O O T D - Cela faisait une semaine et pourtant Lian n'avait toujours pas digéré. Comment pouvait-on la larguer ? Elle ? Elle était canon, non ? Tous les mecs qui venaient au club fantasmaient sur elle, ils payaient pour la voir danser et seraient capables de lui filer une fortune pour un moment privilégié avec elle. Mais elle avait un certain sens de l'honneur et quelques restes de respect envers son corps. Elle s'était offerte à un homme, un médecin qu'elle aimait depuis plusieurs années, et il l'avait larguée. Enfin, pas vraiment, mais il était parti dans un hôpital en-dehors de la ville et il n'avait pas laissé de chance à leur couple, alors c'était tout comme, non ?
Depuis ce jour pourri où elle avait accepté sa décision et arrêté de l'appeler pour tomber sur sa messagerie, Lian passait ses soirées dans des bars pour se souler, pour oublier. Elle avait fait un pacte avec elle-même : pendant la journée, elle comptait le nombre de fois où elle vérifiait qu'Angel n'avait pas envoyé de messages et, le soir, elle buvait autant de verres. Aujourd'hui, après avoir passé la matinée dans les brumes de la gueule de bois, elle avait réussi à ne regarder que dix fois. Beaucoup trop, mais beaucoup moins que les jours précédents.
Ce soir, elle n'avait même pas pris la peine de se changer après sa performance au Redgrove. Elle avait retiré son masque, s'était maquillée plus sobrement, avait laissé ses cheveux lâchés, et elle était partie. De toute façon, elle ne portait plus la robe courte qu'elle avait sur le dos lors de son premier baiser avec Angel, elle l'avait filée à une autre danseuse et avait envie de gerber dès qu'elle la voyait la porter. Elle préférait porter un body noir en dentelles et un short en jeans. Des cuissardes à lacets mettaient en valeur ses jambes et attiraient les regards des hommes qu'elle croisait. Ils la prenaient pour de la viande. Bande de chacals...
Lian choisit un bar-restaurant au pif, poussa la porte et s'installa au comptoir. Elle ne jeta pas un seul regard aux consommateurs, jeta sa veste sur le siège à côté d'elle pour dissuader les hommes de la rejoindre puis attendit qu'un serveur vienne prendre sa commande. Elle demanda un shot de vodka puis leva les yeux vers le barmaid qui lui demandait si elle avait passé une journée de merde. Un homme. Espérait-il la draguer ?
Ca te regarde ?Se retrouvant avec une double-dose, elle ouvrit la bouche pour protester, ne voulant pas payer plus que ce qu'elle avait commandé, mais l'autre la stoppa en lui offrant le surplus.
Fait chier. Sans répondre, elle leva son verre et le porta à ses lèvres pour le vider d'une traite. Un shot. Plus que neuf avant de pouvoir rentrer chez elle... ou plutôt passer la nuit dans sa bagnole parce qu'elle serait trop ivre pour conduire. Surtout si l'autre con continuait à lui servir des doubles-doses. D'un geste, elle fit signe au barmaid de la resservir.
Quand il revint, il lui demanda ce que "il" avait fait. Il l'avait cramée. Croisant son regard, Lian le regarda en face, fouilla dans la profondeur de ses yeux pour y discerner une lueur qui faisait écho à la sienne. Largué, lui aussi. Une belle bande de pathétiques laissés pour compte. Poussant un soupir, la pole danceuse passa une main dans ses mèches, grimaçant en les sentant lâchées. Elle aurait du faire ses tresses, mais
il les aimait tellement qu'elle pensait à lui quand elle les faisait.
Y a moyen d'avoir des cacahuètes ou quoi ? J'aurai moins l'air minable si je grignote.Pendant qu'il allait lui chercher son bol d'arachides, elle passa les mains dans ses cheveux pour en faire une tresse épaisse et grossière. Elle envisageait de se teindre les cheveux aussi, mais les habitués du Redgrove feraient certainement toute une scène si leur Mocking bord abandonnait sa crinière blonde. Ou alors elle pourrait acheter une perruque, mais ça serait cramé si elle tombait pendant une de ses figures... Une fois ses cacahuètes arrivées, Lian en glissa deux ou trois dans sa bouche puis s'appuya sur le bar et leva les yeux vers son homologue masculin.
Il a été muté dans une autre ville. Faut croire que Monsieur n'était pas porté sur les relations longues distances...Soupirant, elle posa son menton dans ses mains et vida son deuxième shot aussi rapidement que le premier. Repoussant son verre vers le barmaid, elle fit claquer sa langue.
Un autre steplait. Tu t'es fait larguer aussi ?CODAGE PAR AMATIS