Il est plus que temps de faire une rencontre surprise ! D’un pas chantant, le grand Adonis se dirige vers un bureau dont lui seul a le secret depuis longtemps, entrant sans aucune permission. L’effet d’effarement est un sentiment très amusant pour le corbeau à admirer et dont il embrasse avec passion en voyant cette expression. Il ne pouvait pas deviner son arrivée puisque le brunet à décider de passer par une des nombreuses portes dérobées dont seules les Moires sont dans le secret, même le détective privé n’est au courant de tous les secrets. Il lui adresse un sourire éblouissant en se calant dans un fauteuil en l’observant. La Moire se pose avec tant de prestance qu’on pense qu’il est le maître des lieux, et c’est ce qu’il souhaite par tous les dieux. Il se penche en avant d’un geste indolent.
— Ravi de te rencontrer, Jaeyoon. Enfin, si j’ose dire. Ah, me voilà dans une posture bien malheureuse. Jun a dû te dire de ne pas m’approcher, mes sœurs et moi au vu de nos spécificités. Que ce soit dans nos noms et nos personnalités. Il me brise le cœur ! Moi qui l’aie récupéré et élevé, j’ai le cœur en sang de savoir tout ça.
Un petit merdeux qui finira par le payer, Jun doit en frissonner et Adonis va s’en rassasier. Le Moire a placé sa main sur son cœur afin d’appuyer ses propos énoncés comme s’il s’apitoyait tout chagriner. Il aurait pu être comédien, cela lui correspond assez bien. Il finit par se caler au fond de ce fauteuil apprécié pour observer le petit hacker peu assuré. Il lève même une main pour le rassurer.
— Je ne vais pas te mordre, ne t’en fais pas. Je viens me présenter, pour que tu puisses voir un peu qui je suis. Et je ne me cache jamais. Saches que je sais que tu n’apprécies que peu être fliqué de cette manière, mais dis-toi que c’est davantage une provocation qu’une mise en œuvre réelle.
À mi pas entre la réalité et la fausseté, Adonis en garde le secret. Il ne connaît pas ce petit victimisé et ne compte pas laisser une aussi grande liberté, chacun y est passé et tous sont là depuis des années. Ce n’est pas pour ennuyer, mais au vu de ses activités, il est hors de question d’un petit à peine arrivé foute en l’air l’empire qu’il a créé.
— Cependant, c’est Jun qui t’a amené ici, j’ai suffisamment confiance en mon petit frère et détective privé pour te laisser tranquille avec la sécurité. J’espère que tous tes jouets te plaisent, ce sont les éditions arrivées avant leurs sorties officielles. Tu fais ce que tu veux, comme tu veux ici. C’est parfois l’anarchie entre les jeunes, mais tu t’y accommoderas au bout d’un moment, puis Jun sera encore un peu à tes côtés tant que vous vous entraînez.
Il ne cache aucunement à Yoonie que celui-ci n’a plus aucun secret. Il le fixa d’un air acéré avant de lui offrir un rire enjoué.
— Tu peux satisfaire ta curiosité. Je connais tous tes secrets, pose-moi ce que tu souhaites, il n’y a aucun souci. Après tout, c’est ignoble de ma part de tout savoir et toi rien.
Concentré sur son travail, Yoonie faisait aller ses doigts sur son clavier et sa souris, glissant ses yeux sur les trois écrans qui lui faisaient face. Le premier affichait ses consignes, le nom de sa cible et sa photo, le deuxième listait toutes les informations qu'il avait déjà trouvées et le troisième ouvrait sur plusieurs pages de recherches, chauffant et travaillant bien plus que les deux autres, mais à la rapidité impressionnante au vu de la charge de travail. Le matériel en sa possession ne cessait de le ravir, performant, précis, fluide, rapide... Même son ordinateur dernier cri n'était pas aussi satisfaisant, raison pour laquelle Yoonie enchaînait les heures de travail ici.
Il gardait cependant en tête qu'il était surveillé et se bridait lui-même dans ses recherches, ne mettait pas de musique au risque de commencer à chanter et, surtout, ne faisait plus aucune requête au nom des Moires. Ce genre de recherche était réservée à son ordi perso et dénué de tout logiciel espion installé par les chefs du Panthéon. Ici, il faisait ce qu'on lui demandait et c'était tout. Zéro liberté, zéro confiance. Ca ne lui plaisait pas, mais au moins il était payé alors bon...
Sursautant en entendant une voix s'adresser à lui, Yoonie leva les yeux de son écran pour remarquer la présence d'un des Moires dans son bureau. Ouvrant la bouche, il bredouilla un "bonjour" en cherchant un signe de comment il était entré et depuis quand. Parce que le renard avait le problème de trop se plonger dans son travail et de ne pas faire attention au monde autour de lui, de ne pas remarquer une tornade à côté de lui quand il était concentré sur ses recherches.
Les mots que lui adressa Adonis lui firent ouvrir et fermer la bouche sans répondre. Oui, Jun lui avait fait promettre de fuir s'il en croisait un, mais il ne l'avouerait pas, ne voulait pas causer de problème à son ami. Et il ne voulait pas fuir non plus, ne voulait pas abandonner ses recherches, son bureau, les quelques affaires qu'il avait apportées. Il resta immobile, ses doigts en lévitation au-dessus de son clavier, son regard posé sur Adonis. Puis il lâcha une connerie, voulant se filer des gifles tout seul pour se forcer au silence.
On est pas censés s'appeler par nos pseudos ?
Abruti. Si le chef du Panthéon l'appelait par son prénom, c'était qu'il avait le droit, non ? Cette obligation d'utiliser les noms de déités ne devait pas s'appliquer à lui et ses soeurs. Murmurant des excuses, il laissa Adonis poursuivre, disant qu'il ne lui ferait pas de mal, parlant de cette surveillance qu'ils lui imposaient. Arquant un sourcil face à ses propos, Yoonie se demanda s'il devait le croire. Était-ce vraiment, comme il disait, une menace plutôt qu'un fait ? Devait-il lui faire confiance ou continuer à se méfier ?
Sans répondre, il le laissa poursuivre, disant qu'il faisait confiance à Jun, assez pour lui donner de la liberté, mais ses mots sonnaient faux et une sonnette d'alarme retentissait dans l'esprit de Yoonie. Il avait l'impression que le Moire essayait de l'endormir pour le pousser à la faute, qu'il cherchait une raison pour... pour quoi ? Le virer ? Le scarifier comme l'était Jun ? Des cicatrices, le renard en avait bien assez, cachées sous le tissu de son t-shirt orangé, il ne survivrait pas à une nouvelle plaie dans sa peau ou son esprit.
Tendu face à Adonis, n'ayant toujours pas bougé d'un pouce, Yoonie le fixait comme si c'était un fantôme entré dans sa chambre. Puis il lui dit connaître tous ses secrets et un frisson horrifié descendit le long de son échine. Il mentait, forcément. Il ne pouvait pas tout savoir, ne devait pas savoir pour ses parents, son oncle, Peter, Shin. Il croyait savoir, mais il ne savait pas. Personne ne savait. Yoonie s'était assuré il y a plusieurs années qu'il n'y ait rien sur internet, aucune info sur lui, son nom nulle part. Son dossier médical était presque vierge, son oncle l'ayant soigné lui-même et Sakura ayant repris le flambeau à son arrivée dans la bande. Personne ne savait.
Vous ne savez rien de moi. Tout comme je ne sais rien de vous. Vous avez effacé vos traces aussi bien que je l'ai fait, ou plutôt vous avez payé quelqu'un pour le faire pour vous, certainement.
Parler de cette façon au Moire n'était clairement pas la chose à faire, mais Yoonie ne pouvait se retenir. Que quelqu'un prétende connaître ses secrets l'agaçait, lui qui ne dévoilait pas la moitié du quart de ses souffrances, lui qui avait tant subit, lui qui avait tant donné pour que son passé reste secret. À moins d'avoir retrouvé l'oncle et de l'avoir fait parler, Adonis ne pouvait rien savoir.
Je ne veux rien savoir, je suis ici pour travailler, peu importe qui me paye à la fin du mois.
Bougeant enfin, il posa à terre le pied qui jusqu'à présent était relevé sous son autre cuisse sur sa chaise, reculant les mains après avoir touché son clavier pour mettre ses écrans en veille.
Re: Rencontre inopinée ft. Jaeyoon Mer 26 Fév - 16:17
Un sourire enjoué s’insinua sur ses lèvres étirées devant les propos du petit cadet sur les noms des déités. Il transpire la victime assurée, mais a retenu les règles dans sa généralité, il peut entrer parmi les siens sans problèmes particuliers. Cependant, son regard se fit plus acérer devant les propos énoncés : Léthé parle comme s’il souhaitait se rebeller. Adonis ne sait rien ? Il a payé quelqu’un ? Il ne veut rien savoir ? Mais quel comportement lui adresses-t-il à la fin ? Bien loin de ce que Jun lui avait promis en étant certain. Le corbeau haussa un sourcil devant cette témérité peu modérée, injustifiée et mal placée devant son aîné. Lui qui avait pris ses aises complètement décontracté, le voilà qui pose ses coudes sur ses genoux les traits tirés par un sentiment autre que la gaieté.
— C’est bon, tu as fini ? Léthé a terminé son caprice ?
Il n’a pas besoin de se lever pour se faire respecter. Il n’a pas besoin de menacer pour le recadrer. C’est un enfant gâté qui parle sans aucune ténacité et Adonis le sait. Un enfant gâté qui fait sa crise sans comprendre les enjeux face à un être peu affecté. Quelques mots suffisent à le replacer, sans bouger, sans foncièrement sourciller. Si Adonis ose mouver, le petit hacker doit se cacher.
— Tu es loin de la réalité, mon petit. Je pensais que Jun t’avait rôdé, mais apparemment pas, je devrais lui en toucher deux, trois mots, sait-on jamais. Si c’est lui qui a été assez attendrie ou toi qui n’as pas compris. Ah, moi pensais te prendre dans mes bras comme je le fais avec mon petit frère, voilà que je vais devoir lui poser quelques questions pour m’assurer de ce qu’il t’a dit. Lui qui est du genre câlin, ce n’est pas pour le gâter.
En souriant pour mieux le mépriser, Yoonie avait fauté et Adonis lui faisait comprendre par méchanceté, ayant déjà trouvé le talon d’Achille à exploiter. Le sentimentalisme n’est pas un de ses sentiments préférés, tellement aisé de surprendre et de manipuler. La preuve en est devant ce petit visage terrifié. Il finit par reprendre sa position initiale, montrant au petit brave que cela ne lui ait pas fatale.
— Il faut remettre certaines choses dans son contexte. J’aurais tant voulu qu’on boive un coup pour ton entrée officielle dans le Panthéon avec tous les autres, pour que tu appréhendes un peu dans quel univers, tu vis désormais. Je ne te demande pas de faire ami-ami avec tous les membres, mais d’avoir un peu de sollicitude pour eux. Comme toi, ils ont tous un passif compliqué : tabasser, abandonner, harceler, briser et sont tous ici en liberté. Tous, Léthé.
Y compris lui, mais cela personne ne le sait à part ses sœurs préférées. Ce petit merdeux ne semble pas comprendre qu’il n’est pas le seul provenant d’un couloir ensanglanté et que chacun le règle avec impartialité, mais toujours aidé. Parce qu’Adonis protège à s’en damner, avec quelques points modérés qu’il ne peut pas toujours contrôler. Mais sans jamais foncièrement blesser, simplement pour les faire réaliser.
— Certaines choses n’ont pas besoin d’être su pour être perçue mon petit. Ne sous-estime pas une caste dont tu ne connais rien. Au Panthéon, nous sommes tous à égalité. Des oisillons, j’en ai ramassé et ils sont là avec leurs propres blessures. Ne pense pas te tenir dans le secret, ici, chacun comprend sans poser.
Oui, Yoonie à merder et Adonis ajoute un coup supplémentaire à le faire saigner. Qu’il a agi de façon inconsidérée et qu’il lui parle comme un enfant gâté. Mais il ne sait rien. Il balaie ses paroles d’un revers de la main agitée.
— Peu importe. Arrêtons de faire la gueule pour si peu. Je ne pensais pas foncièrement avoir affaire à un petit effronté, mais tu ne changes pas des autres. C’est pour ça que tu as toute ta place au Panthéon, mon petit Léthé.
Autant se méfier d’un corbeau revigoré, mais à la si grande sincérité que chacun en est dérouté. Yoonie doit s’y confronter : une dualité difficile à appréhender et à apprécier et dont Adonis s’en fout avec vulgarité.
Avalant sa salive à la remontrance d’Adonis, Yoonie se renfonça dans son siège, se sentant minuscule sous le regard autoritaire du chef du Panthéon. Il n’aurait pas du lui parler comme il l’avait fait, il s’en rendait compte, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Cet homme débarquait dans son bureau et proclamait tout savoir de lui, arrogant et hautain comme s’il était le roi du monde. Il ne savait rien et le renard n’avait pu se retenir de le lui dire, pris d’un élan de bravoure ridicule. Il allait le regretter, il le sentait, mais tant pis, il assumerait. Pour la première fois dans sa vie, il n’irait pas se cacher derrière des gars plus forts et plus grands.
Baissant les yeux, il écouta ses paroles et ouvrit la bouche pour protester quand il comprit que Jun allait payer pour ses mots. Adonis allait-il le frapper ? Ajouter de nouvelles cicatrices à sa collection ? Que lui ferait-il subir pour punir le renard pas assez rusé ? Imaginant déjà les pires scénarios, Yoonie redescendit d’un étage, sentant ses mains trembler et son estomac se serrer. Le Moire avait trouvé un de ses points faibles en moins de deux minutes.
S’il-vous-plait, ne lui faites pas de mal…
Sa voix était bien moins assurée que précédemment, son visage ayant perdu toute trace de provocation et d’insolence. Il avait peur. Pas pour lui, pour son corps déjà scarifié, mais peur pour Jun, lui qui lui offrait tout et que Yoonie avait réussit à gâcher en quelques mots à peine. Il avait voulu paraître fort et sûr de lui, avait voulu éviter de se faire mépriser comme il l’était toujours, et au lieu de ça il s’était fait remettre à sa place en une menace bien pensée et en quelques paroles ayant touché leur cible.
Gardant les yeux sur ses doigts serrés, le hacker écouta Adonis lui parler de tous les gens travaillant pour le Panthéon, du fait qu’ils avaient tous un passé sombre et sanglant. Il le savait, Jun lui avait dit, mais ça ne changeait rien au fait que, ici, Yoonie ne faisait confiance qu’à Jun. Il ne comptait pas parler de son passé aux autres et ne comptait pas faire des recherches pour savoir ce qui les avait amenés ici. Chacun son passé, chacun ses secrets. Levant brièvement les yeux pour montrer qu’il entendait, il hocha la tête, ayant compris ses paroles. Puis Adonis ajouta quelques mots, affirmant que tous se comprenaient, mais comprendre et savoir étaient deux choses différentes et le renard le savait bien.
J’ai compris. Mais… sans vouloir paraître insolent… je suis ici pour travailler. Ce que les autres ont subi, je ne veux pas le savoir, et je ne veux pas que les gens sachent ce que j’ai vécu. Personne. Tout le monde se doutera que j’ai souffert, compris, mais pas comment. Pas même vous.
Anxieux par rapport aux conséquences de ses paroles, il leva les yeux vers Adonis, guettant sa réaction, une nouvelle tempête, de nouvelles sentences pour son ami. Allait-il compter les points pour se défouler sur Jun en fonction de ses mots ? Yoonie était-il en train de s’enfoncer tout seul ? De vouer le détective à un traitement fort peu agréable simplement parce qu’il était incapable de la fermer et simplement hocher la tête ? Se mordant les lèvres avec nervosité, il hésita avant d’ajouter quelque chose, puis il inspira pour se donner du courage et se lança.
Je suis Léthé, je représente l’oubli. Je peux effacer n’importe quoi d’internet, avec moi les secrets peuvent être tout simplement révolus. Personne ne saura à moins que je le veuille et je peux offrir cette liberté à tout le monde ici. Plus besoin de se cacher parce qu’ils n’auront plus rien à cacher.
Une idée naissant dans son esprit, Yoonie leva des yeux pleins d’espoirs et de certitude vers Adonis. Il ne lui ferait pas peur, il l’avait compris, mais il avait tant à lui offrir, pouvait s’arranger avec lui, négocier.
Dites-moi ce que vous voulez que je fasse, rien n’est impossible pour moi. Promettez-moi seulement de ne rien faire à Jun. J’ai été insolent mais il n’y est pour rien, punissez-moi si vous voulez, mais pas lui.
S’il devait devenir l’esclave d’Adonis pour épargner Jun, retourner internet et faire tout son sale boulot, il le ferait sans hésiter, signerait son arrêt de mort les yeux fermés.
Re: Rencontre inopinée ft. Jaeyoon Mar 3 Mar - 13:41
Il laissé échapper un soupir bruyant, passant une main sur ses yeux d’un air nonchalant. Le petit qui se dresse devant lui ne semble pas comprendre à quel point, il s’enterre sans un bruit. Il relève les pupilles noircies avec un jugement non dissimulé, pointant du doigt l’être tout entier devant lui, si effronté.
— On négocie lorsqu’on a quelque chose de bon à offrir. Tu n’as ni la prestance, ni l’activité dans le cas présent. Rien. Alors tes conneries de « ne lui faites pas de mal, ne faites rien à Jun » ne tiennes pas la route. Tu as un regard biaisé sur lui, ce n’est plus un enfant. Avec le Panthéon sa sécurité est assurée, arrête de vouloir le faire, tu n’en es pas capable. Si je lui dis de prendre un flingue et de te tirer dessus, il le fera sans hésiter. Tu n’as rien à en tirer à part un sentiment qui n’est pas aussi présent de son côté.
Le corbeau ailé finit par se redresser, et même se lever sous le regard affaissé du petit effronté qui pense que la témérité va lui offrir ce qu’il souhaite avec avidité, sauf qu’avec un Adonis dans cet espace confiné, cela représente davantage un cadeau empoisonné. Il vient se poser avec une lenteur calculée pour intimider poser son royal fessier sur le bureau du petit renard qui en quelque peu crispé. C’est agréable à regarder. Il devrait le faire plus souvent avec ce merdeux à mater, les autres n’ont plus si peur depuis qu’ils se sont parlés et finissent même par s’en amuser avec quelques frissons peu maîtriser, Adonis reste maître en toute sérénité.
— Tu n’as pas compris. Juste entendu. Tu n’es pas si insolent, mais davantage égocentrique. J’ai su te retracer, c’est grâce à moi que tu as rencontré, Jun. Petit hacker doué, mais encore du chemin à parcourir, c’est ici que tu vas pleinement l’exploiter. Je n’en doute pas, mais il va falloir redescendre un peu, ce n’est pas avec des contrats pris à la volée, avec des dealers te secourant qui en fait de toi un hacker de génie. Tu vas encore grandir et devenir intraçable, je ferais tout pour.
Léthé a bien compris qu’il avait piqué au vif le corbeau dressé et à becter à s’en délecter. Ce qu’il a le moins apprécié, c’est le peu de considération envers les membres abandonnés, blesser, ensanglanté qu’il a récupéré au fil des années. Il possède une confiance aveuglée envers l’autre merdeux avéré que cela désole la Moire sans s’en cacher. Mais davantage sanguin, il aborde un faciès loin d’être taquin. Plutôt carnassier pour mieux assommer.
— Honnêtement, je vois encore en toi un enfant qui se préoccupe essentiellement de sa personne plutôt que ceux des autres, des possibilités. Tant que cela ne te touche pas physiquement ou émotionnellement, tu as l’air de t’en foutre complètement, même si tu as l’air niais. T’es ici pour travailler, tout en balayant sans te soucier des mains tendues. Il n’y a pas que Jun dans la vie. Je ne t’ai jamais demandé de leur parler, de les apprécier, d’être copain avec eux, de raconter ton putain de passé, ils ne feront pas non plus. Chacun à ses secrets.
Les phrases sont acérées, mais pas avec tant de méchanceté. Il est déjà passé par là avec bon nombre des membres de la société, Léthé est encore un enfant qui croit à l’invincibilité, à être seul en pensant que Jun sera toujours de son côté, à la si grande fidélité. S’il savait. Il exhale un soupir encore plus bruyant, jamais en s’excusant bien évidemment.
— C’est ton irrespect qui m’a énormément froissé. Tu possèdes une fidélité sans faille à Jun, sans vouloir laisser une possibilité aux autres. Sans même essayer. Tu les condamnes, même mes sœurs, même moi. Mon cœur saigne de comprendre ça.
À moitié comédien pour en ajouter, à moitié dans la plus pure des vérités. Le corbeau ailé se soucie en toute réalité de chaque petit oisillon faisant son entré, Léthé en fait partie sans hésiter. Mais se sentir lésé pour ce type de sentimentalité lui déplaît, car Léthé ne comprend pas les enjeux et dans quoi il est. Il est temps que ce petit renard grandisse auprès d’un corbeau ensanglanté, tant pis si celui-ci le maudit à en pleurer.
Humilié. C'est comme ça que se sent Yoonie après les mots d'Adonis, après ces vérités douloureuses qu'il ne peut contredire. Il sait qu'il a raison, il sait que Jun n'hésiterait effectivement pas à lui tirer dessus si le chef le lui demandait, et c'était douloureux. Lui préférerait encore retourner l'arme contre sa personne insignifiante plutôt que blesser son âme soeur, mais cette loyauté allait à sens unique et il le savait. Jun était redevable à Adonis, lui devait tant qu'il ferait n'importe quoi pour lui, même tuer un renard innocent simplement pour prouver sa fidélité.
Jouer sur cette corde était monstrueux aux yeux du hacker. Blesser quelqu'un ne devrait pas être une preuve de loyauté, un acte qu'on accomplit pour faire plaisir, et pourtant il savait que Adonis était capable de le demander et Jun de le faire. Baissant la tête, se sentant plus pathétique que jamais, Yoonie ne répondit pas, parce qu'il n'avait rien à dire. Objecter serait ridicule et inutile, parce que tous deux savaient que c'était la vérité. Mortellement blessé, le renard laissa le corbeau carnassier s'approcher pour picorer son corps agonisant, lui asséner les blessures fatales.
Serrant les dents, Yoonie senti la honte et le remord l'envahir. Si Adonis avait su le retracer, c'était parce qu'il s'était montré négligent en faisant les recherches de Min-Ho sur Jun. Il aurait pu se protéger bien plus qu'il ne l'avait fait, mais il avait jugé que la situation n'était pas risquée et il s'était baladé sur internet avec ses protections basiques. S'il avait sorti l'artillerie lourde, personne n'aurait pu le retracer, pas même la NASA et le FBI combinés. Certes, il n'aurait pas rencontré Jun, mais tant pis, au moins il ne se serait pas fourré dans ce merdier. Il gagnerait moins, certes, mais il serait toujours dans sa petite vie tranquille à exécuter des contrats pour des gens qui avaient besoin de son aide. Il serait seul avec Helio et Shin, Min-Ho lui parlerait d'un gars qu'il ne connaîtrait que par ses yeux et il serait en sécurité. Faible mais pas au sol.
Le constat d'Adonis sur le soi-disant égocentrisme de Yoonie fit mouche. Il ne se voyait nullement ainsi, se considérait comme quelqu'un qui se protégeait des gens comme il le pouvait, quelqu'un qui avait tellement souffert qu'il ne laissait presque personne entrer. Les rares qui lui avaient tendu la main avaient fini par le mettre au sol une fois qu'ils avaient obtenu ce qu'ils voulaient de lui. Même Jun finirait peut-être par le laisser tomber et il emporterait Min-Ho avec lui. Avec Helio, ils partageaient un appartement et ne se mêlaient pas de la vie de l'autre, aussi leur amitié durerait encore. Avec Shin... c'était plus compliqué. Quoi qu'il en soit, il finirait seul, inévitablement. Secouant la tête, il ouvrit la bouche. La referma. Hésita. Et puis merde, au point où il en était...
Parce que vous croyez que les gens se bousculent à ma porte pour m'aider, faire connaissance et m'aimer ? Ils se fichent de moi autant que je me fiche d'eux. Je n'ai presque personne et la plupart de ceux que je croyais être mes amis m'ont blessé. À quoi bon laisser entrer les autres quand on sait qu'ils nous feront inévitablement souffrir ? Je ne méprise pas les gens comme vous le pensez visiblement ; j'en ai simplement peur, parce que j'ai vu de quoi les hommes sont capables et que je ne suis pas assez maso pour leur tendre l'autre joue.
Son dos strié de cicatrices était la preuve de la violence physique d'un parent censé l'aimer. Son coeur réduit en miettes à mille reprises la preuve de la souffrance mentale que les hommes et les femmes qu'il avait aimés pouvaient causer. Même Shin avait contribué à ses blessures, même s'il était le seul capable de le soigner. Même Jun lui ferait du mal un jour, Yoonie n'en doutait pas ; il préférait juste nier l'évidence tant que les choses se passaient bien. Mais un jour, il ferait une chute libre et s'écraserait au sol, indubitablement.
Vous m'accusez de juger les gens sans les connaître mais vous faites pareil. Vous croyez me connaître mais vous n'avez aucune idée de combien j'ai souffert et de cette putain de peur qui me pousse à me couper du monde. J'ai trois amis, quatre en comptant Jun, et je flippe chaque jour qu'ils m'abandonnent aussi. Je sais que je finirai seul parce que c'est comme ça que j'ai commencé, c'est mon destin, je l'ai accepté, mais c'est pas pour ça que je flippe pas.
Cette peur, c'était la première fois qu'il en parlait ouvertement. Les gens le croyaient plein de joie de vivre, plein d'innocence et de bonheur naïf, mais les blessures en lui prenaient de plus en plus de place et il ne pouvait plus les ignorer. Les larmes étaient moins refoulées, les souvenirs revenaient par vagues, la douleur était constamment présente, bruit de fond dans sa vie autrefois silencieuse. Il ne pouvait plus faire semblant et mentir aux autres, se mentir à lui-même. Le temps des sourires et des faux-semblants était révolu.
Re: Rencontre inopinée ft. Jaeyoon Mer 25 Mar - 16:43
Le corbeau se lève soudainement pour s’approcher d’un peu plus près. Il assoit son fessier royal sur le bureau boisé avec un sentiment carnassier, comme s’il allait dévorer le cadet. Il faut avouer que le petit ne cesse de geindre et pleurer sur son sort sans voir tout ce que les autres lui on donné. Il cligne des paupières sans en être attristé, mais après tout Adonis ne possède pas tant de sentimentalité lorsqu’il est légèrement irrité, toute trace d’affection envolée. Il l’écoute pleurnicher même s’il s’en soucie pour ses activités, mais il voit que le protégé de son cadet est un effrayé qui ne parle jamais.
— Mais Léthé, je ne cherche pas à te connaître. Je me contrefous de ta vie, qu’elle est pu être merdique ou tragique. Je te l’ai déjà dit. Ta vie, tes cicatrices, tes problèmes. Même de ta persuasion et de la peur qui te bouffe de l’intérieur. Tu préfères rester enfermer dans ta peur de l’abandon, sans l’avoir accepté, c’est incroyable de se mentir autant à soi-même. Si c’était le cas, pourquoi tu t’accroches tant à tes amis ? Tu as toujours peur, c’est bien de le dire, mais tu ne l’acceptes pas.
Il n’a jamais compris les gamins se barricadant dans une prison dorée pour ne pas être blessé. Lui a subi les meurtrissures et la froideur sans se laisser abattre et revenir avec clameur. Il s’est toujours battu pour ce qu’il a voulu, sans jamais laisser le sentimentalisme entrer d’un air entendu. Son aspect vénal a pris le pas sur sa vie, profitant de tout sans regret pour lui. Mais ce mentir autant pour des futilités, c’est un concept compliqué à apprivoiser. Néanmoins, il lui lance un regard moins désapprobateur, presque gouailleur.
— C’est tout de même incroyable de devoir déblatérer autant de conneries pour entendre un peu de ce qui ne va vraiment pas. Ici, t’es pas là pour juste travailler avec un sourire niais. La vérité, tu y seras confrontée à chacun de tes putains de pas. Tu ne m’aimes pas, c’est douloureux, tu serais bien le premier ici d’ailleurs. Mais pas de mentir comme à tes habitudes. Pas de faux-semblants, c’est fatiguant et inutile. Il est temps de grandir de ce côté-là.
Ce qu’il veut énoncer est que Yoonie ne doit plus autant se cacher, que cela n’est que vain dans cet espace protégé. Tout se sait. La Moire connaît le moindre secret, sans s’en cacher, se dévoile avec une sincérité étonnante qui peut désorienter. Il faut grandir pour accepter ce qu’il a traversé, de se soigner comme Jun le sait, de se livrer pour se relever, chuter, qui sait. Adonis est passé par ces nombreux stades avec des blessures d’un condamné et le voilà roi du monde de l’obscurité.
— Les gens te blessent, c’est ainsi que la vie sociale fonctionne. Et encore, tu restes sur un cercle assez restreint, sans renommée a protégée, t’es limitée de ce côté. T’as pas tout vu, tu as peur d’une partie infime de ce que les hommes sont capables d’accomplir. Au Panthéon, tu n’as plus nié que ton monde est parfait. À toi de décider si tu veux affronter, seul ou accompagner. Appréhender ou rester coincé. T’es juste un merdeux comme les autres, ici.
Et il dit vrai. Pour le corbeau ailé, l’hacker est un petit génie l’ayant rejoint et qu’il doit protéger, surveiller en plus par des sœurs s’il part pour travailler. Sans le savoir, Yoonie est entouré, depuis qu’il est arrivé. Il ne le remarque pas puisqu’il est égocentrique, mais Adonis se damnerai pour qu’il ne lui arrive aucun dommage même en perdant du fric. Bon, il se vengerait si l’argent vient à tomber, mais il ne le dit pas maintenant pour ne pas le rebiffer. Il se contente de le fixer.
— Je ne t’oblige à rien, Léthé. C’est juste un abruti comme les autres en parcourant sa vie comme un chiot blesser. Tu peux te dresser, tu peux changer. Pas en totalité, personne ne te le demande, tu es le seul à en décider. Maintenant, tu as toute la liberté de faire ce que tu souhaites, ton cul est protégé en étant au Panthéon. Un petit prince. Tu le fais déjà avec tes entraînements avec Jun. Mais j’ai une question : tu veux rester à ce que tu sais, à ce que tu es, ou tu es prêt à affronter d’autres aspects ?
Quelques atrocités dont le plus âgé se livre depuis tant d’années, des secrets de cette organisation maîtrisée. Qu’est-ce que veut réellement le cadet ? Se cacher ? Se lâcher ? Veut-il continuer à se brider parce qu’il est trop effrayé ? Ou alors il veut affronter ? Adonis se tiendra toujours prêt, mais il ne peut obliger l’oisillon à s’envoler pour qu’il chute et ne revienne jamais. Il sait qu’il doit le préparer, mais seulement si l’autre en a la volonté.