Un travail minutieux. Un air hasardeux. Un geste malheureux. Du sang, ce n’est pas mieux.
Sous des jurons et des cris d’inquiétude à s’en boucher les oreilles, le jeune Hibiki se précipite vers l’hôpital de la ville afin de vérifier l’état de ce travail pourtant bien réaliser la veille. Il a suffi qu’une seule pensée disparate lui coûte ses traînées se mélangeant et devenant noirâtres. La colère s’insinue à travers la peau, vrombit dans un silence discordant plus qu’il ne faut. Son père l’a déposé à l’entrée des urgences afin de partir sous le refus catégorique du jeune qui n’est plus au stade de l’enfance. La réactivité est suffisante devant les regards alertés par ce bras tenu par des mains à la couleur changée, mais dont le visage n’affiche pas tant d’expressivité. Il fut conduit dans une pièce en lui signalant l’arrivée d’un médecin, en lui prodiguant les premiers soins. Ou simplement pour arrêter de salir la bâtisse d’un blanc immaculé qu’il a souillé dès le premier pas posé. Il exhale un soupir en essayant de bouger les doigts, avant d’entendre des pas et de relever le regard ici-bas. Il semble plus âgé de quelques années et Hibiki lui tend le bras avec une douleur inséré, une grimace affichée.
— J'étais en train de réparer un instrument, le propriétaire ne m’a pas prévenu que les cordes de sa guitare n’ont jamais été remplacées. Elles se sont pétées et voilà le résultat.
Il énumère les faits pour mieux conceptualiser les marques laissées et ainsi aider le médecin venant d’arriver. Plus vite le diagnostic est posé et plus vite il pourra rentrer chez lui puisqu’il est a pied. Il se laisse faire sans prononcer davantage de mot, peu désireux comme son compagnon du soir de bavarder sur ses maux. Hibiki est assez satisfait de ne pas avoir à ses côtés un professionnel cherchant la conversation par peur d’un silence sous pression en touchant la sphère personnelle. Il vient simplement se faire soigner de cette blessure aggravée pour mieux rentrer, mais une question trotte dans son esprit fatigué.
— J’ai pas si mal, donc ma main ira mieux, rapidement, non ?
Une frayeur soudainement à peine voilée pour ce jeune ayant pris l’initiative de rentrer en Arts Appliquées. Il ne veut pas avoir réalisé tout cela pour au final baisser les bras. Tant d’années à hurler, se plier, pleurer, se délaisser, ne pas s’aimer pour devoir tout arrêter ? Il refuse catégoriquement cette option et reprendra ses cours sans méditation. Il ne veut pas abandonner et recourra aux pires idées pour y rester, pour continuer à s’améliorer même si son état va empirer. Mais la raison revient très rapidement et il exhale un soupir lentement.
— Je supporte très bien la douleur alors n’hésitez pas.
Autant ne pas perdre de temps pour un travail acharné dont il en fait son métier. Cette main doit être réparée avec efficacité, sinon il ne pourra pas aider son père et son grand-père tout deux fatigués de la vie emplie d’austérité pour l’avoir privilégié. Il a réussi à entrer dans cette université avec ses économies grâce au travail depuis tant d’années, il ne veut pas les décevoir et tout jeter. Il laisse simplement ses traits tiré par la douleur s’exprimer.
Accueil
