas son rhume aujourd'hui. Parce que... Parce qu'il faudrait être bien malchanceux pour être contaminé de la crève d'un proche dès le premier jour !

- Soit, je l'ignore, mais cela ne nous arrivera pas quand même. Le premier jour, nous sommes immunisés. Règle universelle. Monsieur l'avait décidé donc il en serait ainsi. Plus qu'à espérer qu'il ne soit pas bientôt pris d'éternuement après ces bêtises ou il aurait l'air fin. Je te remercie de nous accepter si aimablement sous ton très humble toit d'inventeur. réplique-t-il avec esprit de taquinerie sous esquisse de sourire tandis que l'orage s'estompe petit peu par petit peu. Je dois dire que ta chaise est un peu raide, cela manque de coussin, ici. Il adopte simplement une expression innocente, assis sur "sa” chaise, avec cet air de diva masculine qui prend ses aises où il le souhaite.

Tout en commençant à préciser au scientifique "désespéré" que son frère est à la cuisine et qu'il ne va plus tarder, Akiharu se relève dans l'optique de changer la chaise de place lorsque le chimiste tant désiré  les rejoint finalement en ayant la courtoisie, lui, de toquer à la porte avant d'entrer. S'apercevant qu'il est accompagné par un des deux parents d'accueil qui avait eu la bonté de lui monter une chaise, le cadet s'éloigne lentement et ne se rapproche pour s'asseoir à côté de son jumeau qu'une fois l'inconnu reparti. Les deux garçons s'installent au bout du lit de l'ingénieur pour lui épargner un éventuel torticolis en l'obligeant à garder la tête pivotée vers eux s'ils prenaient place dans un coin de la chambre.

Désormais au grand complet, Fumiya termine de s'installer et porte son regard sur son meilleur ami alité avec une attitude plus posée et visiblement soucieuse que celle de son jumeau. Alors, il lui pose une question qui brûlait la langue des deux frères sans que le premier n'ait encore pris le temps de la formuler, tout à ses remontrances prioritaires :

- Salut. Comment tu te sens ? L'artiste et le chimiste braquent leurs yeux sur le convalescent. Puis l'aîné fait un bref mouvement du menton en direction de son cadet. Il t'a un peu épargné, au moins ?
- Moh, il n'est pas assez mal en point pour manquer de répondant donc c'est plutôt rassurant. Il n'y a rien à craindre, tu vois bien que je ne l'ai pas achevé. répond Akiharu en haussant les épaules, mine de rien. Son attitude provoque un roulement dans les yeux de Fumiya.

Non, Qiao Lan était bel et bien toujours en vie. La petite réunion du trio pouvait ainsi commencer. Deux jours étaient passés depuis que leur ami s'était absenté. Un délai pas bien long, d'autant qu'il leur avait donné des signes de survie avant d'avoir son accident. Mais Akiharu n'avait pas autant de facilité que son double à digérer les cachotteries de l'ingénieur. Fumiya ne lui en voulait pas. Akiharu, si. Fumiya comprenait son besoin de paix dans son déplorable état de santé. Akiharu n'aimait pas qu'il le tienne à l'écart...

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OOTD ❈ Immunisé? S'il était plus expressif, il en poufferait de rire tellement c'est ridicule. à la place il lève les yeux au ciel, l'air de dire que c'est n'importe quoi et qu'il n'y croit pas. Comment pourrait-il croire à une bêtise pareil? Qiao Lan n'a aucune envie de débattre ou de se chamailler avec son ami, ça serait qu'une perte de temps et il se fiche totalement d'avoir le fin mot dans cette histoire de maladie transmissible d'une manière ou d'une autre, du premier ou deuxième coup.

« C'est une chaise, pas une fauteuil. Réplique le décoloré, n'ayant pas pour but de défendre son mobilier. Ce n'est pas une chambre d'artiste, il n'y a pas le confort souhaité par son cadet. »

Fumiya pourrait être le seul à le sauver dans ce genre de situation, pourtant il n'est pas aux côtés de son frère jumeau. A-t-il trouvé mieux à faire que supporter son ami dans cette difficile épreuve? Qiao Lan lance des coups d'oeils discret vers la porte close de sa chambre dans l'espoir de la voir s'ouvrir sur le second Ishihara. C'est peu de temps après sa question que le scientifique débarque, accompagné de la petite femme du foyer. Qiao Lan, aussi fou soit-il, tente une petite esquisse envers cette personne pour la remercier de son aide.

Maintenant que Fumiya est là, le Chinois peut se relaxer complètement et ne plus se prendre la tête avec le plus jeune des Ishihara. Les deux s'installent face à lui, au bout du lit où il a élu domicile depuis quelques jours. Si l'un a défoncé la porte sans un bonjour, l'autre demande comment il se sent. Qiao Lan sait qu'ils s'inquiètent tous les deux, mais qu'ils ont des manières différentes de le montrer.

« Je vais bien. C'est vrai, ce n'est pas la fin du monde non plus. ça aurait pu être pire. Autant relativiser, Akiharu n'a pas été horrible non plus. »

L'ingénieur lance un regard à l'esthète qui a pris la parole aussitôt, répondant presque à sa place. S'il répond, c'est qu'il va bien. Alors pourquoi sont-ils ici? Qiao Lan ne dit plus rien, il revient se murer dans son silence habituel en observant les jumeaux devant lui. Ce n'est pas une situation qu'il connaît, c'est même plutôt étrange à gérer dans son cas. Normalement personne ne s'en fait pour lui, si ce n'est sa soeur.

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OOTD ❈ « Je vais bien. » que sort le convalescent une fois les jumeaux installés face à lui sur leurs chaises. Si le premier des frères se contente de cette réponse en acquiesçant, à l'écoute de son meilleur ami sans se montrer intrusif, le deuxième en revanche le fixe pendant un moment sans faire la moindre remarque. Il est tombé dans les escaliers, se trouve cloué dans son lit loin de ses machines, la cheville plus douloureuse que ses hématomes mais il va bien ?

Akiharu soupire discrètement puis se penche sur son sac pour en sortir deux masques sanitaires : un pour lui, un pour Fumi. L'illustrateur comprend le point de vue de l'ingénieur. Il va bien dans le sens où il est là, vivant, en mauvaise santé passagère. Il va s'en remettre et il n'y a pas à se faire plus de mouron que nécessaire. Ce n'est qu'une mauvaise passe, rien de grave ne lui est arrivé, certes. Qiao Lan n'est pas du genre à se plaindre sur son sort, il encaisse ce qui lui tombe dessus et se tait en laissant le temps soigner ses contusions.

« Que pourrait-il faire de plus ? »
Était l'une des questions qu'il était susceptible de se poser.

- Content de savoir que tu vas bien. Tu nous as fait peur lorsque tu m'as appelé à propos de ta chute dans les escaliers. Tu sais pour combien de temps tu en as ? demande-t-il à propos de sa cheville qui l'immobilise et l'empêche de se déplacer à son gré.

Tandis que son aîné se livre à ces sollicitudes amicales et non envahissantes, l'esthète se lève. Lan avait été déterminé à les maintenir à l'écart pour leur bien et pour les préserver de ses microbes. Son attitude avait été protectrice. Ce fut ce-même esprit-là qui anima Akiharu pour prendre des initiatives que son partenaire de projet n'allait pas aimer du tout et, de ce fait, il y avait presque une lueur de défi dans le regard du châtain. Comme s'il disait : « Ose me repousser pour voir. »

L'instant d'après, il était assis directement sur le bord du lit de Qiao Lan avec un simple « Ne bouge pas. » comme unique indication. Aussi délicatement que s'il craignait de briser du verre déjà fragilisé, il glissa simultanément une main sur son front et l'autre contre sa nuque. Après de courtes secondes, constatant la fièvre de son ami sous ses paumes, Akiharu se relève pour sortir de la chambre sous le regard un rien souriant de son jumeau. Bien content de ne plus être le seul à faire les frais de ses réflexes attentifs même quand il ne demandait qu'à guérir en paix, à son rythme.

- Je vais te chercher des compresses fraîches. se contente-t-il de révéler de ses pensées et de ses intentions avant de refermer la porte derrière lui.

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OOTD ❈ à quoi s'attendaient-ils d'un garçon aussi fermé que le Chinois? Il ne va pas se plaindre ou dire qu'il a mal, qu'il ne va pas bien, que c'est évident que ça ne va pas. Non. Qiao Lan va se contenter de ce « je vais bien » d'où aucune émotion ressort et affronter le regard accusateur de l'artiste, puisque son meilleur ami accepte ses mots faussement réconfortant. L'ingénieur sait que c'est plus facile avec Fumiya qu'avec Akiharu, à une époque il s'en moquait bien des piques et des remarques du jumeau diabolique mais aujourd'hui tout est différent. Il paraît plus inquiet qu'à l'accoutume, plus réfractaire à ses excuses et bien plus capable de l'inclure dans sa vie que par le passé.

Bien sûr qu'il leur a fait peur en parlant de sa chute, bien que ce ne soit rien de grave. Qu'une cheville foulée, rien de cassé, rien qui ne puisse pas guérir à l'avenir. Ce n'est qu'une question de temps pour qu'il se remette debout sur ses deux pieds. Un temps où il va devoir subir et supporter les remontrances de l'esthète. à côté le scientifique est plus cool, plus relaxe, ou alors il ne dit pas tout. Fumiya a toujours été moins compliqué à cerner que son frère, une personnalité que le plus vieux à su saisir avec le temps.

« Une semaine ou deux. Peut-être plus s'il ne fait pas attention et empire le problème. »

Ce n'est pas le genre du bicolore de vouloir surmonter son état et désobéir aux conseils du médecin pour une quelconque raison. Il sait qu'il doit rester au lit, dans ce cas il restera bien au lit. S'il discute sagement avec son meilleur ami, Qiao Lan garde un oeil sur le second qui ne dit rien de particulier. ça ne lui ressemble pas, lui qui aime se plaindre et faire des reproches. Or, il se ramène sur le bord de son lit en lui ordonnant de ne pas bouger. Le Chinois se tient tranquille, lèvres closes et les yeux rivés sur le visage du plus jeune. A-t-il vraiment besoin de ça pour confirmer son état fiévreux? à moins qu'il en doute? Difficile à comprendre mais il le laisse faire et partir, dans l'intention de chercher des compresses fraîches. L'ingénieur attend que la porte se referme pour darder son regard sur l'autre frère.

« Est-il toujours comme ça? Qu'il demande à Fumiya en soupirant. Je ne vais pas mourir, sérieux. Lâche-t-il en soufflant encore, toujours plus las que jamais. »

Akiharu a sûrement raison de s'inquiéter, Qiao Lan fait exprès d'ignorer son propre état de santé. De toute manière, même s'il voudrait s'en faire pour lui-même, rien ne pourrait le soigner. Rien, ni personne. Et c'est une réalité qu'il ne veut imposer à aucun de ses proches, ni voir en face avec des examens médicaux. Il a un rhume, une entorse et c'est tout.

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OOTD ❈ Évidemment, ce « je vais bien » ne satisfait réellement aucun des deux frères venus visiter leur ami blessé pour s'assurer qu'il survivait dans son immobilité forcée et lui faire un peu de compagnie familière le temps d'une heure ou deux avant de le laisser se reposer. Ils ont tous deux conscience qu'il va mal. Sauf que l'un est plus conciliant que l'autre, plus respectueux de son choix de s'en tenir là et plus adepte de la notion de discrétion ou de réserve qui échappe au second. La présence de Fumiya était nécessaire pour détendre l'atmosphère qu'Akiharu avait le don de mettre si aisément sous tension.

Le souci avec ce dernier, c'était qu'il imaginait tout. Il s'était représenté la chute du blond, heureusement pas bien haute, dans les marches. Il se l'était figuré à se tenir un pied gonflé entre les mains, des traces de souffrance sur ce visage habituellement inexpressif. A présent qu'il l'avait sous les yeux, il parvenait à percevoir sa perte de moral et cherchait sans le montrer les hématomes sous ses vêtements. Fumiya, lui, avait la décence de s'abstenir de partir à ce point dans les détails au sens approfondi du terme.

- Ça fait long. Répond le chimiste avec une grimace sincère. Nous passerons te voir de temps en temps avec Aki. Tu ne te morfondras pas tout seul dans ta chambre H24, promis. Ajoute-t-il avec un sourire de compassion pour son meilleur ami. Si jamais tu as besoin que nous t'apportions quelque chose, dis-le nous. Okay ?

Akiharu en était à vérifier la température du blond, à ce moment-là. Qiao Lan était peut-être un peu plus fiévreux qu'il ne se l'était figuré de prime abord. Pas si étonnant qu'il ait été dans les vapes au point de louper des marches... -Quoique ?- Sa peau contre ses paumes était très chaude tandis qu'il fixait son front comme si sa température corporelle allait s'afficher d'une seconde à l'autre en degrés Celsius sur sa cornée. Pour sa part, il se serait attendu à ce que le cérébral ait un mouvement de recul ou un geste pour retenir ses poignets au vu de sa réticence à les laisser l'approcher. Mais il n'en fit rien. Le Chinois était resté sagement immobile à le regarder faire. Trop fatigué pour opposer une résistance ou résigné à ce que le châtain n'en fasse qu'à sa tête.

- Dis-toi que déjà il n'aime pas quand je me fais une simple coupure. S'amuse Fumiya sous les soupirs las de Qiao une fois que son frère est parti en quête des compresses. Vous vous êtes rapprochés tous les deux. Et vu l'état dans lequel tu es, je te prédis que c'est que le début de "ton calvaire", là. Décidément, il est ravi que ce soit Lan, pour une fois, qui fasse les frais des soins de son double. Je te souhaite bien du courage.

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OOTD ❈ Qiao Lan n'est pas stupide, il sait que ses amis s'inquiètent pour lui, même si l'un le montre plus que l'autre. Le calme de Fumiya est agréable à côté de la pression qu'exerce son jumeau. Akiharu n'est pas méchant, il a sa façon à lui de réagir et qu'exagérer les choses quand il n'y a pas besoin de le faire mais c'est justement le truc agaçant pour l'ingénieur. Il ne lui demande pas d'être sur son dos, de lui reprocher ses silences ou quoi que ce soit d'autre. Simplement d'avoir la paix dans un moment déjà bien compliqué à supporter. Fumiya est plus conciliant, peut-être est-ce la raison du pourquoi ils s'entendent bien tous les deux. Car si Fumiya était dans son cas, il réagirait comme lui. Inquiet, certes, mais pas sur lui pour autant.

« Vous connaissez le chemin. Dit-il comme pour les inviter à revenir quand ils le désirent. Sans tension, bien évidement. Vous n'avez pas besoin d'être aux petits soins pour moi. Ajoute le cérébral en soupirant. »

Ils sont vraiment adorable et Qiao Lan ne peut pas leur reprocher de vouloir l'aider quand il ne peut rien faire, mais ça va. Malgré cette blessure, il n'est pas aux portes de la mort et peut très bien quitter son lit de temps en temps. Il le fait bien pour se rendre au toilette ou dans la douche.

L'inquiétude d'Akiharu est palpable, au point de le voir s'approche et prendre sa température. Le chinois n'a pas le coeur de se reculer -pour aller où?- ni de le repousser. à quoi bon être réticent quand il est résigné, sachant par avance que l'esthète serait intransigeant avec lui. Akiharu exagère vraiment, ce n'est qu'un rhume de rien du tout. Un mal de gorge, des éternuments, un nez qui coule toute la journée et quelques quintes de toux mais rien de bien dangereux en soi. Il ne va pas mourir pour ça. Heureusement que l'artiste s'échappe pour aller chercher des compresses, laissant ainsi le plus vieux avec son meilleur ami.

« Ce n'est qu'un rhume. Et une cheville foulée. L'air de dire que ce n'est rien. Raisonne le. Je ne vais pas mourir. Ordonne-t-il à moitié à son cadet. »

Il va survivre, vraiment. Rien que de savoir que l'illustrateur va être sur son dos jusqu'à sa guérison lui donne davantage le bourdon. Il n'a rien contre Akiharu, il peut même dire qu'il commence sincèrement à l'apprécier comme il est, mais il y a des limites à franchir sa zone de confort.

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OOTD ❈ Depuis que  Qiao Lan était entré dans la vie de son jumeau, la personnalité de l'ingénieur et celle de l'illustrateur n'avaient fait que s'opposer l'une contre l'autre la majorité du temps. Invariablement, c'était toujours Akiharu qui provoquait les conflits, l'élément déclencheur venait de lui. Néanmoins, il n'était pas le seul à posséder un fichu caractère et si "querelle" il y avait c'était aussi parce que le blond n'était pas une branche de bois flexible dans son genre. Ils avaient pu trouver un terrain de cohabitation depuis mais les sociabilités en dehors de ce terrain restaient parfois aussi compliquées que par le passé au goût de l'esthète.

- Tu viens quasiment tous les jours à la maison. J'espère bien que je te manquerais si on ne se voyait plus pendant deux semaines. Ce pourquoi, en tant que meilleur ami, il avait bien l'intention de passer une fois par jour malgré les paroles du geek qui affirmait ne pas avoir besoin qu'ils soient aux petits soins pour lui. Tu sais, je le lui ai déjà dit à Akiharu que tu avais besoin de calme mais je n'ai pas réussi à le raisonner. Je peux refaire une tentative mais je ne te promets pas de miracle. Répond Fumi avec une mine désolée avant de disparaître à son tour de la pièce.

Quelques minutes plus tard, les jumeaux sont de retour. Sur la demande de son cadet, l'aîné des deux frères prit la charge de la petite bassine d'eau fraîche et vint la poser sur la table de chevet de l'alité en prenant garde d'évacuer son magazine de là d'abord. Puis, attrapant une première compresse improvisée par un fin tissu imbibé, il l'essora et commença à l'appliquer contre la nuque de son meilleur ami à qui il demanda de se pencher légèrement en avant. Pendant ce temps-là, Akiharu était resté campé sur ses hautes jambes à jauger le grincheux qui se plaignait de ses initiatives dans son dos, les bras en croix sur son buste de jeune bourgeois. Le message était passé et il était clair qu'il ne lui avait pas plu.

Encore une fois, ils étaient en désaccord. A nouveau, Qiao Lan dressait un mur devant lui. Pas infranchissable pour l'artiste mais le surmonter risquerait de ramener le blizzard dans la chambre. Le cérébral le rejetait sans le lui dire en face, manquant décidément d'honnêteté ces jours-ci. Contrairement à son double, le châtain avait franchement froid dans cette pièce. Et ce n'était pas une question de degrés Celsius. Le Chinois ne voulait pas d'aide alors qu'Akiharu tenait à lui en apporter une. Leurs ondes radio ne coordonnaient pas et se créaient des interférences grésillantes résultant en soupirs lourds du premier côté et en regards accusateurs du deuxième.

- Mets-le moi en mots. Dis-le moi en face parce que je ne percute pas. Pourquoi est-ce que cela te rend si ronchon que l'on veuille t'aider à faire tomber ta fièvre plus vite ? Tu aimes souffrir dans ton corps et avoir la tête comme du coton ? Si tu ne te sentais pas aussi mal, tu ne serais jamais tombé dans cet escalier. Soit tu ne te serais pas emmêlés les pieds soit tu aurais eu le réflexe de te rattraper. Comme il avait eu le réflexe de ne pas l'écraser sous son poids quand ils s'étaient pris cette spectaculaire gamelle en fac de science. C'est toi qui abuse de te plaindre pour quelques soins élémentaires.
- Aki, je t'ai demandé de l'épargner, non ? Il a besoin de repos et de quiétude, c'est tout. Ne cherche pas plus loin. En quoi ses attentions troublaient sa quiétude, à la fin ? Akiharu ne comprenait pas ça. C'est comme si tu lui bourdonnais en plein dans l'oreille, non-stop, alors qu'il avait une migraine carabinée. Donc calme-toi, s'il-te-plaît. Lan, tu n'as pas besoin de lui répondre. Quand son frère était à fleur de peau il ne fallait pas l'encourager.

Sauf que le peintre voulait des réponses et des franches de sa part. Alors entendre ça lui fit pousser un soupir net avant que ses jambes ne l'emmènent se rasseoir sur sa chaise et que ses yeux ne lui fassent mitrailler le sol de son air pensif.

|	hard time ; @ishihara akiharu

OOTD ❈ Il est vrai que Qiao Lan est un squatteur, toujours à rester chez les Ishihara pour passer son temps avec son meilleur ami, quand ils ne sont pas à l'école. C'est grâce à cela qu'il a su apprendre à connaître un peu mieux le frère jumeau, à force de rencontres répétées et de conflits pour diverses raisons. Des chamailleries, des prises de tête, beaucoup de vent et de paroles en l'air. Le Chinois a fait preuve de patience et des fois de désintérêt pour l'autre mais c'est différent aujourd'hui. Il ne regarde plus Akiharu comme un étranger, comme une nuisance capable de pourrir sa motivation et ses journées en présence de son meilleur ami.

« Tu ne peux pas le changer. Il est ce qu'il est, un garçon plein d'émotion. laisse. Ce n'est pas grave. Disons qu'il commence à avoir l'habitude des sauts d'humeurs de son cadet et de sa personnalité haute en couleur. »

Fumiya veut sûrement bien faire en raisonnant son frère mais le plus vieux sait à quel point c'est impossible à réaliser comme souhait. L'esthète est têtu, bien plus borné que l'ingénieur. Il ne lui demande pas non plus de l'arrêter, ni de le dissuader d'être à cheval sur sa santé. Ce serait peine perdue et dans le fond, ce n'est pas plus mal qu'ils soient là tous les deux. Qiao Lan ne l'avouera pas de vive voix mais il ressent cet étrange sentiment d'apaisement, en ce moment même. Akiharu de retour, il se fait à nouveau silencieux. Si l'un a ramené ce qu'il faut, c'est l'autre qui s'occupe d'agir. Il aurait pu le faire lui-même, pense le décoloré en sentant le tissu humide sur sa peau brûlante.

Qiao Lan ne fait pas exprès d'être ce qu'il est. Refuser les aides, rester à l'écart des autres, se cantonner dans son petit univers solitaire. Il l'a été depuis si longtemps, quasiment la majeur partie de sa vie. Fumiya est le seul véritable ami qu'il a rencontré depuis sa naissance et son amitié avec Akiharu est si récente qu'il ignore parfois comment agir avec lui. L'atmosphère n'est pas des meilleures et, pour une fois, cela n'est pas la faute de l'artiste mais bel et bien de l'ingénieur lui-même. Son cadet reprend la parole, assénant ses mots comme des coups de marteau. Que dire à cela? Il ne possède pas de réponse en vérité. Fumiya tente de s'interposer, de raisonner son frère mais Qiao Lan se doute par avance que c'est un dialogue de sourd. Il est le fautif de la mauvaise humeur du peintre.

« Faites ce que vous voulez. Finit-il par craquer, l'air toujours aussi neutre et presque absent. Son regard va de l'un à l'autre, sans animosité, rien. Il peut continuer à bourdonner, je vais bien finir par m'habituer à ça aussi. Et là, il bloque ses pupilles sur l'illustrateur. »

Qu'il continue, ce son s'ajoutera à la longue des autres qu'il a déjà appris à connaître et à reconnaître. Akiharu paraît si frustré à cet instant que le plus vieux n'a pas la force d'insister ou de garder le silence. L'honnêteté est sa force, pourtant il déteste argumenter.

« Je n'ai aucune envie que l'on s'inquiète pour moi, comme je n'ai jamais eu envie de m'accrocher à qui que ce soit. Lâche-t-il assez durement, sans le vouloir. Je me suis accroché à vous et maintenant vous vous inquiétez pour moi. Je ne peux plus rien y faire, ni pour vous, ni pour moi. C'est comme ça, il doit apprendre à vivre ainsi désormais et oublier ce côté solitaire. Je suis désolé de vous mettre dans cet état. Et il est sincère, cela l'affecte plus qu'il ne le pense. »

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OOTD ❈ Seul Akiharu était en proie à quelques sentiments furibonds dans cette pièce. Les deux autres étant, par nature, bien plus maîtres d'eux-mêmes. Si le plus jeune avait cette tendance à se sentir à part entre le chimiste et l'ingé-nieur, cet entourage de proches stables dans leurs émotions était bénéfique pour l'illustrateur qui avait besoin de fré-quentations aux caractères plus sensés que le sien. Plus réfléchis, mûris et pas si prompt à sortir de leurs gonds à la moindre contrariété telles de vieilles commodes qui en ont plus qu'assez de se faire déboiter les tiroirs. De retour, l'artiste délègue sa charge à son frère, jugeant le risque moins élevé de contrarier le mécano si c'était le chimiste qui passait la limite de sa polaire zone de confort. Les hivers rudes ne sont pas bons pour les roses.

Le peintre n'en avait peut-être pas l'air mais il n'avait pas envie de "bourdonner" aux oreilles du Chinois. C'était quelque chose de dérangeant, tel un parasite qui nous agresse les tympans et nous gêne de ses nuisances sonores tant qu'il ne disparaît pas. Il se passerait bien de lui inspirer ce genre d'image mais venant de quelqu'un qui avait l'habitude de vivre dans une paisible solitude très marquée, comment son attitude si protectrice pourrait-elle lui inspirer un sentiment plus agréable ? Le châtain est mitigé par de drôles de sensations contradictoires quand leurs prunelles se bloquent entre elles l'espace de très courtes secondes... Avant que l'esthète ne dévie à nouveau son regard vers le sol, ses joues et son cou en légère hausse de température, l'humeur adoucie malgré le côté peu réjouissant -à son sens- de ce que son ami venait de déclarer. Il s'y ferait... Comme il s'était fait aux autres défauts de l'artiste. Le blond était touchant dans sa sincérité et, surtout, dans son acceptation des travers de la personnalité d'Akiharu. Mais...


De son côté, par des signes discrets, Fumiya ne manqua pas d'inciter son cadet à appliquer la seconde compresse lui-même puisque c'était effectivement son initiative, au départ. Akiharu ne se fit pas prier, les deux Ishihara échangèrent de place sans que le plus jeune ne rechigne à reprendre la responsabilité qu'il s'était originellement donné. Les paroles de l'alité sont dures pendant que l'eastlandais se rassoit en silence près de son corps fatigué puis essore calmement le tissu, l'eau ruisselant tel un mini ruisseau au-dessus de la petite bassine. Malgré lui, le jeune homme ressent un pincement à cette énonciation très honnête. Ce rappel cru de la vérité. Néanmoins, le fait que Qiao Lan admette s'être accroché à eux également agit comme un baume sur cette entaille éphémère. L'aîné du trio avait fait un sacré chemin depuis qu'il était arrivé sur l'île...

- C'est pour te soulager que nous agissons ainsi. Nous n'aimons pas te voir souffrir et nous savons que nous pouvons t'aider un peu à aller mieux. C'est préférable que de ne pas agir du tout et de se contenter de laisser la maladie te voler ton énergie au rythme qu'elle aura décidé... L'artiste employait un ton bienveillant jamais ou rarement témoigner envers le dépigmenté auparavant. Ce n'est pas un mal que tu nous causes du mouron. Il releva les yeux sur ceux de Qiao. C'est normal, en fait, entre proches. De plus, cela prouve que nous tenons à toi. Tu t'es bien inquiété pour Fumi quand il allait mal. Mais tu as pu être là pour le soutenir au bon moment. Il fit une petite pause. C'est l'une des nombreuses facettes du lien que nous partageons. Peut-être même qu'un jour tu commenceras à ressentir de la colère parce que l'un de nous aura subi une injustice et que ça te révoltera de l'intérieur. Vice-versa, nous ressenti-rions la même chose pour toi. Pour sa dernière phrase, l'illustrateur aiguille son regard au plus profond de celui de l'ingénieur : Parce que nous t'aimons. Aveu dissimulé sous le fard épais d'une double amitié. Et il n'en revient pas d'avoir réussi à l'articuler sans ciller.

|	hard time ; @ishihara akiharu

OOTD ❈ Changer n'est pas une épreuve facile, surtout quand la personne n'a jamais été habitué à ce genre de traitement. La sympathie n'est pas le fort de l'ingénieur, il l'est avec son meilleur ami et il a appris à l'être avec son frère jumeau mais rares sont ceux qui parviennent à voir au-delà de son indifférence. Qiao Lan a vécu des aventures intéressantes avec Fumiya, peut-être pas digne d'un Indiana Jones mais bien différent de son quotidien morose et solitaire. Il a partagé des conversations et des projets avec son cadet, jusqu'à ne plus pouvoir se passer de cette amitié et revenir vers lui. Encore et encore. Au début il ne pensait pas pouvoir être ami avec l'autre Ishihara, il avait même rayé de sa liste de possibilité et pourtant il s'est trompé. Akiharu est peut-être enquiquinant parfois, il bourdonne beaucoup aux oreilles de l'ingénieur mais cela ne veut pas dire que celui-ci le déteste pour autant. C'est difficile à dire mais il s'est fait à sa personnalité, il l'apprécie même assez bien quand il réfléchit à leur relation en commun. Akiharu est Akiharu, rien ne peut le changer et le chinois ne veut pas qu'il change.

Les frères Ishihara sont vraiment attentionné, il ne peut pas dire le contraire. Akiharu a ramené des compresses et une bassine d'eau, tandis que Fumiya s'occupe d'humidifier le front brûlant du convalescent. Qiao Lan se laisse faire, il ne bronche plus après avoir été honnête envers eux. L'amitié n'est pas ce qu'il recherchait au départ, néanmoins il a été entraîné dans cette spirale infernale et ne cherche plus à s'enfuir. C'est une chose qu'il a su contrôler, autant que ses propres émotions parfois inexistantes mais qui évoluent en présence de ces garçons. Bien plus encore aux côtés du plus jeune, de celui qui dessine et laisse parler son coeur.

Les paroles de l'esthète ne manque pas d'atteindre leur cible. En plein coeur. Qiao Lan ne l'a pas lâché du regard de tout son discours, buvant ses mots avec un intérêt peu commun. Ils sont vraiment des amis désormais, il n'y a plus de doute à avoir là-dessus. Un fin sourire étire le coin de ses lèvres, montrant qu'il comprend et qu'il est d'accord avec qu'il raconte. L'ingénieur ne l'a pas vu ainsi au début, il ne voulait pas s'encombrer d'inquiétude ou déranger son entourage mais il a eu tort de croire que ce serait aussi facile avec les Ishihara.

« Merci. C'est tout ce qu'il trouve à dire pour ne pas laisser ce dialogue sur un long silence. »

Qiao Lan n'est pas le plus bavard de la bande mais les frères le savent déjà. Son attitude reste la même, bien qu'il tente de s'ouvrir davantage à ses amis. Il a baissé sa garde, accordant la bienveillance des jumeaux d'entrer dans son jardin secret.

« Vous pouvez rester ici autant que vous voulez. Il ne l'a pas dit jusqu'à présent, donnant l'impression de vouloir les chasser mais ce n'est pas le cas. »