règlement de comptes + Youta

(가짜) 여자 친구의 분노

Kimura Hikaru  ϟ  Nishino Youta

Complétant les réponses de son examen, Karu avait la tête ailleurs. Elle repensait encore à cette révélation sur Youta faite la veille de Noël, la découverte de l'existence d'un jumeau dont il ne lui avait jamais parlé. Ryouta avait été bien plus gentil en dix minutes que son frère l'avait été en un an et demi, il avait été compréhensif et ne lui en avait pas voulu de son comportement déplorable. À se demander si les jumeaux étaient vraiment de la même famille... Et de quoi regretter de ne pas avoir connu l'autre plus tôt.

Le matin, la jeune femme avait envoyé un texto à Ryou pour savoir quand et où son frère aurait examen, ne l'ayant plus revu depuis la fin des cours, avant les vacances hivernales. Elle l'avait appelé, lui avait envoyé des tonnes de messages, mais son ingrat de prétendu petit ami n'avait pas daigné lui répondre, effrayé ou énervé suite aux cris de Karu quand elle lui avait téléphoné en pensant piéger Ryouta. Ou peut-être était-il seulement agacé par elle et voudrait-il mettre un terme à leur deal ? Dans ce cas, il pourrait au moins avoir la sympathie de le lui dire, mais tout le monde savait que Youta et sympathie n'étaient pas des termes compatibles...

Rendant sa copie au professeur, Karu passa son sac à dos sur son épaule, sortant de la classe parmi les derniers étudiants. Youta avait examen dans le batiment de commerce et avait commencé une heure après elle, aussi Karu espérait-elle qu'il y soit toujours, prévoyant de mettre en place une embuscade pour ne lui laisser d'autre choix que lui parler. Elle en pouvait plus de cette relation, de cette colère constante qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre, et elle s'était sentie tellement humiliée qu'elle avait besoin de mettre les points sur les "i" avec lui.

Arrivée devant la salle où il avait examen, Karu afficha un sourire innocent et demanda à un gars qui sortait si son chéri était toujours à l'intérieur. Réponse affirmative. Soulagée, elle s'installa juste en face de la porte et sorti un livre, prête pour de possibles longues minutes d'attente. Des étudiants sortaient aux compte-goutte, certains saluèrent la demoiselle qui leur souriait comme si elle préparait une belle surprise à Youta, d'autres ne la virent même pas. Puis enfin celui qu'elle attendait passa la porte et elle s'empressa de ranger son livre pour se lever.

Hey ! Je t'attendais, faut que je te dise quelque chose. Ca a été ton examen ?

Sourire, ton jovial, visage qui ne montrait rien de la rage qui bouillonnait en elle, Karu prit la main de Youta dans la sienne pour l'empêcher de fuir et elle le tira dans un couloir désert, poussant la porte des toilettes pour mecs sans aucune gêne. Un gars était en train de pisser, s'offusqua de cette présence féminine mais, sous le regard assassin de la jeune fille, eut vite fait de remonter sa fermeture éclair et de sortir en toute hâte. Puis Karu vérifia les cabines et, une fois sûre qu'ils étaient seuls, verrouilla la porte pour éviter que des gens ne viennent les déranger.

Croisant les bras, la jeune femme s'adossa à la porte, fusillant Youta du regard en silence. Elle avait tant de choses à lui dire, et pourtant rien ne venait. Elle savait pas par où commencer, devait se contrôler pour pas hurler et rameuter tout le batiment. Devait se retenir de se jeter sur lui et lacérer son visage avec ses ongles. Il serait dommage d'abîmer un beau visage, cependant, et elle finit par enfoncer ses poings dans les poches de sa salopette en jeans.

Ca va t'es fier de toi ? Tu m'as encore bien prise pour une conne hein ? Tu cherchais quoi au juste en me cachant ça ? Que je tombe sur ton frère et que je l'embrasse en le prenant pour toi ?

Furieuse contre lui, Karu avait cependant réussi à garder une voix égale, un ton vibrant de colère mais inaudible depuis le couloir. Cette conversation était entre eux deux, ne regardait personne d'autres. Ceux qui les auraient vus entrer ou les verraient ressortir penseraient qu'ils auraient fait d'autres choses et ça lui convenait bien.

J'en peux plus de tout ça, toi qui me prends pour un accessoire et moi qui ne te trouves comme utilité que celle de me payer. Faut que ça change, sinon j'arrête tout.

Et elle était sérieuse, ne supportant vraiment plus cette situation. Elle avait cru pouvoir gérer, l'avait fait pendant plus d'un an, mais cette histoire de jumeau avait été la goutte d'eau et son vase avait débordé. Il fallait qu'il trouve un moyen d'apaiser les choses, de ne plus se détester, voire même peut-être essayer de s'entendre. Pour leur santé mentale à tous les deux.

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Kimura Hikaru  ϟ  Nishino Youta

Tout l'agace en ce moment. Ryouta a découvert qu'il n'aimait pas sa copine mais préférait les hommes, sa fameuse petite amie lui tapait sur le système et pour ne rien arranger, il voulait arracher la tête à cet idiot de bouseux qui avait osé l'embrasser dans les toilettes lors de leurs retrouvailles. Ce sont des détails plus ou moins lointains qui s'accumulent et portent sur les nerfs de l'étudiant en commerce. Non seulement ça le fout en rogne, mais en plus les examens apportent leur lot d'angoisse supplémentaire. Youta semble au bout de sa vie, ressentant le besoin de s'isoler et d'être au calme, avant de commettre une regrettable erreur. Aucune envie de joindre Hikaru, ni de parler à Ryouta, encore moins de tomber sur Helio. Il serait capable de le tuer par inadvertance mais en le souhaitant de tout son coeur, parce qu'il l'insupporte et le rend fou. Impossible de savoir si ce sont les gens qui le mettent dans cet état ou si c'est à cause de l'approche des examens. à chaque fois Youta rentre dans une période désagréable, sentant la tension dans tout son corps jusqu'à lui déclencher de vilaines migraines. Rien qu'à l'idée que son père puisse le surveiller et le redresser si jamais il faute...

Dans la salle d'examen, il n'a cessé de remuer sa jambe sous la table tandis que son visage paraissait le plus neutre possible. Les réponses lui viennent automatiquement, après tout c'est un bon élève. Intelligent, bosseur, sérieux, il devrait vraiment avoir tout pour plaire. Youta prend bien le temps de relire ses fiches, s'assurant de n'avoir fait aucune faute, aucun oublie. Quand cela est fait, il rend sa copie, récupère ses affaires et quitte la salle où il a perdu trop de temps à son goût pour des sujets déjà bien trop révisé.

Quelle ne fut pas sa surprise en voyant la jeune fille l'attendre devant la porte de sa salle, tel un petit chien. Rien qu'à la voir, il sent déjà son mal de tête revenir et le hanter. à sa question, le blond lui lance un regard comme pour lui dire qu'elle parlait à un élève talentueux, pas au premier débile qui passe. Pourtant il n'ouvre pas sa bouche pour répondre clairement à la question, zappant volontairement celle-ci. Une fois en dehors de la salle d'examen, il n'a pas envie d'en parler davantage et préfère passer à tout autre chose qui ne lui apporte pas autant de négativité. Hikaru doit s'en moquer de toute façon, puis celle-ci attrape sa main pour le tirer dans le couloir. Pourquoi les toilettes? Ce sont ceux des hommes, qui plus est. Cette fille est vraiment barge. à tous les coups, le seul pelo présent dans les sanitaires va croire des trucs dégueulasses sur leur compte.

« ▬ Tu n'as qu'ici à venir nous enfermer? »

Soupire-t-il d'un ton las, presque trop ennuyé par la jeune fille. Hikaru bloque la porte, comme si elle craignait qu'il ne s'en aille. Elle a raison, suffit d'une ouverture pour qu'il s'échappe en vitesse. à peine un mot sorti de sa bouche qu'il se prépare déjà à prendre sur lui et à acquiescer bêtement jusqu'à ce qu'elle termine de piailler. Une vraie poule.

« ▬ Qu'est-ce que ça changerait si tu l'embrassais? Et je ne l'ai pas caché, je ne l'ai juste pas dit. Nuance. »

Il y a une différence entre mentir et cacher la vérité, c'est pareil pour là. Youta n'a jamais voulu le cacher, c'est juste qu'il n'a pas trouvé d'intérêt à le révéler. Ouais bon, il l'a peut-être dissimulé volontairement ce détail mais il n'a vraiment aucune importance pour elle. Serait-elle en crise? Hikaru est trop souvent hargneuse, mais cette fois-ci, elle semble vraiment ébranlée. Youta souffle, s'appuyant sur l'un des lavabos des toilettes en observant le plafond.

« ▬ Qu'est-ce que tu veux de plus? Que je t'apprécie? Que je sois plus gentil avec toi? Que je m'inquiète pour toi? Que je te considère comme une fille? Que j'éprouve des sentiments pour toi? »

Il enchaîne sans la regarder, lâchant un son moqueur semblable à un petit rire. Serait-elle atteindre ou quoi? ça toujours été ainsi entre eux, une banque et une excuse. Youta abaisse finalement ses yeux vers elle, la fixant dans un combat de regard.

« ▬ Veux-tu que je sois comme Ryouta? »

Cette question a beaucoup d'impact pour le garçon. Il n'est pas comme son frère, il aurait préféré. Pourtant s'il était à sa place, c'est son petit frère qui subirait les exigences de leur père. Si ce dernier s'acharne sur lui, c'est bien parce qu'il a été le premier à naître. Il y a des jours où il aimerait que tout ceci éclate, qu'il avoue l'infidélité de sa mère à son père, qu'il assume son homosexualité et son désintérêt pour ses projets. Juste qu'il puisse se libérer de ce fardeau apporté par son nom de sa famille, par ses parents, par la société.

« ▬ Tu vas toi aussi me dire que ça te fait mal que je te cache des choses? Que tu aimerais savoir la vérité ou que c'est insupportable? »

Les paroles de Ryouta, la fois où il est venue parler avec lui. Ou plutôt, l'accuser de son comportement cachottier et immoral. Qu'a-t-il ce jour-là? Qu'il en avait plein le cul.

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Kimura Hikaru  ϟ  Nishino Youta

Youta n'était clairement pas ravi de se retrouver enfermé avec Karu dans les toilettes, mais elle s'en fichait. Il était temps de mettre quelques petites choses au clair et il ne sortirait pas tant qu'elle ne serait pas satisfaite. Elle ne savait pas trop ce qu'elle attendait de cette discussion, ce qu'elle espérait obtenir, mais ça ne pouvait plus continuer comme ça. Les engueulades, les insultes, les disputes, elle n'en pouvait plus. Elle n'était pas naïve au point de penser qu'ils allaient devenir super potes à la fin de la journée, mais s'ils pouvaient s'entendre un peu mieux ou, du moins, ne plus se détester, ça serait déjà pas mal.

T'aurais préféré un placard à balais ?

Levant les yeux au ciel face aux chipotages de Youta, elle s'appuya contre la porte et lança les hostilités, parlant de l'affaire "jumeau caché" et essayant de voir l'intérêt de cette omission. Elle ne comprenait pas pourquoi il ne lui en avait jamais parlé en un an et demi qu'ils prétendaient être ensemble. Elle ne demandait pas des confessions intimes, se fichait de sa vie mais un petit "ah au fait j'ai un jumeau que tu risques de croiser sur le campus" aurait été le bienvenu. Ca lui paraissait logique, à Karu, mais les mecs ne semblaient pas avoir le même sens de l'évidence que les filles...

Ca aurait été humiliant. Enfin, qu'est-ce que t'en as à foutre hein, t'aurais trouvé ça drôle toi, l'empathie tu connais pas.

Lui qui traitait tout le monde comme de la merde ne devait pas comprendre le sens de la gentillesse, de la prévenance ou même simplement de l'empathie. Non, il aurait rit, elle en était certaine. Elle serait passée pour une conne, Ryouta aurait été embarrassé et lui se serait plié de rire en imaginant la scène. Simplement parce qu'il était un connard et que les sentiments des autres ne le touchaient pas. Sociopathe, peut-être, même. Du genre à penser qu'à son cul et à voir les autres comme des objets à sa disposition.

La série de questions de Youta fit un peu réfléchir Karu. Que voulait-elle ? Elle ne le savait pas vraiment, n'avait pas imaginé de fin pour cette conversation, avait juste décidé qu'il était l'heure de changer les choses. Elle roula des yeux quand il demanda si elle voulait qu'il l'aime, question ridicule pour elle qui connaissait son penchant pour la gent masculine. Elle ne répondit pas de suite, prenant le temps de choisir ses mots, puis il demanda si elle attendait qu'il soit plus comme Ryouta et elle plongea ses yeux dans les siens. Pourquoi pas ?

On va pas se mentir, il est vachement plus sympa que toi. Mais je suis du genre réaliste et on sait tous les deux que jamais tu ne lui arriveras à la cheville, faudrait déjà que t'arrêtes de penser qu'à ton cul pour ça.

Le regardant avec mépris, Karu fit passer ses yeux sur son visage, notant dans ses traits les différences avec son jumeau. Physiquement, ils étaient identiques, avec les mêmes tâches de rousseurs, les mêmes traits, mais leurs expressions étaient absolument opposées. Aucune chaleur dans les yeux noisette de Youta, aucune douceur dans son sourire, aucune sympathie dans ses pommettes saillantes. Deux visages identiques, l'un angélique et l'autre...

Si on est tant que ça à te dire les mêmes choses, pourquoi tu te remets pas en question, Youta ? Ca te fait tellement plaisir de blesser les gens, de te foutre d'eux ? Ca te procures quoi comme sensation ? Tu te sens puissant, fort ? Ca t'excites ? Si t'es en manque de sexe trouves-toi un mec à baiser et débarrasse-toi de cette frustration mais arrêtes de te défouler sur les gens, ça t'amènera nulle part. Tu finiras seul, c'est ce que tu veux ? Enfin, seul avec ton frère, trop gentil et fidèle pour te laisser tomber, mais lui aussi finira par te détester.

Espérait-elle vraiment qu'il se remette en question et qu'il change ? Non, elle n'était pas utopiste, elle savait que ça n'arriverait jamais. Elle avait juste besoin de lui balancer tout ça, de lui dire le fond de sa pensée et de lui donner les moyens de faire bouger les choses. S'il voulait qu'elle reste sa couverture, il devrait faire des efforts, sinon tant pis, elle se trouverait une autre banque et enverrait tout chier.

Ce que je veux, moi, c'est simplement une trêve, qu'on arrête de se détester et de se lancer des horreurs dès qu'on se croise. Je suis fatiguée de tout ça, je vais plus tenir longtemps. À toi de voir si tu veux toujours de cette comédie ridicule et si tu es prêt à faire des efforts pour ça. Moi j'en ai marre.

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Kimura Hikaru  ϟ  Nishino Youta

Un placard à balais? Pense-t-elle être dans l'univers de ce sorcier binoclard et sans aucun charisme? Ceci dit, ça serait pire dans un espace réduit qu'ici, où il peut faire les cent pas entre les lavabos et les cabines vides. Hikaru bloque la porte de sortie, mais il a tout le reste pour lui. Le débat est lancé, un échange qui risque de lui filer la migraine. D'où connaît-elle Ryouta? En même temps, ils sont dans la même faculté, bien qu'ils ne suivent pas le même cursus. Ce n'est sûrement pas la première fois que les gens confondent l'un ou l'autre, mais quand il s'agit de la fausse petite amie de l'un d'eux, là c'est totalement différent. Hikaru semble porter beaucoup de rancoeur envers son bien-aimé, mais ce n'est pas pour autant qu'il va s'en excuser ou se sentir fautif. Ils ne s'aiment pas vraiment, voire pas du tout. Youta n'a trouvé aucun intérêt de se confier personnellement à cette fille, donc de dévoiler les membres de sa petite famille.

« ▬ Tu n'as pas tort. »

Pour tout ce qu'elle vient de dire. ça aurait été humiliant, pourtant il s'en moque. Quant à l'empathie, c'est vrai aussi. Il a la capacité émotionnelle d'une petite cuillère, sauf pour la colère, la haine et la frustration, qui font partie quotidienne de son existence. Rire est un grand mot, Youta ne se serait pas fendu la poire en apprenant cela ou en étant témoin d'une telle scène ridicule. Certes, il n'aurait pas éprouvé plus de sympathie pour elle, ni de compassion pour son jumeau. Ryouta est trop gentil pour faire une fausse vague, au pire il aurait essayé de sauver les meubles et d'épargner la honte à la miss. Il y a un point où elle a tort, Youta ne considère pas son frère comme rien. Il a juste sa façon de penser, de faire et il s'en fout si personne ne le comprend.

Hikaru est marrante, elle l'enferme dans les toilettes en chouinant, pleine de reproche. Par contre, dès que Youta pose des questions, là le silence se fait bien entendre. Que veut-elle vraiment? De lui ou de leur relation, de la situation ou que sait-il d'autre. Le blond est cool, il lui laisse son temps de négociation, si jamais elle a encore quelque chose à négocier avec lui. à la rigueur, elle aimerait peut-être que les jumeaux soient semblables mais à l'image du plus jeune? C'est le genre de sujet qui l'irrite davantage, un terrain dangereux sur lequel il la guide à l'aveugle. Au moins elle n'a pas souhaité que ce soit le cas, soulageant ainsi le monstre rugissant à l'intérieur du garçon. Ryouta est mille fois mieux que lui, il l'a toujours su et il tente encore de le préserver.

« ▬ Qu'est-ce que tu connais de moi pour dire que je pense qu'à mon cul? »

Sait-elle ce que ça lui coûte d'être lui? D'être le fils d'un père stricte et violent, capable d'user de sa force sous prétexte de l'éducation et de la bonne conduite. Ryouta n'a pas été épargné, mais son grand frère l'a toujours protégé en essayant de ne pas faire de faux pas. Si elle pense qu'être insensible est aisé pour lui, elle se trompe lourdement. Il y a des jours où il a envie de tout casser, de tout foutre en l'air, de dire merde. Mais il ne le fait pas, car il connaît les conséquences un tel pétage de câble. Les paroles d'Hikaru ne sont pas prononcées pour le caresser dans le sens du poil, au contraire. Plus elle parle, plus il souhaite qu'elle se la ferme. Inspirant longuement et doucement, le blond retient sa mauvaise humeur d'exploser au nez de cette bécasse.

Des filles comme elle, ce n'est pas difficile à trouver. Si elle en a tant marre de lui, elle n'a qu'à arrêter. Tant qu'elle garde le secret sur son orientation, Youta n'a aucune raison de l'attaquer ou de la forcer. Il ne sait même pas pourquoi elle persiste à vouloir jouer ce jeu, alors qu'elle pense fortement qu'il est un beau connard et ne mérite nullement d'être aidé. Youta n'est pas dupe, il n'a pas besoin de lire dans ses pensées pour s'en douter.

« ▬ T'es vraiment fatigante. Si tu ne veux pas que je te déteste et te parle comme un chien, arrête de vouloir me remettre à ma place. »

Parce que c'est exactement ce qu'elle a tenté de faire avec son charabia. « ça t'apporte quoi? ça t'excite? Trouves-toi un mec pour baiser. Tu finiras seul, avec ton frère trop parfait pour toi. Blablabla. » Merde. Il a beau dire qu'il s'en fout, ça l'énerve quand même.

« ▬ Tu veux savoir quoi? Des mecs, j'en baise et ce n'est pas ça qui m'aide. »

Pourquoi dire cela? Vient-il seulement d'avouer à demi-mot qu'il pourrait avoir besoin d'aide? Impossible. Youta est trop fier, trop imbu de sa petite personne pour réaliser à quel point cette vie pue.

« ▬ Très bien, faisons une trêve. Arrête de me parler comme un demeuré sociopathe et j'essayerais de modérer mes paroles. »

Il hausse les épaules, lançant presque un défi à la jeune fille. Elle devrait aussi changer son regard et son expression quand elle le croise. Arrêter de le tirer dans les toilettes ou de lui glisser des mots agaçants dans le dos des gens. En contrepartie, il peut apprendre à parler sans insulte, sans brutalité. Il ne promet pas d'être plus expressif, ni de soucier davantage d'elle. Au moins de ne plus avoir envie de la jeter sous un train dès qu'elle joue sa petite princesse.

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Kimura Hikaru  ϟ  Nishino Youta

Levant un sourcil à la question de Youta, Karu se demanda si elle devait lui répondre. Ce qu'elle savait de lui ? Ce qui lui faisait dire qu'il ne pensait qu'à son cul ? En un an et demi, lui avait-il jamais demandé si elle allait bien ? L'avait-il jamais réconfortée quand il était évident qu'elle allait mal ? Avait-il jamais fait quoi que ce soit pour elle, hormis lui filer du fric pour payer ses services ? Jamais. Jamais sincèrement, du moins, car quand il y avait ses potes ou quoi, il se montrait un minimum attentionné et inquiet.

Karu avait très envie de lui balancer tout ça à la gueule, mais elle se retint, parce qu'elle agissait de la même façon avec lui. Elle se fichait de savoir s'il avait bien dormi ou pas, s'il avait faim quand elle mangeait un biscuit devant lui ou s'il était malade quand elle l'entendait tousser. Et pourtant elle ne pensait pas qu'à son cul... Alors peut-être, peut-être seulement, s'était-elle trompée ? Pinçant les lèvres, elle réalisa que lui aussi avait raison, tout comme il venait de lui céder un argument. Mine de rien, ils faisaient des progrès...

C'est vrai, mais tu n'as jamais rien fait pour me montrer le contraire.

Et réciproquement, c'était tout aussi vrai, mais aujourd'hui n'était pas son réquisitoire à elle. Elle était venue pour faire comprendre des choses à son soi-disant petit ami, pas pour admettre ses torts à elle, même si elle finirait sûrement par y être forcée. S'il fallait vraiment passer par là pour que les choses se calment un peu entre eux, alors elle ferait ce sacrifice, mettrait sa fierté de côté et parlerait, admettrait, concéderait. Pour leur bien à tous les deux, pour leur santé mentale, pour la sérénité de leur relation.

Karu réalisait qu'elle y était allée fort en lui parlant plus tôt. Son vocabulaire cru et son ton sec n'avaient clairement pas plus à Youta, mais là n'était pas son but. Elle voulait lui ouvrir les yeux, faire bouger les choses, le réveiller un peu. Lui faire comprendre qu'il faisait du mal à tout le monde, lui le premier. Elle soupira à sa première réponse, voyant qu'il ne comprenait pas. Aujourd'hui, elle ne venait pas pour le remettre à sa place, elle venait pour l'aider et mettre les choses au clair. Soit ils faisaient des efforts, soit ils arrêtaient cette comédie ridicule.

Surprise que Youta admette enfin son homosexualité, la jeune fille tiqua légèrement. Elle l'avait poussé à bout en seulement quelques minutes. Etape une : check. Maintenant, mettre le doigt sur le problème et le résoudre. Pinçant doucement les lèvres avec une vague de pitié pour lui, Karu baissa brièvement les yeux, ressentant une certaine honte à l'idée de l'avoir ainsi forcé à se révéler. Puis il reprit la parole et accepta la trêve, n'en finissant pas d'étonner l'étudiante. Elle hocha la tête en fixant ses prunelles, hésitant à aller plus loin. Elle avait eu ce qu'elle voulait, elle pourrait partir, mais ne venait-il pas d'avouer avoir besoin d'aide ?

Baiser pour baiser est pas ce qui t'aidera. Il faut des sentiments, Youta, mais tu te fermes à tout le monde. Tu ne laisses personne t'aimer...

Son ton s'était fait plus doux, compatissant. Elle n'était plus tellement en colère, simplement peinée de découvrir qu'il souffrait et gérait ça de la pire des façons. Il avait besoin d'aide mais était trop fier pour en demander, chose qu'elle comprenait parfaitement. Elle aussi avait cette putain de fierté qui la tirait en arrière quand elle voulait demander de l'aide ou demander pardon.

Tu peux me parler, Youta. On a pas démarré de la meilleure des façons mais il n'est pas trop tard, même si je doute qu'on devienne meilleurs amis d'un claquement de doigts. Je sais que j'ai pas toujours été sympa mais tu as besoin d'aide et je t'en propose.

Elle était certainement la dernière personne à qui Youta voudrait parler, mais elle était aussi probablement la seule à essayer. Elle lui tendait la main, à lui de la saisir ou non, de la repousser encore une fois ou de lui faire une place pour essayer de trouver comment l'aider. Il était frustré et en colère, et il n'arrangerait rien en restant seul et en se tenant à distance des gens. Karu était persuadée que même son frère ne savait rien, lui qui avait été si étonné d'apprendre qu'elle n'était pas vraiment en couple avec Youta et ne connaissait rien de ses secrets.

Je ne compte pas te harceler avec ça, si c'est ce que tu crains. Si tu refuses, je n'en parlerai plus, même si ça serait dommage. Personne ne devrait être seul, et nous le sommes tous les deux.

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Kimura Hikaru  ϟ  Nishino Youta

Quel intérêt aurait-il à se montrer doux et sympathique avec elle? Il s'en fiche qu'elle aille bien ou qu'elle ait des soucis. ça toujours été ainsi entre eux depuis leur rencontre. Un lien basé sur le profit, sur l'intérêt que l'un peut apporter à l'autre mais c'est tout. Youta n'a jamais voulu savoir si elle était heureuse ou en sécurité, si elle avait des problèmes dans sa famille ou avec les gens. Pourquoi cela devrait-il changer d'un coup? Pourquoi devrait-il être autrement avec elle? Après tout, Hikaru est ainsi avec lui aussi. C'est du chacun pour soi et les vaches seront mieux gardées. L'un ne s'occupe pas du troupeau de l'autre et c'est mieux ainsi. Sauf qu'elle semble au bout du rouleau. Lequel, il l'ignore.

« ▬ Quel intérêt? »

De vouloir montrer le contraire. Aura-t-elle plus de compassion pour lui? Serait-elle moins chiante, moins autoritaire, moins vicieuse? à l'inverse, serait-il plus gentil, plus compréhensif, plus humain? C'est comme vouloir faire d'une limace un papillon. Aucune chance de parvenir à un résultat satisfaisant ou possible. Hikaru en demande trop quand Youta n'a pas envie d'en donner plus. à quoi bon? Pour mieux se bouffer ensuite? Si aucun n'est capable de bien parler, de mettre fleur fierté de côté ou de faire des sacrifices... à quoi ça peut bien servir? Ce sont deux cas désespérés qui ne comprennent rien à l'autre et qui cherchent encore un terrain d'entente. Du moins, c'est ce qu'elle tente de faire en voulant discuter.

Youta déteste les gens qui veulent le descendre ou le mettre à une place qui ne lui convient pas, comme elle le fait en ouvrant la bouche pour critiquer. Ne soit pas comme ça, soit plus comme-ci, blablabla. ça l'insupporte à un point qu'elle n'imagine même pas. Sa manière de lui parler, de mettre son doigt sur ses défauts et de vouloir qu'il les change. C'est ça remettre à sa place pour Youta. Parler plus qu'elle ne sait et vouloir changer ce qu'elle ne sait pas, juste pour son plaisir ou pour rétablir un ordre qui n'a jamais existé.

Après un peu plus d'un an à faire semblant, il n'est plus à ça près quand il parle de son homosexualité. Pourquoi aurait-il du mal à l'avouer à cette idiote alors qu'elle s'en doute déjà? Il aime les hommes, sinon il ne ferait pas semblant avec une fille dans son genre. Oui, il couche avec des gars. Non, il ne cherche pas l'homme parfait. Puis qu'est-ce que ça peut lui foutre? Youta n'est pas à plaindre sur ce plan-là, surtout qu'il aime ça. Si elle souhaite tant une trêve, très bien. Qu'ils en fassent une. ça n'a aucune foutue importance.

« ▬ Je ne cherche pas l'amour. »

Pourquoi pense-t-elle qu'il ait besoin de ça? Youta s'en moque. Il ne veut pas se caser, il ne peut pas le faire. Si son père l'apprenait, non seulement il prendrait cher mais il n'imagine même pas le sort de l'autre. Quant aux sentiments, non merci, il n'en veut pas de cette merde. Il n'y a pas de mauvaises façons pour lui, il ne peut pas faire autrement qu'ainsi. Qui pourrait l'aider et comment? Qui oserait se dresser contre son père? Ce n'est pas une chose qui peut se régler aussi aisément, ni d'un claquement de doigt. Il est et restera toujours celui qui ne peut pleinement s'assumer.

« ▬ Parler de quoi? »

A-t-elle seulement une idée de quel sujet aborder? Non, certainement pas. Youta soupire, glissant une main dans ses mèches blondes. Elle ne sait pas de quoi elle parle et elle insiste.

« ▬ Je n'ai pas besoin d'aide. Admettons que oui, comment pourrais-tu m'aider? Tu n'as aucun moyen de le faire. »

Dans quelles merde s'est-il encore fourré? Il savait qu'un jour ou l'autre, elle se mêlerait de ce qui ne la regarde pas, mais il n'aurait pas cru que ce soit si tôt. Des questions, elle doit sûrement en avoir à son sujet. Elle ne compte pas le harceler, pourtant elle vient de le traîner dans les toilettes pour le forcer à mettre cartes sur table avec elle. Jusque-là, Youta n'a pas encore fermé de porte à la jeune fille. Elle lui a tendu sa main, il ne l'a pas pris mais il ne l'a pas totalement refusé non plus. à croire qu'il tâte le terrain, jaugeant la situation avant de choisir définitivement si oui ou non ils devraient parler.

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Kimura Hikaru ϟ Nishino Youta

De nos jours, qui ne cherchait pas l'amour ? C'était la raison de vivre de bien des personnes, une quête sans fin qui menait les gens à parcourir le monde ou l'internet à la recherche de leur moitié, celui ou celle qui le rendra heureux jusqu'à la fin, lui donnera des enfants et le soutiendra. Quelqu'un qui prétendait le contraire était soit un menteur soit un coeur fraichement brisé qui n'était pas encore prêt à laisser entrer qui que ce soit. Dans le cas de Youta, Karu optait pour la première option, même s'il ne se rendait peut-être pas compte lui-même de son mensonge.

Préférant éviter de lui dire qu'il mentait ou que, malgré ce qu'il pensait, son coeur était en perpétuelle recherche de celui qui le fera battre, la jeune fille garda le silence, baissant brièvement les yeux. Même elle, cette fille indépendante et déçue par les hommes, elle ne désespérait pas de trouver un jour un homme pour la rendre heureuse et la réconcilier avec la gent masculine et, surtout, avec elle-même. Elle cherchait celui qui la ferait se sentir belle malgré ses défauts, celui qui la ferait se sentir forte dans la faiblesse, celui qui l'écouterait et l'aimerait malgré tout, lui prouvant qu'elle n'était pas qu'un défaut ambulant.

Parler de quoi ? Karu haussa les épaules, ne sachant pas vraiment. Il pouvait lui parler de tout ce qu'il voulait, ses conquêtes, ses bagarres, ses sentiments, sa famille... Les choix étaient multiples et infinis, c'était à lui de choisir ce qui était le plus important à ses yeux. À lui de mettre les mots sur son principal problème. Elle, elle ne pouvait pas le deviner, leur relation ayant été si superficielle qu'elle avait même ignoré qu'il avait un jumeau qui lui ressemblait trait pour trait.

Tout ce que tu voudras.

Enfin, le jeune homme accepta la possibilité d'avoir besoin d'aide, et Karu afficha un sourire à la fois soulagé et contrit. Parce qu'il avait presque pris la main qu'elle lui tendait ; parce qu'elle n'avait pas de solution magique à proposer pour un problème qu'elle ne connaissait pas encore. Soupirant, elle prit le temps de la réflexion pour trouver comment le dire sans le braquer, comment lui annoncer que ça prendrait du temps sans le faire désespérer.

Je ne sais pas, pas encore. Déjà, il faut qu'on voie ce qui te met autant en colère, pourquoi tu es toujours aussi... frustré. Il faut faire les choses dans l'ordre, prendre le problème à la racine et l'arracher. Soigner les symptômes ne sert à rien.

Se décollant enfin de la porte, ne craignant plus que Youta tente de sortir, Karu commença à faire les cent pas, concentrée sur la marche à suivre. Il voulait une solution là tout de suite, des réponses, une ébauche d'optimisme, mais elle était incapable de lui offrir tout ça. Puis elle eut une illumination, un souvenir d'une discussion avec Ryouta, révélation qu'il lui avait faite et sur laquelle elle ne s'était pas attardée. Leur relation avec leur père. Sans entrer dans les détails, il avait dit que c'était assez compliqué, alors peut-être que...

Parle-moi de ta famille, ton frère, ta mère... ton père ? Ryouta m'a dit que ce n'était pas toujours simple avec lui, c'est pareil pour toi ?

Relevant la tête vers Youta, elle le regarda en attendant sa réponse, s'intéressant à sa vie pour la première fois depuis un an et demi. C'était honteux, c'était horrible, mais c'était comme ça. Ils s'étaient contenté de leur deal en pensant que ça fonctionnerait, mais à présent ils avaient besoin de se parler pour que ça puisse continuer, avaient besoin de se connaître pour se comprendre et se supporter. Aujourd'hui c'était le joueur de foot qui parlait ; demain ce serait à Karu de se confier. Chacun son tour, priorité à celui qui était le plus détruit des deux.

(가짜) 여자 친구의 분노

Kimura Hikaru  ϟ  Nishino Youta

à quel moment a-t-il souhaité trouver l'amour, le vrai, l'Unique, avec un grand A. Youta trouve cela écoeurant et inutile, comme si tout le monde avait besoin de ça pour se sentir en vie. Pas lui, pas la personne qu'il est. L'amour, c'est pour ceux qui ont besoin de se sentir aimer et ce n'est pas son cas. Lui, tout ce qu'il souhaite, c'est se faire plaisir sans contrainte. Il ne cherche pas l'amour, ni l'homme de sa vie. De toute façon, même si c'était le cas, il ne pourrait jamais l'avoir à cause de son père et de toutes ses foutues attentes à son sujet. Rien que le fait d'aimer les hommes est un défaut pour le jeune homme, si son père l'apprenait, ce serait surtout son arrêt de mort pur et simple.

De quoi pouvaient-ils bien parler ensemble? C'est une question intéressante, à laquelle aucun des deux n'a vraiment de réponse. Hikaru est prête à l'écouter, mais ce n'est pas sûr que Youta soit prêt à se confier. Il a accepté de calmer le jeu, d'essayer d'enterrer la hache de guerre mais ce n'est pas pour autant qu'ils vont devenir les meilleurs amis du monde. ça ne risque pas, d'après lui. La jeune fille ne sait quasiment rien de lui, c'est à peine si elle savait pour Ryouta et cela, uniquement parce que son faux petit ami faisait en sorte de le cacher. Pourquoi? Parce que à ses yeux sa vie familiale n'a aucun rapport avec leur pacte.

Tout ce qu'il voudra, ça l'avance bien à lui. Le blond fronce les sourcils, pas tellement satisfait de cette réponse. M'enfin, maintenant qu'ils en sont là et après tout ce qu'elle a tenté de lui dire... Il lâche un peu prise, sans vraiment lui prendre la main mais en laissant une porte entrouverte tout de même. à voir où ça les mène, bien que le plus jeune doute de l'utilité de cette aide. La suite semble ne pas plaire à l'étudiant en droit qui fronce de plus en plus ses sourcils au fur et à mesure qu'elle émet des hypothèses. Trouver ce qui le frustre tant? ça peut paraître simple, autant que c'est compliqué. Sait-elle dans quelle merde elle s'embarque en voulant lui prêter main-forte? Il en doute, sinon elle ne chercherait même pas à discuter avec lui.

Alors quand elle soulève cette question sur sa famille, sur son père... Youta a comme un tic nerveux. La paupière qui vibre, du mal à déglutir, les lèvres pincées si fort qu'elles ne forment plus qu'une ligne droite. ça ne dure que quelques secondes avant qu'il ne se reprenne et lance un regard sombre à la jeune fille.

« ▬ Qui... Ryouta. »

Siffle le blond, sur le point de se renfermer à nouveau. Ryouta est bien bavard, mais apparemment il a surtout parlé de lui et de leur père, mais pas vraiment de Youta. Le garçon se reprend, lâchant un gros soupir avant de ramener ses mains sur les boutons de sa chemise. Il aurait beau essayer d'user des mots, ça n'aurait pas autant d'impact qu'un visuel. Sans écouter les possibles plaintes d'Hikaru, l'étudiant défait sa chemise et la retire, dévoilant son torse légèrement marqué par le passage d'un inconnu. Ce n'est pas cela qu'il cherche à lui montrer... Se tournant dos à elle, il laisse voir son dos strié par les coups de ceinture et les quelques hématomes dus à la colère furieuse de son géniteur face à un quelconque problème de discipline.

« ▬ ça te suffit comme réponse? »

Lâche-t-il d'une voix amère. Chaque cicatrice laissée par son père représente toutes les fois où il a désobéi, où il s'est écarté du droit chemin, où il a ramené une note insatisfaisante ou encore, quand il a essayé de protéger son frère pour lui épargner un tel sort. Certes, Youta est un enfoiré au coeur de pierre pour 99% des gens, mais pour son jumeau, il est prêt à se sacrifier et à subir tous les coups de son géniteur.

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Kimura Hikaru  ϟ  Nishino Youta

Face à la réaction du jeune homme, Karu regretta presque d'avoir abordé le sujet du père de Youta. Trop tôt, certainement. Peut-être aurait-elle du commencer par un sujet moins sensible, mais lequel ? Elle le connaissait tellement peu qu'elle ne serait pas capable de classifier les sujets de conversations du plus ou moins sensible. Pourrait-elle lui demander de parler de sa mère ? De son frère ? De ces mecs avec qui il couchait ?

S'attendant à ce qu'il l'envoie chier, elle s'apprêta à reprendre la parole et à lui dire de laisser tomber, qu'elle était allée trop loin trop rapidement. Elle l'imaginait déjà la pousser et passer la porte en mode furax, repousser son aide et tout laisser tomber. Leur faux couple serait brisé, ils n'auraient plus à faire semblant, mais cette victoire aurait un goût amer car le prix à payer était de laisser un potentiel futur ami dans sa merde. Maintenant qu'elle avait compris qu'il avait besoin d'aide, Karu ne voyait plus Youta de la même façon. C'était toujours un connard, évidemment, mais il y avait une raison à son comportement et il ne semblait pas opposé à l'idée de le régler pour pouvoir changer.

Elle avait donc cru qu'il l'enverrait chier pour ses questions indiscrètes, mais elle s'était trompée. Fronçant les sourcils, Karu le regarda déboutonner sa chemise, passant ses yeux sur son torse plutôt bien foutu bien qu'elle se doutait qu'il ne faisait pas ça pour montrer ses muscles. Quand il se tourna et qu'elle pu voir ses cicatrices, l'étudiante étouffa un cri choqué, plaçant une main devant sa bouche et ouvrant grand ses yeux mortifiés. Son père le battait. Hésitante, elle s'approcha pour mieux voir, effleurant du bout du doigt une longue marque, déjà ancienne. D'autres étaient plus récentes, encore rosées à côté des lignes blanches remontant à plusieurs années.

Mon Dieu, Youta... Je... Je suis désolée que tu aies eu à subir ça.

Détournant le regard, elle s'écarta pour le laisser se rhabiller, pour le laisser reprendre contenance. Elle n'aurait jamais imaginé qu'il ait pu subir ce genre de traitement de la part de son père, ne comprenait pas qu'un géniteur puisse ainsi blesser son enfant. Le sien avait été bon avec elle avant de disparaître de sa vie, il ne l'avait jamais frappée, pas même une gifle ou une fessée méritée. Et pendant ce temps, Youta et peut-être son jumeau se faisaient battre à sang... Se repassant plusieurs scènes de disputes avec le joueur de foot, Karu se demanda si son humeur massacrante n'était pas due à une correction récente, s'il n'était pas plus abject avec elle parce qu'il venait de se faire battre. Et, d'un coup, tout ce qu'il lui restait de colère envers lui s'envola, remplacé par la honte d'avoir elle aussi été insultante envers lui alors qu'il souffrait déjà bien assez chez lui.

S'appuyant contre le mur, Karu garda le silence un moment, prenant le temps d'assimiler ce qu'elle venait d'apprendre et de chercher un moyen de l'aider. La seule solution était qu'il quitte le domicile familial, qu'il s'éloigne de son père mais... accepterait-il de laisser Ryouta seul avec eux ? Et leur père accepterait-il que ses fils déménagent par peur de ce qu'il leur faisait subir ? Certainement que non. Il leur fallait une bonne excuse pour partir. Une excuse comme elle...

Et si... Youta si tu ne veux pas je comprendrai mais tu dois t'éloigner de lui, d'accord ? Écoutes-moi jusqu'au bout s'il-te-plait. Et si on prenait un appartement ensemble ? Je sais bien que je suis la dernière personne avec qui tu veux habiter mais est-ce que ton père accepterait si tu lui dis que tu pars pour t'éloigner de lui ou que tu lui files une excuse bidon ? Alors que te mettre en ménage avec ta petite copine, c'est une bonne raison, non ?

Scrutant le regard de son interlocuteur, elle chercha à deviner ce qu'il pensait de son idée, s'il était d'accord ou s'il pensait que ça ne changerait rien. Pour elle, quitter sa maison et prendre son indépendance était la meilleure solution, mais ce n'était pas elle qui subissait ces coups alors la décision finale lui reviendrait.

Ryouta pourrait venir aussi, évidemment, et je ferai juste figuration, je continuerai à dormir au dortoir et je ne viendrai que quand ton père vous rend visite ou que sais-je. Tu ne serais plus jamais seul avec lui, je serai là et il n'oserait pas te battre devant moi, sa réputation serait foutue. Qu'est-ce que tu en penses ?

Véritablement inquiète pour lui, elle espérait qu'il trouverait son idée faisable ou que ça lui inspire une autre solution. C'était gros, c'était radical, mais c'était ce dont il avait besoin pour se couper de ce père toxique et peut-être trouver un équilibre loin de lui. Commencer par le plus gros de ses problèmes rendrait plus facile la résolution des suivants et Karu était prête à continuer à faire semblant si ça voulait dire qu'il était protégé des coups de son paternel.

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Kimura Hikaru  ϟ  Nishino Youta

Qu'importe le sujet qu'elle voudrait aborder avec lui, ils seront tous sensible à ses yeux. Son père est le pire d'entre eux, certes, mais sa mère n'est pas en reste. Quant à son frère, il est le seul capable d'apaiser la colère qui gronde en lui. En ce qui concerne les hommes avec qui il couche, eux comblent uniquement ce besoin de liberté et calme la frustration grandissante, le dévorant de jour en jour dans ce monde où il doit toujours faire semblant. Youta pourrait réagir de dix mille façons face à la jeune fille. Il pourrait l'envoyer paître, l'ignorer et partir, gronder son mécontentement et supporter davantage de haine envers le monde, mais il n'en fait rien. à quoi bon s'énerver à nouveau quand ils ont parlé d'enterrer la hache de guerre pour faire la paix? Ce genre de réaction n'aurait rien de « pacifiste » et cela en reviendrait à continuer de se disputer à chaque nouveau début de conversation. Le blond capitule, se montrant bien docile envers Hikaru pour une fois.

Les boutons de sa chemise sautent un à un tandis qu'il se dévoile à sa fausse petite amie. Ce n'est pas sa peau ou ses muscles qu'il veut lui montrer, mais les marques décorant son dos depuis si longtemps qu'il en oublie parfois leur existence. Son père a toujours été violent dans son éducation, comme si ses propres fils étaient des animaux à dresser par la crainte d'une énième punition. Youta étant le plus vieux des jumeaux, il fait en sorte de toujours prendre sur lui pour épargner son frère qui n'a rien demandé. Ryouta est différent, il n'a rien à se reprocher ou à craindre pour son avenir. Youta est le seul à posséder autant de vice et de défaut, à être anormal et imparfait pour cette société fermée d'esprit. Savoir qu'Hikaru puisse poser ses yeux sur lui et les cicatrices ornant son corps ne le dérange pas plus que ça. Elle aurait pu ne jamais les voir, mais dans ce cas il fermerait définitivement une porte vers leur « paix ».

« ▬ Tu n'as pas à l'être. »

Dit-il en haussant les épaules comme si ce n'était rien ou qu'il avait l'habitude. Depuis qu'il est gosse, c'est le même calvaire. Ramenant le tissu sur ses bras, il ajuste correctement sa chemise avant de la boutonner à nouveau jusqu'à l'avant-dernier bouton. Ni vu ni connu, comme si de rien n'était. Chacune de ces marques sur son épiderme n'excuse pas son comportement, celui qu'il a eu par le passé et celui qu'il continuera à avoir dans le futur, car on ne change pas si facilement malgré les aveux. Youta sera toujours un connard, peut-être un peu moins avec Hikaru mais pas envers ceux qu'il déteste et méprise. S'il ne compte pas s'excuser ou se faire pardonner auprès de sa camarade, il refuse qu'elle puisse se sentir coupable ou lui trouver une raison à ses colères. Peu importe son humeur massacrante du moment durant leurs prises de bec, que ce soit dû à son père ou à qui que ce soit d'autre, il veut seulement qu'elle garde en tête que c'est ainsi et pas autrement.

S'éloigner de lui? De son père? Impossible. Plus il serait éloigner de cet homme, plus celui-ci serait sur son dos pour le surveiller. Être sous le même toit le préserve de bien des problèmes et ainsi, il peut continuer à jouer le jeu et faire semblant. Son père serait capable de le mettre sous surveillance pour s'assurer qu'il ne fait rien de travers et... Non. Prendre un appartement avec elle? Vivre avec elle? Il ne peut pas laisser Ryouta seul avec ses parents, même si ceux-ci rentrent rarement à la maison ou qu'ils ne s'inquiètent pas vraiment pour leur fils. Youta réfléchit tout de même à la proposition de la jeune fille, pesant le pour et le contre. Pourquoi cherche-t-elle autant à en faire? Il ne mérite pas autant d'attention et d'aide de sa part.

« ▬ Ce ne sont pas tes affaires. »

Commence le blond avec une mine ennuyée, comme s'il regrettait de s'être ainsi confié à Hikaru. Il pourrait partir, prétexter de vivre avec sa copine, mais il sait par avance que son père refusera ou mettra sa relation à mal. Aussi fausse soit-elle, ça reste une bonne couverture pour lui.

« ▬ Tu ne connais pas mon père. Il serait capable de s'immiscer davantage dans ma vie privée en étant loin de lui qu'en vivant sous son toit. »

Son père pourrait trouver des défauts chez Hikaru, remettre tout en question et pourrir les plans de son fils. Après tout, il verrait que la jeune fille n'est ni riche, ni influente et perfide comme il est... ça serait le début de la fin. Tout ce qu'il doit savoir pour le moment, c'est que son fils sort avec une fille et donne l'impression d'être normal. Il n'a pas besoin de lui donner des raisons de fouiner ou d'en découvrir plus au sujet d'Hikaru.

« ▬ Je vais être clair avec toi, Hikaru. Il ne sait pas qui tu es, pour l'instant il se contente de ne rien dire ou de ne rien faire car tu es une fille et que ça donne l'impression que je m'intéresse à ce genre de relation, mais s'il venait à savoir pour ta réputation. »

Celle que Youta a partiellement fait oublier en la fréquentant, mais peu importe le temps où ils ont fait semblant d'être en couple, cela n'efface en rien son passé. Si son père décide d'obtenir le meilleur pour son fils, dans ce cas elle devrait faire attention à elle car jamais elle ne saura à la hauteur pour cet homme.

« ▬ Je ne pense pas avoir besoin de te faire un dessin. »

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Kimura Hikaru ϟ Nishino Youta

Quand Youta se referma en affirmant que ce n'était pas ses affaires, Karu pinça doucement les lèvres. Son idée était bonne, mais peut-être trop importante pour un début ? Lui demander de tout plaquer pour aller vivre loin de son père et avec une fille qu'il n'appréciait pas... ouais, c'était abusé. Il faudrait commencer par quelque chose de plus petit, de plus facile, de plus faisable. Mais encore fallait-il que le concerné accepte encore son aide.

S'attendant à ce qu'il se referme complètement et l'envoie bouler, elle ne masqua pas sa surprise quand il reprit la parole, lui expliquant pourquoi il refusait sa proposition. Son père se montrerait encore plus strict s'il prenait son envol. D'accord, ce n'était pas logique, mais elle acceptait. Après tout, elle ne savait pas comment était son père, ne savait pas comment ça se passait dans les familles de riches avec des parents à la fois absents et envahissants. Elle, elle avait eu une bonne relation avec son père avant qu'il ne l'abandonne quelques années plus tôt, alors elle ne s'imaginait pas trop ce que Youta pouvait ressentir.

Je comprends.

Hochant la tête, elle retournait déjà à ses réflexions pour trouver une option B. Comment pourrait-il se libérer un peu de la pression de son père tout en restant sous son toit ? Le problème était complexe et délicat, mais elle n'abandonnerait pas. Maintenant qu'il avait accepté son aide, elle ne comptait pas le laisser tomber et lui donner raison sur le fait qu'elle ne lui servait que de couverture. Quand il mentionna le problème de sa réputation, elle ne pu qu'acquiescer, sachant bien qu'aucun père ne voudrait savoir que son fils sort avec la traînée du campus, que les rumeurs soient fondées ou non...

Karu allait répondre quand la porte s'ouvrit derrière elle, la faisant sursauter. Un binoclard les regarda tour à tour avec un air de paumé, arrachant un soupir à la jeune fille. Il n'y avait donc pas moyen d'être tranquille ici ? Bon, les toilettes n'étaient pas l'endroit le moins fréquenté du campus, mais tout de même... Se dirigeant vers Youta, elle l'attrapa par la main et le tira vers la sortie.

Viens, on va se trouver un coin plus tranquille.

Jetant un regard noir à l'autre, elle lui passa devant pour retourner dans les couloirs et glissa son bras sous celui de Youta, reprenant son rôle de parfaite petite amie. Sans trop savoir où aller, elle se dirigea vers la sortie du bâtiment, profitant de ne pas pouvoir parler pour réfléchir à la situation. Dans l'immédiat, elle n'avait pas d'idée pour venir en aide à son "petit ami", mais elle savait qu'elle finirait par en avoir une.

Écoute, je vais réfléchir, d'accord ? Si tu penses à quelque chose que je pourrais faire, n'hésites pas, c'était pas des paroles en l'air, je veux vraiment t'aider.

Se hissant sur la pointe des pieds, elle déposa un chaste baiser sur sa joue, lui adressant un sourire amical, le premier vrai sourire qu'elle lui offrait depuis le début de leur "relation".

Au fait, désolée de t'avoir coincé tout à l'heure, j'étais plutôt énervée... Mais je suis contente qu'on ait pu discuter. Là je dois aller étudier, mais promis je t'oublie pas, ok ?

Saluant Youta d'un geste de la main, elle le quitta à la sortie du bâtiment de cours pour rejoindre le parking et retourner au dortoir afin d'étudier pour son examen du lendemain.