le corbeau et la blanche colombe + Adonis

outfit Définitivement, Mayuri ne s'habituait pas à la blondeur trop sage de ses cheveux. Elle regrettait leur noirceur d'antan, les mèches colorées qui lui donnaient l'air sauvage et impressionnante. Avant, elle en imposait, elle effrayait d'un regard les fans qui venaient l'emmerder dans la rue. Maintenant, elle ressemblait à un nourrisson inoffensif à qui il était aisé de voler la sucette. Tout ça pour attirer un garçon trop sage dans ses filets, mais surtout pour briser un couple, une vie, une entreprise. Elle voulait sa vengeance, voulait que le nom de son père ait enfin son heure de gloire, et pour ça elle était prête à tout.

Pour parvenir à ses fins, la prodige cherchait des gens qui pourraient l'aider à pourrir l'héritier Noguchi au cas où le plan "séduire Slaw" ne fonctionnerait pas. Elle avait besoin d'infos à utiliser contre lui, d'un allié dans cette bataille sans merci, et un de ses petits oiseaux lui avait rapporté un nom. Adonis Lenoir. Mayuri avait essayé de le joindre, lui avait envoyé des mails, avait appelé à son bureau, mais elle ne recevait aucune réponse. Monsieur avait certainement mieux à faire que répondre à une ado. Chaque fois que son assistant ou secrétaire ou que sais-je lui disait qu'il était indisponible, elle avait levé les yeux au ciel, se disant qu'il regretterait de l'avoir ignorée le jour où il verrait ce dont elle était capable.

Et, ce soir, elle allait lui montrer. Bon, elle ne voulait pas l'attaquer par surprise ou lui faire du chantage, mais elle allait lui montrer sa détermination et il n'aurait pas d'autre choix que d'accepter de l'aider. Surtout si lui aussi voulait voir tomber les Noguchi. En planque derrière le volant de la voiture de son père, qu'elle avait empruntée bien gentiment, Mayuri était garée devant le Panthéon, attendant que sa "cible" sorte. Elle avait déjà repéré sa voiture quelques jours plus tôt, ainsi que la sortie du parking sous-terrain. Alors, quand elle le vit sortir, elle démarra derrière lui, bien décidée à le suivre jusqu'à ce qu'il lui donne une occasion de l'aborder.

Mayuri n'était pas très discrète dans sa filature, se fichant pas mal d'être repérée ou non. En fait, elle espérait presque qu'il la remarque et décide de s'arrêter. Il voudrait l'engueuler, la menacer, n'importe quoi, mais elle en profiterait pour lui dire ce qu'elle espérait de lui, lui proposer un deal, quelque chose qu'il ne pourrait qu'accepter. Et peu lui importaient les sacrifices qu'elle devrait faire. Au bout d'un moment, ils arrivèrent au quartier Sud et Adonis se gara enfin. Mayuri stoppa la voiture quelques mètres plus loin et attendit qu'il sorte, le regardant se diriger dans un bar. Sans en être sûre, elle cru un instant qu'il l'avait fixée, mais il faisait trop sombre pour en jurer. Une seconde plus tard, elle le suivait dans la salle et s'asseyait au comptoir à côté de lui au moment où le barman prenait sa commande, sans demander si la place était libre.



Quoi qu'il ait commandé, ça lui irait parfaitement. Gigotant pour tirer un peu sur sa robe extra-courte et couvrir un centimètre de cuisse supplémentaire. Mayuri finit par s'accouder au comptoir et tourna son regard trop maquillé vers Adonis, un sourcil levé.



Quand son verre arriva devant elle, l'actrice le porta à ses lèvres pour en prendre une gorgée et hocha la tête avec approbation. Difficile à approcher, certes, mais il avait de bons goûts.

outfit Satisfaite de ne pas voir Adonis s'en aller, Mayuri retint un soupir de soulagement et haussa les épaules à ses premières paroles. Elle était jeune, oui, mais ça faisait quatre ans qu'elle avait lâché le lycée pour se lancer dans le monde des adultes et elle commençait à s'y connaître un minimum. Les gens aussi commençaient à la connaître, elle dont le visage était placardé sur des affiches dans les rues. Même son caractère était célèbre et les fans osaient rarement venir lui demander des autographes, sachant que, neuf fois sur dix, elle les envoyait chier avec un regard méprisant.

Elle lâcha un rire bref en l'entendant parler de sa détermination à le joindre. Il était donc au courant. Pendant un instant, Mayuri avait presque cru que la réceptionniste ne transmettait pas ses messages, mais Adonis avait même remarqué qu'elle l'avait guetté. Tant mieux. Loin de se vouloir discrète, elle avait espéré qu'il la voie et que, lassé d'être ainsi épié, il lui offre une occasion de le rencontrer. Qu'il l'ait fait exprès ce soir ou pas, elle ne comptait pas s'en plaindre.



Levant un sourcil provocateur, elle attendit un instant avant de venir au vif du sujet. Elle avait bien compris qu'il ne comptait pas s'avancer avant d'avoir entendu sa requête, et savait qu'elle devrait se montrer convaincante pour qu'il accepte de l'aider. Elle hocha la tête d'un air déterminé quand il proposa de discuter et leva son verre en réponse à son geste avant de prendre une gorgée de sa boisson. La comédienne ne buvait pas souvent d'alcool, encore moins avec des inconnus, mais elle savait tout de même l'apprécier, et celui-ci était plutôt à son goût.



Levant un sourcil pour le défier de dire le contraire, Mayuri reprit une gorgée de son verre avant de le reposer, puis passa une main dans ses mèches et regarda face à elle. Elle espérait qu'il soit d'accord avec elle, qu'il accepte de l'aider, moyennant rémunération de son choix. Sa famille était riche, mais elle pouvait aussi lui offrir une alliance avec son agence, proposer d'engager un éventuel neveu ou cousin qui voulait venir sur le devant de la scène. Elle pouvait aussi payer nature, n'ayant que peu de considération pour son corps et l'ayant déjà vendu à de nombreuses reprises pour arriver à ses fins.



En soi, elle n'avait pas grand chose à perdre. Elle était prête à tous les sacrifices pour parvenir à ses fins, quitte à ruiner sa carrière ou perdre la considération de sa famille dans la bataille. La seule chose qu'elle refuserait était certainement que son jumeau doive en assumer les conséquences. C'était sa décision à elle, sa bataille, qu'elle partageait avec leur père. Hormis cette condition, elle ne craignait rien.

outfit Mayuri voyait bien que Adonis essayait de la faire douter, mais rien ne pourrait lui faire changer d'avis. Elle était déterminée et atteindrait son objectif, avec ou sans son aide. Si il ne voulait pas lui donner les infos qu'elle désirait, alors elle chercherait ailleurs, tout simplement. Les possibilités étaient illimitées et elle avait de nombreux autres plans au cas où le premier échouerait. Quant à la nature de la relation entre les Lenoir et les Noguchi, elle savait assez qu'elles étaient tendues et qu'un rien pouvait la faire basculer définitivement.



Il la sous-estimait, ça crevait les yeux. Il ne voyait que son jeune âge et prenait ça pour de l'amateurisme, ne savait pas que son père l'avait préparée toute sa vie à ce moment, l'aiguisant comme une arme qui n'attendait que de servir. Elle pourrait d'ailleurs se contenter de celle qui était planquée dans ses fringues et simplement égorger l'héritier, mais ce ne serait pas amusant... elle gardait ça en ultime recours. Un sourire en coin étira ses lèvres quand Adonis revint sur son offre de paiement et elle haussa les sourcils, bien peu touchée par sa pique.



Et s'il croyait qu'elle reculerait devant un prix élevé ou une demande particulière, il se trompait grandement. Sa famille était fortunée et Mayuri était prête à tout, même aux pires choses, pour parvenir à ses fins. Son sourire s'agrandit encore quand Adonis lui demanda ce qu'elle était prête à sacrifier. Il espérait certainement qu'elle lui réponde qu'elle voulait tout garder, qu'elle pensait réussir sans rien perdre, mais elle était bien plus préparée que ce qu'il ne croyait.



Elle ne mentionna pas cependant sa seule faiblesse, son jumeau. Montrer une attache était offrir à son potentiel ennemi une emprise sur elle, et elle refusait de lui faire ce plaisir. Elle avait besoin de son aide, mais elle ne lui faisait pas pour autant confiance, ne comptant que sur elle-même et sa famille.