Two Broken Angels ❈ Hyun Min-Ho

Ses doigts effilés pianotent sur un ordinateur portable avec délicatesse et rapidité, ses pupilles ne parcourant qu’à peine l’écran tant en connaît chaque lettre présente sur chaque touche, absorbé par un de ses nombreux mails reçus et qui quémande une réponse dans les plus brefs délais. Le chef de projet ne peut écarter une telle éventualité, ayant argumenté pendant de longues heures afin de retrouver ces besoins primordiaux pour travailler, à défaut de devoir se déplacer.

Quelques longs jours à devoir s’impatienter, conduit à une immobilité qui frustre et tend les nerfs du blond, éjectant cela en vociférant aux premiers venus : les ascendants inquiets et peu satisfaits du compagnon, au meilleur ami présent et qui lui n’a rien fait, a un frère de cœur venu pour le câliner, mêmes des collègues et autre individus venus lui souhaitait bon rétablissement. Très peu ont pu échapper à l’humeur mauvaise d’un palpitant blessé n’ayant pas vu l’ombre de son bien-aimé.

Ainsi soit-il, ses pensées acheminent avec impétuosité vers les demandes de futurs mariés, de préparation de naissance ou de soirées privées. Des festivités dont il connaît les contacts pour leur informer de la suite, reprenant un rôle qui lui sied sans sourciller, occultant la douleur sur son muscle au repos, ainsi que le soulagement de n’avoir aucune séquelle majeure. Dès son réveil et l’arrivée du chocolatier, Min-Ho n’avait pas pu retenir ses larmes en voyant ce triste spectacle.

Mais la torpeur est passée alors qu’il entend quelqu’un frapper, intimant à celle-ci d’entrer avec déférence et amabilité. Levant ses billes mordorées, la surprise se dessina sur ses traits, bien vite remplacés par un chaleureux sourire. Le petit Oisillon ! Sa tête se pencha sur le côté en repoussant ses affaires pour se concentrer uniquement sur son invité, attendri par les réactions de ce petit ange. Comment est-il au courant de sa situation ? Il lui posera la question au moment venu. Pour l’heure, il se contente de hocher la tête en incitant le plus jeune à prendre place à ses côtés.

▬ Je t’en prie, Akiharu, prends place. Je te remercie beaucoup pour ces fleurs, autant que la beauté de ce vase, ne peut-il s’empêcher d’admirer, les yeux brillants. Un soupçon de tristesse parcourent ses prunelles avant qu’une douceur ne revienne. Cette situation est un peu embarrassante pour tous les deux, alors autant omettre tout cela. Encore une fois, je t’en remercie chaleureusement. Comment vas-tu ?

Depuis les diagnostics et les médicaments, le Séraphin est plus expressif, mêlant plusieurs tempéraments en fonction de son état et des émotions émergentes à ce moment. Mais actuellement, une reconnaissance calme et affectueuse s’illumine sur son visage fatigué. Jamais il n’aura pensé que le danseur serait venu à sa rencontre pour lui déposer ce bouquet, toujours d’une propreté irréprochable malgré les lieux.

Il ne peut l’en blâmer, car même lui conserve ses vêtements pâles et immaculé en toute circonstance. De tels beautés sont faites pour être montrés, sublimer. Il attend patiemment que le cadet retrouve une couleur de joues moins rosies par la timidité et s’assoit près de lui pour reprendre la parole, le respectant un minimum pour le laisser reprendre ses esprits.

▬ Je suppose que beaucoup de questions te taraudent à l’heure actuelle, Akiharu. Je suis dans le regret de t’annoncer que nos séances de danse seront reportées durant une durée indéterminée, dit-il à la voix chagrinée, mais étrangement ménager, délicate. Seulement, n’aie crainte dans ton cas, j’ai déjà prévenu pour que tu puisses continuer à danser comme il te plait, sans limite de temps sur la scène du théâtre. J’aimerai, cependant, avec ton autorisation, que tu puisses filmer chaque morceau dansé pour que je puisse étudier lors de thèmes imposés et seulement dans ce cas. Il fit une légère pause, un sourire toujours aussi aérien. Je souhaite te laisser une liberté dans tes moments privilégier, nous en avons tous besoin de temps à autre.

 Et puis, l’aîné pourra ainsi observer un art qu’il ne pourra pas arpenter avant de longues semaines, fracturant son cœur de danseur contemporain de mille manières, sans que son interlocuteur ne puisse déceler une infime partie de ce déchirement même si celui-ci doit le comprendre aisément. Qui ne le serait pas dans ce cas ? C’est bien pour cela qu’il n’interdit pas à Akiharu de revenir autant de voir qu’il ne le souhaite. Son bonheur ne doit pas priver les autres, au contraire, que cela soit exposé et transporté. Que rien ne s’oublie et se transmette.

Pour le bien de chacun, surtout du jeune qui en a autant besoin, d’où leurs séances privées. Et il en conserve ses lèvres étirées, vraisemblablement toujours aussi soufflé de trouver l’Oisillon au sein de cette structure peu fréquentée. Des questionnements s’activent vivement, mais il aura d’autres opportunités de pouvoir le lui demander après quelques échanges et une fois l’étudiant plus à l’aise en sa présence. Il porte quelque doute à la raison, davantage avec les fleurs amenées, mais autant ne rien dire pour ne pas brusquer.

▬ Ainsi, nous aurons encore un autre moyen de communication, mélangeant la danse et les paroles. C’est intéressant comme procédé, j’aime assez cette originalité, en sourit-il joyeusement. J’espère que cela ne t’affecte pas tant, pardonnes-moi si tel est le cas.  

Maintenant, reste à savoir si l’étudiant en art arrivera à aligner davantage de syllabe sans que ses joues ne reprennent une couleur éclatante, même si cela plaît beaucoup au plus âgé qui peut le taquiner gentiment. Une visite inattendue, mais si captivante.


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